Devoir de Philosophie

L'amitié: un besoin?

Publié le 05/12/2012

Extrait du document

Le besoin de l'amitié Au début du Chapitre Premier du Livre VIII de son Ethique à Nicomaque, Aristote décrit l'amitié comme « un des besoins les plus nécessaires de la vie «, ajoutant que « personne n'accepterait de vivre sans amis, eût-il d'ailleurs tous les autres biens «. Ainsi l'amitié semble être ce bien sans lequel tous les autres sont vains, celui qui donne du prix aux autres, et fait que la vie vaut la peine d'être vécue. L'aspiration à l'amitié est commune ; tous, nous la cherchons comme un bien d'importance cruciale, et nous passons spontanément beaucoup de notre temps, dans tous les environnements dans lesquels nous nous trouvons, à nous faire des amis ou à entretenir des amitiés. Il semble donc que l'homme ait un besoin d'ami, besoin qui motive ses efforts vers autrui, et justifie ces conceptions communes. Or le besoin est caractérisé par la nécessité, par le manque objectif, il s'applique à ce qui est indispensable à l'homme pour sa survie. Il se distingue ainsi du désir, qui porte sur le superflu, le contingent, est construit subjectivement. Contre l'illimitation du désir, le besoin, de par son objectivité, est lui borné et précisément définissable. Le besoin peut donc être assouvi, tandis que le désir est sans cesse renouvelé, et jamais rassasié. Il apparaît problématique de parler d'un besoin d'ami : il semble en effet que l'homme puisse survivre sans ami, assouvir ses besoins, et que donc l'amitié n'est en rien nécessaire à l'existence d'un homme. L'amitié appartiendrait donc plutôt à la sphère du désir qu'à celle du besoin, d'autant plus que nous la voyons souvent comme un idéal, une aspiration jamais complètement réalisée, répondant ainsi à l'insatiabilité du désir. L'amitié est de plus difficile à appréhender, des conceptions très diverses s'opposant : si certains voient pragmatiquement en elle un simple échange de bons procédés, d'autres la définissent comme une harmonie entre deux êtres (comme l'illustre Montaigne en parlant de son ami La Boétie : « parce que c'était lui, parce que c'était moi «). Il y a peut-être autant de conceptions différentes de l'amitié que de personnes engagées dans une relation d'amitié. Nous définirons pour commencer l'amitié comme une sympathie, une affinité entre deux êtres, sans qu'il n'y ait, à la différence de l'amour, de volonté de fusion avec l'ami. Cette difficulté de définition de l'amitié semble infirmer la conception de l'amitié comme besoin de l'homme : le besoin est en effet objectif, portant sur un objet clairement identifiable, et ne saurait donc être besoin de quelque chose de vague et de multiple. Puisque l'amitié n'est pas objectivement nécessaire à la survie de l'homme, peut-on parler d'un besoin d'ami ? Peut-être faut-il relâcher la définition du besoin, et l'appliquer non pas seulement aux objets nécessaires à la simple survie, mais aussi au « bien vivre «, au bonheur. L'homme en effet semble ne pouvoir se contenter de survivre, mais aspirer à « vivre bien «. C'est sans doute dans ce sens qu'il faut entendre le besoin d'ami, et c'est donc la portée du besoin qui est à interroger. Si l'homme n'a pas besoin d'ami pour survivre, peut-il cependant « vivre bien « sans ami ? Notre problématique sera donc : l'amitié est-elle nécessaire à l'homme, ou celui-ci peut-il s'épanouir sans cette relation à autrui ? Nous verrons d'abor...

« C’est ce que nous montre Michel Tournier dans son Vendredi ou les limbes du Pacifique .

Echoué sur son île déserte, Robinson parvient à se procurer le nécessaire pour vivre, et exploite les produits de l’île à son profit.

Il arrive donc par son ingéniosité à s’aménager un confort suffisant pour y vivre de la manière la plus proche possible de sa vie antérieure en Angleterre.

Cependant, pour mener une vie authentiquement humaine, et qui puisse le satisfaire, il lui manque encore la présence d’autrui avec qui il pourrait interagir, partager, compatir.

Robinson souffre uniquement de la solitude à laquelle il est condamné, et qui semble remettre en cause son existence entière .

Il vit dans l’attente d’un ami qui puisse partager sa vie et rompre sa solitude : c’est cet ami dont il ressentait si vivement le manque qu’incarne Vendredi.

Son arrivée va ouvrir une dimension nouvelle dans la vie de Robinson sur son île, et le commerce qui s’instaure entre eux fera de la vie de Robinson une existence beaucoup plus complète.

Cet exemple nous montre clairement le manque que l’homme ressent sans ami, un manque qui rend l’existence fade, sans prix.

Il faut à l’homme quelqu’un pour partager son existence, un ami, afin de la rendre digne d’être vécue.

Ainsi, l’homme aurait un véritable besoin d’ami, car sans lui il dépérit.

La dimension sociale de l’homme est une part conséquente de son identité, et ce qui le rend pleinement homme.

Ainsi, une vie ne saurait être pleinement humaine si elle n’est pas orientée vers autrui.

Aristote, dans son Ethique à Nicomaque écrit que « l’homme est un être sociable, la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables ».

C’est par ses relations avec les autres hommes que l’homme réalise sa nature.

C’est pourquoi, note Aristote dans sa Politique , l’homme est le seul animal doué de logos , du discours articulé : cela lui sert à entrer en relation avec ses semblables, à exprimer le juste et l’injuste, à construire l’ordre politique.

Une spécificité de l’homme serait ainsi d’être capable d’entrer en relation avec d’autres hommes pour plus que des relations strictement utilitaires (à la différence des animaux dits « sociaux »), d’être capable de partager des sentiments, donc d’être susceptible d’amitié.

L’arrivée de Vendredi sur l’île de Robinson fait de sa vie une existence à nouveau pleinement humaine : en vivant l’amitié, l’homme se montre authentiquement humain, exprime son essence propre.

Le besoin d’ami de l’homme serait donc lié à sa nature, et l’expression de son humanité.

L’homme aurait ainsi besoin d’un ami pour être pleinement homme.

On peut toutefois se demander si c’est vraiment d’un ami que l’homme a besoin.

Un semblable avec lequel interagir pourrait en effet suffire à l’homme pour briser sa solitude, et exprimer sa nature humaine.

Ainsi, Robinson, dans Vendredi ou les limbes du Pacifique éprouve le besoin de la présence d’autrui pour conforter son existence, mais pas spécifiquement d’un ami.

Il écrit ainsi dans son journal : « Contre l’illusion d’optique, le mirage, l’hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, le délire, le trouble de l’audition… le rempart le plus sûr, c’est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu’un, grands dieux, quelqu’un ! ».

C’est d’un autre être humain qu’il a absolument besoin pour vivre une existence pleinement humaine, pas nécessairement d’un ami.

Surtout, on peut se demander si quelqu’un que l’on désire pour soi, pour son intérêt propre, afin de ne plus se sentir seul, peut proprement être appelé un ami.

L’amitié ne doit-elle pas au contraire être tournée vers l’autre, vers l’ami ? Il semble que si elle répond à un besoin, l’amitié risque d’être dénaturée, et on ne pourrait plus appeler ami l’objet d’une telle relation.

L’amitié véritable est en effet désintéressée, et centrée non pas sur soi mais sur l’ami.

C’est à tort que nous appelons amitié une relation qui se fonde sur l’utilité de l’autre ou le plaisir qu’il nous procure.

Le fondement de l’amitié est en effet ailleurs, et on aime un ami pour lui-même, et non pas pour ce qu’il nous apporte.

Aristote, dans l’ Ethique à Nicomaque , distingue ainsi trois causes possibles qui font que l’on aime : l’utile, l’agréable et le bon.

On peut en effet s’attacher à quelqu’un pour les services qu’il est en mesure de nous rendre.

L’amitié est alors fondée sur l’utilité, elle est un pur échange de bons procédés.

Cependant,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles