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La technique permet-elle de résoudre les problèmes politiques ?

Publié le 28/02/2004

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technique
Selon lui il n'y a pas plus de liberté de conscience dans les sciences politiques qu'il n'y en a en géométrie ou en astronomie. Il importe d'ôter aux citoyens «leur droit absolu d'examen individuel sur des sujets supérieurs à leur véritable portée ». Dans la société positiviste dont rêve Auguste Comte, l'autorité législative appartient à un «pouvoir spirituel» constitué par des savants et des sages et qui a à sa disposition le concours «spontané, permanent et systématique» d'un pouvoir exécutif fort.   [La politique est une affaire strictement humaine. La technique ne peut en aucun cas régler les conflits entre les hommes. Les problèmes politiques sont des problèmes purement humains. Or, rien de ce qui relève de l'humain ne peut être traité de façon technique. Toute tentative allant dans ce sens conduit à une forme de totalitarisme.] Les problèmes politiques ne sont pas des problèmes mécaniquesTous les moteurs à explosion obéissent aux mêmes principes mécaniques. Un bon mécanicien peut réparer n'importe quel moteur.
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« Les problèmes politiques ne sont pas des problèmes mécaniquesTous les moteurs à explosion obéissent aux mêmes principes mécaniques.

Un bon mécanicien peut réparer n'importequel moteur.

En ce qui concerne les relations humaines, il n'existe pas de lois universelles, de techniques permettantde résoudre mécaniquement, c'est-à-dire nécessairement, les conflits, les problèmes politiques et sociaux.L'illusion caractéristique du pouvoir technocratique, c'est de croire que l'on puisse maîtriser tous les paramètresintervenant dans un processus humain donné.

Sans entrer dans les détails, remarquons ainsi que la psychologieintervient dans les rapports économiques — la confiance est essentielle à la force d'une monnaie – sans que l'onpuisse déterminer avec précision dans quelle mesure. Pour le scientisme, le développement des sciences résoudra, à terme, les problèmes non scientifiques de la société.Et vous pouvez alors évoquer la rationalisation de la vie publique dont témoigne la multiplication des experts.N'oubliez pourtant pas que la politique, tout comme l'éthique, est essentiellement normative (elle a besoin deproduire des règles, des normes), alors que la science est nécessairement descriptive (son souci est d'énoncer cequi est, non ce qui doit être), sous peine de perdre son objectivité. Sans doute y a-t-il quelque chose à retenir de cette idée d'un «gouvernement de techniciens ».

Mais si la sciencepolitique — d'ailleurs encore balbutiante — peut donner des moyens d'action, elle est impuissante par elle-même àproposer des fins, à déterminer les valeurs que l'action politique doit poursuivre.

D'autre part, dans la mesure oùchez Saint-Simon et Auguste Comte du moins il apparaît que ces fameux spécialistes de la science politique sont les«industriels» et les «banquiers», on s'aperçoit que la technocratie n'est encore qu'un instrument de domination desclasses économiquement favorisées. Les hommes ne sont pas des machinesCe XXe siècle se caractérise par la volonté d'établir des lois concernant l'homme qui seraient l'équivalent des loisque la science a pu établir à propos de la nature.

Cette ambition n'a jamais donné les résultats escomptés.

Car lecomportement humain n'a pas l'objectivité des pierres ou des astres.

Il faut se rendre à l'évidence: l'histoire n'estpas plus prévisible que le comportement d'un individu.

Cela parce que l'homme n'est ni un minéral, ni une plante, niun animal, ni même un ordinateur.

Doté de libre-arbitre, l'homme est un être imprévisible.L'illusion caractéristique du pouvoir technocratique, c'est de croire que l'on puisse maîtriser tous les paramètresintervenant dans un processus humain donné.

Sans entrer dans les détails, remarquons ainsi que la psychologieintervient dans les rapports économiques — la confiance est essentielle à la force d'une monnaie – sans que l'onpuisse déterminer avec précision dans quelle mesure. La technocratie est une forme de totalitarismeRéduire l'homme à n'être qu'un instrument de production, un élément de la chaîne économique, c'est nier le fait qu'ilsoit d'abord et avant tout une personne.

La gestion strictement technocratique des problèmes politiques est unegestion totalitaire de la réalité humaine. L'évolution contemporaine des démocraties libérales les pousse à promouvoir des responsables politiques qui sontsouvent davantage des techniciens ou des « technocrates » que des hommes capables d'orienter le réel enassignant des finalités.

N'y a-t-il pas lieu de s'inquiéter d'une sorte de dérive devant le spectacle, en politique, d'uncandidat que l'on juge sur ses aptitudes à maîtriser une technique (fût-elle budgétaire, ou autre) plutôt que sur sonprojet de fond ? Habermas s'en inquiète ; lorsqu'il dénonce la perspective aussi illusoire que dangereuse selonlaquelle « l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique ».Il craint que dès lors il ne devienne possible d'en appeler à ce rôle de la science et de la technique pour expliquer etlégitimer que la volonté politique soit de moins en moins démocratique et de plus en plus administrative.

De fait, unjeune élu prenant pied de nos jours en politique aura sans doute l'impression d'être intrus au milieu d'une techniqueadministrative qui est plus efficace quand elle n'est pas obstruée par ses prétentions à poser des finalités.

Mais enla matière le fait ne doit pas faire droit : la démocratie est à ce prix, au prix d'une protection du politique contrel'idéal de pure efficacité gestionnaire du « tout-technique ». « Le progrès quasi autonome de la science et de la technique dont dépend effectivement la variable la plusimportante du système, à savoir la croissance économique, fait [...] figure de variable indépendante.

Il en résulteune perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrèsscientifique et technique.

La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes objectivesauxquelles doit se conformer une politique répondant à des besoins fonctionnels.

Or, une fois que cette illusion s'esteffectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de la science et de la technique pour expliquer etlégitimer les raisons pour lesquelles dans les sociétés modernes, un processus de formation démocratique de lavolonté politique concernant les questions de la pratique « doit » nécessairement perdre toute fonction et céder laplace aux décisions de nature plébiscitaire concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel administratif à latête de l'Etat.

C'est la thèse de la technocratie , et le discours scientifique en a développé la théorie sous différentes versions.

Mais le fait qu'elle puisse pénétrer aussi, en tant qu'idéologie implicite, dans la conscience de lamasse de la production dépolitisée et avoir un pouvoir de légitimation me paraît plus important.

» Habermas, « Latechnique et la science comme idéologie ».. »

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