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La violence est-elle un mal nécessaire?

Publié le 19/03/2005

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  Ainsi, un habile législateur qui entend servir l'intérêt commun et celui de la patrie plutôt que le sien propre et celui de ses héritiers, doit employer toute son industrie pour attirer à soi tout le pouvoir. Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république. Ce qui est a désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse ; si le résultat est bon, il est acquitté ; tel est le cas de Romulus. Ce n'est pas la violence qui restaure, mais la violence qui ruine qu'il faut condamner. Le législateur aura assez de sagesse et de vertu pour ne pas léguer à autrui l'autorité qu'il a prise en main : les hommes étant plus enclins au mal qu'au bien, son successeur pourrait bien mésuser de l'autorité dont pour sa part il aura bien usé ; d'ailleurs un seul homme est bien capable de constituer un État, mais bien courte serait la durée et de l'État et de ses lois si l'exécution en était remise aux mains d'un seul ; le moyen de l'assurer, c'est de la confier aux soins et à la garde de plusieurs. En effet autant une assemblée est peu propre à bien fonder un État, vu la diversité des avis sur ce qui est le bien de cet État, autant, ce bien une fois connu, est-elle unanime à ne pas le laisser échapper. Nietzsche, Par-delà bien et mal S'abstenir réciproquement de s'offenser, d'user de violence, de s'exploiter, considérer la volonté d'autrui comme l'égale de la sienne : cela peut, en un sens grossier, devenir entre individus une règle de bonne conduite quand les conditions nécessaires se trouvent réunies (c'est-à-dire quand leurs forces et leurs critères sont effectivement analogues, et qu'ils sont apparentés à l'intérieur d'un même corps social). Mais si l'on voulait étendre ce principe et aller jusqu'à en faire le principe fondamental de la société, il révélerait aussitôt ce qu'il est : la négation de la vie, un principe de décomposition et de décadence. Il faut ici aller au fond des choses et se défendre de toute faiblesse sentimentale : vivre c'est essentiellement dépouiller, blesser, subjuguer l'étranger et le faible, l'opprimer, lui imposer durement nos propres formes, l'incorporer et au moins, au mieux, l'exploiter mais pourquoi toujours employer ces mots auxquels s'attache de tout temps une intention calomnieuse ? Même ce corps à l'intérieur duquel, comme nous venons de le supposer, les individus se traitent en égaux, c'est le cas dans toute saine aristocratie, doit, s'il est vivant et non moribond, faire contre d'autres corps tout ce dont les individus qui le composent s'abstiennent à l'égard l'un de l'autre : il lui faudra être la volonté de puissance incarnée, il voudra grandir, occuper de plus en plus d'espace, accaparer, devenir prépondérant, non pas en vertu d'une moralité ou d'une immoralité quelconque, mais tout simplement parce qu'il vit et parce que la vie est volonté de puissance.

Le Christianisme utilise la formule « tu aimeras ton prochain ! « or l’histoire et notre expérience nous montrent qu’il faudrait sans doute la remplacer par « homo homini lupus « afin de mieux correspondre à l’esprit du monde. La violence est l’usage d’une force mais d’une force corrompue c’est-à-dire à base de colère contraignant la volonté d’autrui. Elle est donc destructrice et son paradigme est la guerre. Elle exprime donc une négativité. Dans ce cas, on pourrait se demander en quoi la violence est un mal nécessaire. Car évoquer le terme de « nécessaire « c’est dire qu’il ne peut pas en être autrement. Dès lors il s’agirait de comprendre et de saisir les causes de cette violence, son origine et la cause de sa nécessité (1ère partie). Pourtant dire que la violence est un mal nécessaire semble être quelque chose de scandaleux pour la raison. Comment en effet justifier l’émergence d’un conflit ou une épuration ethnique par son simple rapport nécessaire ? et quel but à cette nécessité ? Reconnaître sa nécessité se serait la rendre presque banale voire justifiable comme une fatalité à laquelle on ne peut échapper ce qui enlèverait toute responsabilité humaine dans le choix de la violence (2nd parite). Pourtant, il ne faut pas se méprendre d’une lecture ou d’une définition trop rapide de la violence ; elle pose aussi une certaine positivité édificatrice qu’il s’agira de dégager ou aussi de comprendre en quoi l’usage de la violence peut être légitime donc un mal nécessaire en dernier recours (3ème partie).

« considérer dans la nature de la Guerre, comme elle l'est dans la nature du Beau et du Mauvais Temps.

Car, de mêmeque la nature du Mauvais Temps ne réside pas seulement dans une ou deux averses, mais dans une tendance à lapluie pendant plusieurs jours consécutifs, de même la nature de la Guerre ne consiste pas seulement dans le faitactuel de se battre, mais dans une disposition reconnue à se battre pendant tout le temps qu'il n'y a pas assurancedu contraire. Transition : après avoir proposé une description des processus violents et une explication de leurs origines, il faut maintenant mesurer le degré de nécessité des éléments mis en évidence – fonctionnement des systèmes de pouvoir,caractère incontrôlable des mouvements passionnels : ces éléments sont-ils indépassables ? II.

L'efficacité et l'inévitabilité de la violence On peut soutenir que la violence est dotée d'une puissance que rien ne peut surpasser : la violence politique estalors un moyen très sûr d'exercer un pouvoir, et on peut même aller jusqu'à penser qu'elle est nécessaire aufonctionnement de toute autorité.

De la même façon, la violence est un stimulant individuel puissant, et l'homme quirefuse de l'assumer ne peut s'accomplir.

La violence serait alors un mal nécessaire, parce que rien ne peut être pluspuissant qu'elle. Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live Qu'un fondateur de république, comme Romulus, mette à mort son frère, qu'il consente ensuite au meurtre de TitusTatius, associé par lui à la royauté ; ces deux traits, aux yeux de bien des gens, passeront pour être d'un mauvaisexemple : il semblerait convenu que les citoyens peuvent, à en juger d'après la conduite de leur prince, par ambitionou désir de commander, se défaire de leurs rivaux.Cette opinion serait fondée si l'on ne considérait la fin que se proposait Romulus par cet homicide.Il faut établir comme règle générale que jamais, ou bien rarement du moins, on n'a vu une république ni unemonarchie être bien constituées dès l'origine ou totalement reformées depuis, si ce n'est par un seul individu ; Il luiest même nécessaire que celui qui a conçu le plan fournisse lui seul les moyens d'exécution.

Ainsi, un habile législateur qui entend servir l'intérêt commun et celui de la patrie plutôt que le sien propre et celuide ses héritiers, doit employer toute son industrie pour attirer à soi tout le pouvoir.

Un esprit sage ne condamnerajamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder unerépublique.

Ce qui est a désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse ; si le résultat est bon, il estacquitté ; tel est le cas de Romulus.

Ce n'est pas la violence qui restaure, mais la violence qui ruine qu'il fautcondamner.

Le législateur aura assez de sagesse et de vertu pour ne pas léguer à autrui l'autorité qu'il a prise enmain : les hommes étant plus enclins au mal qu'au bien, son successeur pourrait bien mésuser de l'autorité dont poursa part il aura bien usé ; d'ailleurs un seul homme est bien capable de constituer un État, mais bien courte serait ladurée et de l'État et de ses lois si l'exécution en était remise aux mains d'un seul ; le moyen de l'assurer, c'est de laconfier aux soins et à la garde de plusieurs.

En effet autant une assemblée est peu propre à bien fonder un État, vula diversité des avis sur ce qui est le bien de cet État, autant, ce bien une fois connu, est-elle unanime à ne pas lelaisser échapper. Nietzsche, Par-delà bien et mal S'abstenir réciproquement de s'offenser, d'user de violence, de s'exploiter, considérer la volonté d'autrui commel'égale de la sienne : cela peut, en un sens grossier, devenir entre individus une règle de bonne conduite quand lesconditions nécessaires se trouvent réunies (c'est-à-dire quand leurs forces et leurs critères sont effectivementanalogues, et qu'ils sont apparentés à l'intérieur d'un même corps social).

Mais si l'on voulait étendre ce principe etaller jusqu'à en faire le principe fondamental de la société, il révélerait aussitôt ce qu'il est : la négation de la vie, unprincipe de décomposition et de décadence.

Il faut ici aller au fond des choses et se défendre de toute faiblessesentimentale : vivre c'est essentiellement dépouiller, blesser, subjuguer l'étranger et le faible, l'opprimer, lui imposerdurement nos propres formes, l'incorporer et au moins, au mieux, l'exploiter mais pourquoi toujours employer cesmots auxquels s'attache de tout temps une intention calomnieuse ? Même ce corps à l'intérieur duquel, comme nousvenons de le supposer, les individus se traitent en égaux, c'est le cas dans toute saine aristocratie, doit, s'il estvivant et non moribond, faire contre d'autres corps tout ce dont les individus qui le composent s'abstiennent àl'égard l'un de l'autre : il lui faudra être la volonté de puissance incarnée, il voudra grandir, occuper de plus en plusd'espace, accaparer, devenir prépondérant, non pas en vertu d'une moralité ou d'une immoralité quelconque, maistout simplement parce qu'il vit et parce que la vie est volonté de puissance.

Mais sur aucun chapitre la communeconscience des Européens n'est plus rebelle à se laisser convaincre : partout à l'heure actuelle on rêve avecenthousiasme, et même en leur prêtant un déguisement scientifique, d'états futurs de la société d'où aura disparutout « caractère d'exploitation » : cela sonne à mes oreilles comme si on promettait d'inventer une vie quis'abstiendrait de toute fonction organique.

L'« exploitation » n'est pas le fait d'une société corrompue ou imparfaiteet primitive, elle est inhérente à la nature même de la vie ; elle est sa fonction organique fondamentale, uneconséquence de la volonté de puissance proprement dite, qui est tout bonnement la volonté de vivre.

Et si cettethéorie semble nouvelle, la réalité, elle, est le fait primordial de toute l'histoire ; ayons donc enfin l'honnêteté de lereconnaître ! Transition : cette deuxième partie donne au sujet une réponse affirmative très nette.

On peut cependant lui opposer l'idée selon laquelle la violence ne serait pas tant un mal nécessaire qu'un pis-aller, et qu'il serait préférable,au lieu d'y consentir, de chercher des moyens non-violents de produire les mêmes effets qu'elle.. »

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