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La technique peut-elle devenir un danger pour l'homme ?

Publié le 19/05/2010

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technique

Heidegger caractérise cette essence provoquante de la technique par le terme « Das Gestell «, auquel il donne une signification inédite, celle d'arraisonnement. « Gestell : ainsi appelons nous le rassemblement de cette interpellation qui requiert l'homme, c'est-à-dire qui le provoque à dévoiler le réel comme fonds dans la mode du commettre. Ainsi appelons- nous le dévoilement qui régit l'essence de la technique et qui n'est lui-même rien de technique «. La technique moderne, en tant que « Gestell «, ne règne pas seulement là où l'on utilise des machines, même si ces dernières jouissent « d'une situation privilégiée... fondée sur la priorité accordée à tout ce qui est matériel, c'est-à-dire supposé élémentaire et objectif au premier chef «, mais « englobe tous les secteurs de l'étant «. La science moderne, en particulier, à travers le projet mathématique de la nature, met la nature matérielle en demeure de se montrer comme un complexe calculable de forces, et est ,de ce point de vue, régie de part en part par l'essence de la technique.

technique

« puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique.

En apparence, la technique suit les sciencesexactes de la nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'application technique quirenforce un certain aspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pour l'interroger, mais inversement : c'estparce que la physique –et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme uncomplexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applications techniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux : c'est bien ce queveut dire Heidegger quand il dit que c'est pour appliquer son « questionnement », sa mise à la question, que la physique est expérimentale. La technique humaine, explique-t-il plus largement, accomplit un destin remontant à la philosophie grecque et au nom duquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain« fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notre rapport à la nature soit devenu à ce point médiatisépar la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ? Bref, c'est cet enjeu de la techniquequi, aux yeux de Heidegger , illustre le mieux l'oubli de l'Etre dont il veut se faire le penseur.

Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Etre, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait ungrand contresens que de voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nousen libérer, de sorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard.

Nous pouvons faireusage des objets techniques comme il faut qu'on en use.

Mais nous pouvons, du même coup, les laisser àeux-mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous avons de plus intime et de plus propre.

Nouspouvons dire « oui » à l'emploi indispensable des objets techniques et nous pouvons en même temps luidire « non », en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller etfinalement vider notre être.

Mais si nous disons ainsi à la fois « oui » et « non » aux objets techniques,notre rapport au monde technique ne devient-il pas ambigu et incertain ? Tout au contraire.

Notre rapportau monde technique, devient d'une façon merveilleuse, simple et paisible.

»Heidegger. Pour Heidegger , le phénomène fondamental des Temps modernes est la technique dont la science n'est qu'une des multiples facettes.

La technique n' ajs simplement chez lui un sens étroitement technologique, mais a unesignification métaphysique et caractérise le type de rapport que l'homme moderne entretient avec le monde quil'entoure.

la position fondamentale des Temps modernes, « n'est pas technique parce qu'on y trouve des machines à vapeur, bientôt suivie du moteur à explosion.

Au contraire des choses de ce genre s'y trouvent parce que cetteépoque est l'époque technique ». On se représente traditionnellement la technique comme la mise en oeuvre de procédés pour obtenir un résultatdéterminé.

La technique est une activité humaine consistant dans la fabrication et dans l'utilisation d'instruments oude machines répondant aux besoins de l'homme.

Selon cette façon banale de voir, les installations techniquesmodernes ne seraient pas essentiellement différentes des installations techniques artisanales ni même des outilsemployés dans les anciens métiers.

Elles permettraient simplement d'obtenir avec une rapidité et une efficacité sanscesse accrues ce qui demandait autrefois de longs efforts ou était même hors de portée de l'homme.

Cettereprésentation instrumentale de la technique est bien exacte mais elle n'est pas pour autant vraie c'est-à-dire nenous révèle pas encore l'essence de la technique.

Elle tend en outre à nous laisser croire que la technique moderneserait quelque chose que l'homme aurait à sa disposition et dont il pourrait se rendre maître.« Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure delivrer une énergie qui comme telle puisse ê extraite et accumulée ».

L'interrupteur électrique, objet technique fait venir la lumière, la dévoile, mais ce dévoilement, loin de signifier le surgissement ou le jaillissement de l'être, est unesommation à comparaître.

De la même façon, la centrale électrique met le fleuve en demeure de livrer sa pressionhydraulique, qui met elle-même en demeure les turbines de tourner qui mettent elles-mêmes le courant électrique endemeure de circuler.

L'industrie extractive met le sol en demeure de livrer le charbon qu'il recèle.

L'agriculturemoderne met la nature en demeure de produire les fruits qu'elle porte en elle.Heidegger caractérise cette essence provoquante de la technique par le terme « Das Gestell », auquel il donne une signification inédite, celle d' arraisonnement .

« Gestell : ainsi appelons nous le rassemblement de cette interpellation qui requiert l'homme, c'est-à-dire qui le provoque à dévoiler le réel comme fonds dans la mode du commettre.

Ainsiappelons- nous le dévoilement qui régit l'essence de la technique et qui n'est lui-même rien de technique ».

La technique moderne, en tant que « Gestell », ne règne pas seulement là où l'on utilise des machines, même si ces dernières jouissent « d'une situation privilégiée...

fondée sur la priorité accordée à tout ce qui est matériel, c'est-à- dire supposé élémentaire et objectif au premier chef », mais « englobe tous les secteurs de l'étant ».

La science moderne, en particulier, à travers le projet mathématique de la nature, met la nature matérielle en demeure de semontrer comme un complexe calculable de forces, et est ,de ce point de vue, régie de part en part par l'essence dela technique.Dans l'horizon du comportement provoquant, l'homme n'a plus affaire à des objets, mais considère tout ce qui estdans une perspective utilitaire comme un fonds disponible : « Tout (l'étant dans sa totalité) prend place d'emblée dans l'horizon de l'utilité, du commandement, ou mieux encore de celle du commanditement de ce dont il fauts'emparer...

Plus rien ne peut apparaître dans la neutralité objective d'un face à face.

Il n'y a plus que [...] desstocks, des réserves, des fonds . » Dans ce vaste fonds que sont la nature et le monde en général, l'homme lui-. »

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