L'amitié: un besoin?
Publié le 05/12/2012
Extrait du document
«
C’est ce que nous montre Michel Tournier dans son Vendredi ou les limbes du Pacifique .
Echoué sur son île déserte, Robinson parvient à se procurer le nécessaire pour vivre, et
exploite les produits de l’île à son profit.
Il arrive donc par son ingéniosité à s’aménager un
confort suffisant pour y vivre de la manière la plus proche possible de sa vie antérieure en
Angleterre.
Cependant, pour mener une vie authentiquement humaine, et qui puisse le
satisfaire, il lui manque encore la présence d’autrui avec qui il pourrait interagir, partager,
compatir.
Robinson souffre uniquement de la solitude à laquelle il est condamné, et qui
semble remettre en cause son existence entière .
Il vit dans l’attente d’un ami qui puisse
partager sa vie et rompre sa solitude : c’est cet ami dont il ressentait si vivement le manque
qu’incarne Vendredi.
Son arrivée va ouvrir une dimension nouvelle dans la vie de Robinson
sur son île, et le commerce qui s’instaure entre eux fera de la vie de Robinson une existence
beaucoup plus complète.
Cet exemple nous montre clairement le manque que l’homme
ressent sans ami, un manque qui rend l’existence fade, sans prix.
Il faut à l’homme quelqu’un
pour partager son existence, un ami, afin de la rendre digne d’être vécue.
Ainsi, l’homme
aurait un véritable besoin d’ami, car sans lui il dépérit.
La dimension sociale de l’homme est une part conséquente de son identité, et ce qui le
rend pleinement homme.
Ainsi, une vie ne saurait être pleinement humaine si elle n’est pas
orientée vers autrui.
Aristote, dans son Ethique à Nicomaque écrit que « l’homme est un être
sociable, la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables ».
C’est par ses relations avec les
autres hommes que l’homme réalise sa nature.
C’est pourquoi, note Aristote dans sa Politique ,
l’homme est le seul animal doué de logos , du discours articulé : cela lui sert à entrer en
relation avec ses semblables, à exprimer le juste et l’injuste, à construire l’ordre politique.
Une spécificité de l’homme serait ainsi d’être capable d’entrer en relation avec d’autres
hommes pour plus que des relations strictement utilitaires (à la différence des animaux dits
« sociaux »), d’être capable de partager des sentiments, donc d’être susceptible d’amitié.
L’arrivée de Vendredi sur l’île de Robinson fait de sa vie une existence à nouveau pleinement
humaine : en vivant l’amitié, l’homme se montre authentiquement humain, exprime son
essence propre.
Le besoin d’ami de l’homme serait donc lié à sa nature, et l’expression de son
humanité.
L’homme aurait ainsi besoin d’un ami pour être pleinement homme.
On peut toutefois se demander si c’est vraiment d’un ami que l’homme a besoin.
Un
semblable avec lequel interagir pourrait en effet suffire à l’homme pour briser sa solitude, et
exprimer sa nature humaine.
Ainsi, Robinson, dans Vendredi ou les limbes du Pacifique
éprouve le besoin de la présence d’autrui pour conforter son existence, mais pas
spécifiquement d’un ami.
Il écrit ainsi dans son journal : « Contre l’illusion d’optique, le
mirage, l’hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, le délire, le trouble de l’audition… le
rempart le plus sûr, c’est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu’un,
grands dieux, quelqu’un ! ».
C’est d’un autre être humain qu’il a absolument besoin pour
vivre une existence pleinement humaine, pas nécessairement d’un ami.
Surtout, on peut se
demander si quelqu’un que l’on désire pour soi, pour son intérêt propre, afin de ne plus se
sentir seul, peut proprement être appelé un ami.
L’amitié ne doit-elle pas au contraire être
tournée vers l’autre, vers l’ami ? Il semble que si elle répond à un besoin, l’amitié risque
d’être dénaturée, et on ne pourrait plus appeler ami l’objet d’une telle relation.
L’amitié véritable est en effet désintéressée, et centrée non pas sur soi mais sur l’ami.
C’est à tort que nous appelons amitié une relation qui se fonde sur l’utilité de l’autre ou le
plaisir qu’il nous procure.
Le fondement de l’amitié est en effet ailleurs, et on aime un ami
pour lui-même, et non pas pour ce qu’il nous apporte.
Aristote, dans l’ Ethique à Nicomaque ,
distingue ainsi trois causes possibles qui font que l’on aime : l’utile, l’agréable et le bon.
On
peut en effet s’attacher à quelqu’un pour les services qu’il est en mesure de nous rendre.
L’amitié est alors fondée sur l’utilité, elle est un pur échange de bons procédés.
Cependant,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'amitié est-elle un besoin de l'etre humain ?
- Lorsque les hommes sont amis, la justice n'est point nécessaire, mais quand ils sont justes, ils ont encore besoin de l'amitié. Aristote. Commentez cette citation.
- Lorsque les hommes sont amis, la justice n'est point nécessaire, mais quand ils sont justes, ils ont encore besoin de l'amitié. Aristote. Commentez cette citation.
- Lorsque les hommes sont amis, la justice n'est point nécessaire, mais quand ils sont justes, ils ont encore besoin de l'amitié. Aristote. Commentez cette citation.
- ... Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes ils auraient encore besoin de l'amitié; et la justice, à son point de perfection, paraît tenir de la nature de l'amitié. Aristote, Ethique de Nicomaque /VIII, I, GF Flammarion, page 230. Commentez cette citation.