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La violence est-elle le moyen décisif en politique ?

Publié le 19/10/2005

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Cette occasion que vous tend la Fortune, elle s'envole ! C'est en vain qu'une fois envolée, on cherche à la ressaisir. Vous voyez que vos adversaires se préparent ; devançons leurs desseins. Celui des deux qui aura le premier repris les armes sera vainqueur » MACHIAVEL, Histoires florentines, III 13. Transition : la violence est un moyen décisif en politique en deux sens parce qu'elle est la condition de l'instauration d'une autorité et parce qu'elle exige de l'homme politique un choix crucial. Cependant si sa subordination à une fin bonne la préserve de toute critique que se passera-t-il si aucune fin ne peut plus la justifier ? Deuxième partie : Faire de la violence un moyen décisif en politique peut être périlleux parce que les moyens peuvent être disproportionnés par rapport à la fin et parce que l'on risque de confondre la force et le droit. 2.1 Les progrès techniques ont décuplé la puissance violente des Etats, sans que les fins politiques aient été adaptées. Ainsi la violence comme moyen tend à détruire la fin qui la légitimait. « Les instruments de la violence ont désormais atteint un tel point de perfection technique qu'il est devenu impossible de concevoir un but politique qui soit susceptible de correspondre à leur puissance destructive ou qui puisse justifier leur utilisation au cours d'un conflit armé [.

On peut définir une cité ou un Etat comme une société dans laquelle règne la paix, en raison des lois qui permettent d'instaurer un état de droit qui s'oppose à un état de guerre. L'harmonie du politique suppose alors que la politique, qui consiste à agir au sein de l'Etat dans l'objectif de préserver la paix civile via la justice (quel que soit le sens en lequel il faut ici entendre ce terme), ne vienne pas troubler l'ordre public, et n'utilise pas des moyens qui s'opposent à la fin attendue. En effet, comment serait-il possible d'instaurer une véritable paix par la violence ? Cependant, on suppose ici que la société civile peut être harmonieusement et spontanément constituée. La violence, alors, ne concerne que le rapport à l'altérité : elle ne fait que définir le rapport entre Etats, et non le rapport d'un Etat à lui-même. Néanmoins, cette conception d'une société civile sans violence ne voit pas que l'Etat peut exercer une violence sur l'individu, et que le gouvernement, force exécutive des lois de l'Etat, doit parfois user de violence pour les faire appliquer. D'un côté, l'Etat a pour finalité la paix, mais de l'autre, il paraît que la violence est son moyen le plus efficace, donc dernier. C'est ce paradoxe qu'il nous faut développer.

« 2.1 Les progrès techniques ont décuplé la puissance violente des Etats, sans que les fins politiques aient été adaptées.

Ainsi la violence comme moyen tend à détruire la fin qui la légitimait. « Les instruments de la violence ont désormais atteint un tel point de perfection technique qu'il est devenu impossible de concevoir un but politique qui soit susceptible de correspondre à leur puissance destructive ou quipuisse justifier leur utilisation au cours d'un conflit armé [...] Du fait que la violence – distincte du pouvoir, de laforce ou de la puissance – exige toujours des instruments (comme Engels l'avait autrefois souligné), la révolutiontechnologique, révolution dans la fabrication des outils, a revêtu une importance particulière dans le domainemilitaire.

L'action violente est elle-même inséparable du complexe des moyens et des fins dont la principale caractéristique, s'agissant de l'action de l'homme, a toujours été que les moyens tendent à prendre uneimportance disproportionnée par rapport à la fin qui doit les justifier et qui, à leur défaut, ne peut pas êtreatteinte [...] Le fait même que ceux qui se sont efforcés de perfectionner les moyens de destruction aient réussi à la leur faire atteindre un niveau de perfection technique tel que la puissance de ces moyens estsur le point de conduire à l'élimination de l'objectif poursuivi .

» Hannah ARENDT, Du mensonge à la violence, Sur la violence. 2.2 Qu'il faut différencier la force du droit et que la violence est un moyen périlleux. « Dans le sens vulgaire un tyran est un roi qui gouverne avec violence et sans égard à la justice et aux lois. Dans le sens précis un tyran est un particulier qui s'arroge l'autorité royale sans y avoir droit.

C'est ainsi que lesGrecs entendaient ce mot de tyran.

Ils le donnaient indifféremment aux bons et aux mauvais princes dont l'autorité n'était pas légitime .

Ainsi tyran et usurpateur sont deux mots synonymes.

» ROUSSEAU, Du Contrat social, III 10. Transition : Élever la violence au rang d'instrument politique décisif a, semble-t-il, un prix, à savoir le risque de faire perdre à la politique sa légitimité.

D'autre part il faut s'interroger sur l'identité des acteurs de cette violence. Troisième partie : La politique a pour devoir d'éliminer la violence destructrice et d'utiliser la violence de manière responsable. 3.1 La politique a pour fonction de transformer la violence primitive en droit et de refuser au peuple de se rebeller. « Il est vain de rechercher les origines historiques de ce mécanisme, c'est-à-dire qu'on ne peut pas remonter au point de départ de la sociétécivile (car les sauvages ne dressent aucun acte de leur soumission à la loi, etla nature de ces hommes incultes donne déjà à croire qu'ils ont été soumisd'abord par la violence).

Mais c'est une chose qui mérite d'être punie que d'entreprendre cette recherche dans l'intention de changer ensuite parla violence la constitution actuellement existante .

En effet ce changement ne pourrait être effectué que par le peuple se soulevant pourl'accomplir, et non par conséquent par la législation ; or l'insurrection dans une constitution déjà existante est un renversement de tous les rapportscivils et juridiques, par conséquent de tout droit, c'est-à-dire non pas une transformation de la constitution civile, mais sa dissolution .

» KANT, Doctrine du Droit, II S2 §52. 3.2 Le concept de violence légitime va de pair avec l'éthique de la responsabilité. « Le moyen décisif en politique est la violence [...] L'originalité propre aux problèmes éthiques en politique réside donc dans le moyenspécifique de la violence légitime comme telle, dont disposent les groupements humains. Quel que soit le but de son action, tout homme qui pactise avec ce moyen – et tout homme politique le fait nécessairement – s'expose aux conséquences qui en résultent .

» Max WEBER, Le savant et le politique. CONCLUSION Face à la légitimation difficile de la violence, la politique pourrait avoir pour objectif de s'en défaire. Cependant elle court dans ce cas à sa ruine dans la mesure où elle a besoin de la violence pour s'imposer et pour seconserver.

Deux solutions à ce problème ont été trouvées.

La première consiste à éliminer la violence destructrice,qui tend à ruiner l'autorité politique et à devenir sa propre fin.

La deuxième solution exige de l'homme politique qu'ilsuive une éthique de la responsabilité, c'est-à-dire qu'il ne se désengage pas face aux conséquences désastreusesde la violence et qu'il en prévoie les effets potentiellement indésirables. Analyse du sujet. »

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