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L'art A-T-Il Une Finalité ?

Publié le 18/01/2011

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TEXTE ETUDIE

 

Éveiller l'âme : tel est, dit-on, le but final de l'art, tel est l'effet qu'il doit chercher à obtenir. C'est de cela que nous avons à nous occuper en premier lieu. En envisageant le but final de l'art sous ce dernier aspect, en nous demandant notamment quelle est l'action qu'il doit exercer, qu'il peut exercer et qu'il exerce effectivement, nous constatons aussitôt que le contenu de l'art comprend tout le contenu de l'âme et de l'esprit, que son but consiste à révéler à l'âme tout ce qu'elle recèle d'essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai. Il nous procure, d'une part, l'expérience de la vie réelle, nous transporte dans des situations que notre expérience personnelle ne nous fait pas et ne nous fera peut-être jamais connaître : les expériences des personnes qu'il représente, et, grâce à la part que nous prenons à ce qui arrive à ces personnes, nous devenons capables de ressentir plus profondément ce qui se passe en nous-mêmes. D'une façon générale, le but de l'art consiste à rendre accessible à l'intuition ce qui existe dans l'esprit humain, la vérité que l'homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite l'esprit humain.

C'est ce que l'art a pour tâche de représenter, et il le fait au moyen de l'apparence qui, comme telle, nous est indifférente, dès l'instant où elle sert à éveiller en nous le sentiment et la conscience de quelque chose de plus élevé. C'est ainsi que l'art renseigne l'homme sur l'humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des vrais intérêts de l'esprit. Nous voyons ainsi que l'art agit en remuant, dans leur profondeur, leur richesse et leur variété, tous les sentiments qui s'agitent dans l'âme humaine, et en intégrant dans le champ de notre expérience ce qui se passe dans les régions intimes de cette âme.

Nihil humani a me alienum puto * : telle est la devise qu'on peut appliquer à l'art. *. Rien de ce qui est humain ne m'est étranger

 

« lorsqu’il exerce, permet non seulement à lui mais également à nous, lorsque nous découvrons son œuvre, dedécouvrir des aspects essentiels de ce que l’âme contient, des aspects que, à cause des nombreuses contraintesauxquelles nous sommes soumis, nous n’aurions pas pu découvrir.

L’œuvre nous montre alors, à l’artiste et à nous,ce que l’âme « recèle d’essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai » car l’œuvre est à la fois la paroleprofonde et sincère de l’artiste et la vision du monde du spectateur. Hegel continue sa réflexion en exposant tout d’abord les actions que l’art exerce.

Dans un premier temps, il affirmeque l’art nous procure « l’expérience de la vie réelle » ; c'est-à-dire une expérience beaucoup plus importante quecelle qu’on peut s’approprier tout au long d’une vie.

Il justifie cette affirmation en disant que grâce à l’art nousdécouvrons des situations que nous n’aurions pas découvertes par nous-même.

En effet, une œuvre, que ce soit untableau, un roman, un film ou tout autre produit artistique, nous permet, en partant de cette œuvre, de laisser parla suite notre imagination nous guider pour découvrir chaque détail de la situation représentée.

L’imagination nouspermet donc grâce à l’art d’apprendre ce que notre expérience personnelle n’a pas pu nous apprendre puisque dansune vie, nous sommes confrontés à un nombre limité de situations.

Or, à chaque fois que nous sommes confrontés àune situation, nous en apprenons quelque chose.

Grâce à l’art, nous apprenons sans même avoir besoin de faireautre chose que de nous laisser guider par notre imagination.

Celle-ci a en effet le pouvoir de nous intégrer àl’œuvre, de nous transformer en les personnages représentés.

Nous ressentons par conséquent ce que l’onressentirait à leur place, ce que l’on ressentirait dans la situation représentée.

Nous réfléchissons également sur ceque l’on ferait à leur place, ce que l’on ferait dans la situation représentée.

C’est pour cela que l’imagination permetdans ce cas-là de remplacer l’expérience.

Le fait de nous mettre à la place des personnages nous permet de «ressentir plus profondément ce qui se passe en nous-même », c'est-à-dire que nous, spectateurs, lecteurs ouobservateurs d’une œuvre d’art, nous découvrons tout comme l’artiste des aspects de notre personnalité, desfacettes de notre âme qui nous étaient jusque là restées inconnues pour la simple raison que nous n’avions jamaisété confrontés à la situation qui nous aurait permis de les découvrir.

L’art s’en charge et nous connaissons parconséquent mieux notre propre personne. Ensuite, Hegel nous donne le but de l’art d’une façon générale.

Il s’agit de « rendre accessible à l'intuition ce quiexiste dans l'esprit humain ».

Ce que l’on appelle « intuition » est une forme de connaissance immédiate qui nerecourt pas au raisonnement.

De plus, Hegel précise qu’il entend par « ce qui existe dans l'esprit humain », « lavérité que l'homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite l'esprit humain.

».

Il s’agit enréalité de ce que fait ressortir de nous chaque situation.

Comme nous l’avons vu précédemment, les nouvellessituations engendrent certaines réactions spécifiques de notre part qui nous permettent de nous connaîtredavantage.

Hegel nous apprend ici que ces réactions sont innées : qu’elles sont dans notre esprit depuis toujoursmais qu’elles sont cachées : elles s’y « abritent ».

Elles ont besoin que nous soyons confrontés à la situationauxquelles elles sont couplées pour se révéler à nous.

Après que nous ayons été confrontés une première fois à unesituation spécifique, nous connaissons la réaction que nous allons avoir si cette même situation se représente ànous.

Dans ce cas-là, nous n’aurons pas à réfléchir et nous aurons cette réaction sans avoir à raisonner auparavant: elle aura migré de sa cachette de notre esprit vers le domaine de l’intuition.

L’art, en nous faisant, comme nousl’avons vu précédemment, découvrir ce que nous ferions dans des situations auxquelles nous n’avons jamais étéconfrontés, permet à la réaction dissimulée dans notre esprit de devenir spontanément une intuition.

Ainsi, lapremière fois que nous sommes confrontés à une situation que nous avons vue représentée sur une œuvre d’art,nous laissons notre intuition nous guider, aucun recours au raisonnement n’est nécessaire.

Selon Hegel, l’art a pourtâche de représenter cette « vérité que l'homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agitel'esprit humain.

» : il doit permettre à son public ou ses lecteurs de se représenter eux-mêmes dans la situationreprésentée ; il s’agit de sa mission, c’est ce pourquoi l’art doit exister. Enfin, Hegel nous expose les moyens que l’art emploie pour atteindre les objectifs précédents.

D’abord, il citel’apparence.

Elle nous permet d’être attirés par l’œuvre de pouvoir nous identifier à travers elle.

Puis, dès que notreimagination nous a intégré à l’œuvre, l’apparence ne passe qu’en second plan, derrière notre rêve éducatif ; ellenous est alors « indifférente » puisqu’elle a éveillé « en nous le sentiment et la conscience de quelque chose de plusélevé » : un apprentissage sur l’esprit et dans l’esprit.

De plus, l’esthétique, que l’on peut apparenter à l’apparence,est étymologiquement la science du sensible, ce qui nous renvoie au deuxième mode d’action de l’art qui consiste,d’après Hegel, à « remuer, dans leur profondeur, leur richesse et leur variété, tous les sentiments qui s'agitent dansl'âme humaine ».

L’art pour atteindre ses objectifs utilise nos sentiments : selon ce que l’œuvre représente, celle-civa éveiller chez nous un sentiment particulier.

La richesse culturelle, la variété des arts et des œuvres permettentde faire ressortir la totalité de nos sentiments à des niveaux différents et à des intensités différentes.

C’est ce quenous ressentons dans une situation donnée qui détermine nos actes.

Selon Hegel, l'art doit nous toucher et nousfaire réagir.

Pour ce faire, il rassemble notre vécu et nos sentiments.

Par conséquent, toute œuvre n'aura pas lemême impact sur différentes personnes selon ce qu'elles auront vécu et c’est en jouant avec nos sentiments quel’art réussit à « intégrer dans le champ de notre expérience » ce que notre esprit nous dissimule.. »

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