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L'action politique

Publié le 05/11/2011

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Le mot gouverner, emprunté au vocabulaire maritime, indique bien la nature de l'action politique. Il s'agit de prendre le commandement du navire, d'indiquer la direction à suivre et d'assurer la sécurité des passagers. Les dirigeants politiques ont une autorité plus étendue que les chefs militaires, puisque leur pouvoir s'exerce dans tous les domaines. Mais cette autorité est moins incontestée. Le général en temps de guerre, le marin dans la tempête sont obéis aveuglément parce que le danger et le salut commun l'exigent. Des sanctions terribles garantissent le respect de leurs ordres et sont admises par la troupe (ou l'équipage). C'est une question de vie ou de mort.

« balayait les Etats-Unis.

Les banques fer­ maient; les usines s'arrêtaient; un quart de la nation chômait.

Il se mit au travail avec calme, prit des mesures hardies et le pays, se sentant commandé, reprit courage comme un cheval s'appuie sur la main d'un bon cavalier.

Mais la constance, la persévérance ne sont pas moins nécessaires au chef poli­ tique que le courage.

Les décisions prises amènent souvent des résultats tout con­ traires à ceux qu'il attendait.

Il a gouverné pour échapper à une tempête; il en rencon­ tre une autre, imprévue et plus forte.

S'il est né pour l'action politique, il s'adapte aussitôt à la situation nouvelle.

La néces­ sité extérieure gauchit en temps voulu ses décisions.

La nécessité extérieure et non les princi­ pes.

Alain a dit de Briand qu'il était trop attentif à l'avenir proche pour ne pas oublier les principes, qui sont nos béquilles.

« Les principes font une armature de subal­ terne et j'ajoute, pour toucher le point brftlant, que les principes, en un homme qui sait raisonner, permettent toutes les trahi­ sons réelles...

Le fameux Frédéric disait qu'il trouverait aisément un jurisconsulte pour déguiser en justice et raison les projets de la force ...

Une nature royale, ainsi que la nomme Platon, est tout à fait autre ...

Elle invente pour le moment neuf une pensée neuve; elle se plie à l'événement, elle le palpe et le tient; elle laisse tout le reste ...

» La Fayette était un homme à principes, hon­ nête et respectable.

Il perdit cent occasions de se rendre utile à son pays, pour sauver la pureté de sa ligne.

Briand comparait les politiciens à principes aux moules accrochées à un rocher : « Elles ne bougent pas », disait-il; « elles restent sur leurs positions, aussi fermes que le roc lui-même; mais elles sont très bas dans l'échelle des êtres.

» Entre l'opportunisme vil et l'entêtement sans espoir la ligne de crête est étroite.

Toute­ fois un hon esprit peut s'y maintenir.

Pour avoir chance de prouver son apti­ tude à l'action politique, un homme doit, évidemment, d'abord accéder au pouvoir.

Il y peut arriver de plusieurs manières.

En Angleterre, jusqu'à une époque toute ré­ cente, certaines familles étaient, par droit de naissance, associées au gouvernement.

Cela est vrai encore de quelques-unes.

D'autres hommes s'élèvent, à la force du poignet, par leur seul talent; ce fut le cas de Disraeli.

L'éloquence hisse encore parfois ceux qui la possèdent jusqu'aux plus hauts postes, mais elle a changé de nature.

La télévision veut un ton plus familier que la tribune ou l'estrade.

Elle permet de faire connaître aux foules un personnage.

Le pittoresque sert, et l'anecdote.

Les gros ci­ gares de Churchill, ses étranges chapeaux, son geste en forme de V complétaient la légende d'un héros qui l'a, en des temps difficiles, méritée par ses actions.

La haute taille du général de Gaulle, le style de ses discours, ses expressions familières ont gravé profondément cette image dans la conscience populaire.

Autrefois les chefs d'Etat arrivaient au sommet, comme jadis à Rome, en suivant « le cours des honneurs », au sein d'un parti.

Ils avaient été maires, députés, séna­ teurs, ministres .

Les personnages consulaires dominaient l'Etat.

Ce temps pourrait revenir si la mer redevenait calme.

Le gouvernement d'une mairie, plus ·proche des faits bruts que celui d'un Etat, est un bon apprentis­ sage.

Mais certains hommes d'Etat, pour leurs coups d'essai, veulent des coups de maître.

Ceux-là débutent au sommet.

On 11 dit « Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier.

» Sans doute, mais tel triomphe au premier rang qui eftt échoué au second.

C.

- Les exécutants.

L'action d'un chef d'Etat, et même celle d'un ministre, est rarement directe.

Elle opère par l'intermédiaire d'une administra­ tion.

Le chef donne des directives; le Parle­ ment vote des lois; les bureaux appliquent les unes et les autres.

Ils deviennent sou­ vent les maîtres réels du terrain.

En France, les préfets ont des contacts constants avec le gouvernement et le renseignent sur l'opi­ nion.

Le corps préfectoral, excellent, exerce une action locale, très efficace.

Mais le pré­ fet lui-même, comme un chef d'Etat, dépend de ses bureaux.

Au temps de Napoléon, l'ad­ ministration restait relativement simple.

Les fonctionnaires demeuraient peu nombreux.

Grâce aux états et aux rapports, qu'il lisait avec une attention aiguë, l'Empereur pouvait vraiment savoir ce qui se passait dans l'Em­ pire.

Aujourd'hui les administrations ont pro­ liféré de telle manière qu'un tel contrôle au sommet est devenu presque impossible.

La machine à écrire, par la multi-plication des circulaires et des copies, a opéré dans l'admi­ nistration des changements aussi profonds. »

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