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L'action politique est-elle un travail ?

Publié le 27/02/2008

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 »   « Eh bien ! allons-y, repris-je; que par la pensée, en partant du commencement, nous constituions une société politique. Or, ce qui la constituera, ce sera, autant qu'il me semble, l'existence en nous du besoin. - Et comment non? - Mais en vérité il est bien sûr que le premier et le plus impérieux de nos besoins soit celui de nous procurer la nourriture en vue de notre vie. - Parfaitement sûr, oui. - Que le second maintenant soit celui de nous ménager un gîte ; le troisième a rapport au vêtement et à tout ce qui est du même ordre. - C'est exact. - Voyons donc, continuai-je : comment la société suffira-t-elle à un aménagement si considérable ? ne sera-ce pas à condition que cet individu-ci soit un cultivateur ; celui-là un maçon, un autre un tisserand ?Y joindrons-nous encore un cordonnier ou tel autre au service de ce que réclament les soins du corps?

Le concept d’ « action politique « est plus précis et plus limité que celui de politique. Si la politique en effet est art de gouverner l’Etat, et si l’on qualifie de « politique « tout ce qui concerne ce gouvernement, l’ « action politique « désigne la pratique effective de la politique et place donc la politique dans le champ du concret. C’est cette mise en place d’un lien de la politique avec le concret qui pose problème ici, et il faudra l’interroger sous l’éclairage particulier du concept de travail. Le mot travail peut avoir plusieurs sens. Un travail est en effet une activité que l’on exerce régulièrement dans le cadre de la société, pour participer au fonctionnement de cette société et pour recevoir d’elle une rémunération permettant de subvenir aux besoins de notre vie personnelle ; un travail est aussi un effort déployé dans le but de parvenir à une certaine fin, cet effort n’étant pas forcément concerné par la sphère de la société, mais pouvant être mis en oeuvre par l’individu dans son propre intérêt. Deux questions se posent alors quant au sujet : l’action politique doit-elle être, d’abord, conçue comme une sorte d’activité professionnelle, requérant certaines habiletés, certaines qualifications propres ? Ensuite, cette même action doit-elle être comprise comme le fruit d’une élaboration personnelle que l’on mettrait au service de l’Etat ? La première question invite à s’interroger sur le statut de l’homme politique : tout homme peut-il prendre part à l’action politique ? ou, au contraire, ne faut-il confier ce genre de charges à un homme spécialement formé à cette fin ? Cela pose la question de savoir s’il existe quelque chose comme un savoir politique spécifique – le concept platonicien de « technè politikè «, de technique et de savoir-faire propres à l’action politique, pourra être utile ici. La seconde question s’intéresse plus au phénomène de l’action politique qu’à celui qui la met en œuvre, et comprend celle-ci comme un processus en élaboration constante, derrière lequel l’individu s’efface. Ces questions correspondent aux deux versants du sujet, et s’opposent à une conception de l’action politique comme étant inspirée par une habileté naturelle à l’homme.

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« chacun de nous n'est pas, de sa nature, tout à fait pareil à chaque autre, mais que cette nature, au contraire, l'en distingue,et qu'à l'exécution de tâches différentes conviennent des hommes différents.

(...) Mais en vérité voici encore, je crois, cequi est manifeste : quand de faire une tâche, on a laissé passer le bon moment, pour celle-ci tout est perdu.

(...) Enconséquence de quoi, il y a assurément, en chaque sorte de travail, accroissement et du nombre de produits, et de leurqualité, et de la facilité d'exécution, quand c'est un seul homme qui exécute une seule tâche, en conformité avec sesaptitudes naturelles, au moment voulu, s'accordant le loisir d'exécuter les autres.

» Un premier moment pourrait s'intéresser à une conception de l'action politique requérant une qualification propre pour êtrecorrectement mise en oeuvre.

C'est la position platonicienne – l'examen du premier texte permettra de mettre en évidencela particularité de l'action politique, l'examen du second permettra de concevoir une forme d'exigence de professionnalismeconcernant l'action politique, et permettant d'attribuer à chacun la place pour laquelle il est compétent dans le cadre del'Etat, cette attribution valant au plus haut point pour l'homme politique.

* L'action politique, une disposition naturelle ? Aristote « Il est donc évident que la cité est du nombre des choses qui sont dans la nature, que l'homme est naturellement un animalpolitique, destiné à vivre en société et que celui qui, par sa nature et non par l'effet de quelque circonstance, ne fait partied'aucune cité, est une créature dégradée ou supérieure à l'homme.

Il mérite, comme dit Homère, le reproche sanglant d'êtresans famille, sans lois, sans foyers ; car celui qui a une telle nature est avide de combats et, comme les oiseaux de proie,incapable de se soumettre à aucun joug.

On voit d'une manière évidente pourquoi l'homme est un animal sociable à unplus haut degré que les abeilles et tous les animaux qui vivent réunis.

La nature, comme nous disons, ne fait rien en vain.Seul, entre les animaux, l'homme a l'usage de la parole ; la voix est le signe de la douleur et du plaisir et c'est pour celaqu'elle a été donnée aussi aux autres animaux.

Leur organisation va jusqu'à éprouver des sensations de douleur et de plaisiret à se le faire comprendre les uns aux autres ; mais la parole a pour but de faire comprendre ce qui est utile ou nuisible et,par conséquent aussi, ce qui est juste ou injuste.

» Une seconde piste pourrait travailler sur le concept d' « animal politique », qui semble laisse entendre que l'homme possèdede naissance une compétence politique et qu'il est naturellement enclin à s'organiser en société.

Dans ce cas, l'actionpolitique ne serait que l'expression d'une tendance naturelle de l'homme, et ne pourrait être conçue comme le fruit d'untravail de formation de l'homme.

*L'action politique n'est pas en soi une activité professionnelle, mais elle exige une évaluation constante quil'apparente à un travail Kant « La vraie politique [...

] ne peut faire aucun pas sans rendre d'abord hommage à la morale ; et bien qu'en soi la politiquesoit un art difficile, ce n'en est pas un cependant de la réunir à la morale, car celle-ci tranche le noeud que la politique nepeut trancher dès qu'elles sont en conflit.

Le droit de l'homme doit être tenu pour sacré, dût-il en coûter de gros sacrifices àla puissance souveraine.

On ne peut ici user d'une cote mal taillée et inventer le moyen terme d'un droit pragmatiquementconditionné (qui tiendrait le milieu entre le droit et l'intérêt) ; bien au contraire, la politique doit plier le genou devant ledroit ; mais elle peut espérer en revanche parvenir, lentement il est vrai.

à un degré ni, elle brillera avec éclat d'une manièreconstante.

» Mais si l'homme est naturellement disposé à vivre en communauté politique, il n'en reste pas moins que certaines actionspolitiques sont meilleures que d'autres.

Il faut alors modifier notre compréhension du concept de travail, et l'envisager nonplus comme une formation en quelque sorte professionnelle donnant à certains la compétence nécessaire pour mener desactions politiques, mais comme une évaluation constante de ces actions – naturellement entreprises par l'homme – demanière à ce qu'elles soient les plus bénéfiques possibles pour la communauté.

L'action politique existe sans un travailspécifique qui la ferait naître, mais elle doit être associée à un travail d'évaluation pour être juste et bénéfique.

Conclusion L'action politique peut être conçue comme un travail de deux manières différentes : ou bien ce travail est une formation del'homme lui donnant la compétence politique, ou bien cette compétence politique existe par nature et le travail concerne. »

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