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La technique témoigne-t-elle du pouvoir de l'homme ?

Publié le 27/02/2008

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technique

Le mot grec, « Technê «, qui est à l'origine de notre terme technique, n'a pas exactement le même sens que lui. Pour les Grecs, si l'on se réfère à Aristote, la « Technê « est une « disposition accompagnée de raison tournée vers la création «. Cela signifie qu'elle allie tout à la fois un savoir, une capacité intellectuelle à concevoir et une faculté de mettre en œuvre ce qui a été ainsi conçu, en vue de produire un objet quelconque. Elle s'oppose à la « praxis «, capacité d'agir qui ne vise à aucune production, et à la « theôria « (théorie) qui n'est que pure spéculation intellectuelle, sans aucune finalité pratique. On voit que la « technê « ne peut pas être réduite à la seule habileté manuelle, ni à une capacité d'exécution, puisqu'elle comporte aussi un aspect de réflexion, de pouvoir et des connaissances. Les tâches purement mécaniques, qui ne requièrent pas de facultés particulières de conception, paraissent réservées à l'esclave, qui n'est qu'un « outil animé «. Cette définition, qui choque notre conception de l'homme, est justifiée par le fait que l'esclave, par nature, n'est pas en mesure de faire autre chose qu'user de sa force physique. A contrario, il n'est pas juste de réduire l'homme libre à des tâches avilissantes de pure routine mécanique qui le ravalent au rang de l'outil. Aussi, paradoxalement, le point de vue aristotélicien nous paraît archaïque parce qu'il dénie la nature humaine à l'esclave, et devance certaines réflexions contemporaines, puisqu'il condamne, au nom de la dignité de l'homme, le travail purement mécanique, dont l'époque moderne donne de nombreux exemples.

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