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L'art élargit-il le champ de la conscience ?

Publié le 01/01/2010

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conscience

 

Elargir le champ de la conscience de quelqu’un signifie donc deux choses, en fonction du type de conscience dont nous parlons. Elargir le champ de la conscience psychologique d’un être veut dire « faire entrer dans la sphère de cette conscience des pensées et des images qui lui sont encore inconnues « ; élargir le champ de la conscience morale a pour sens « apporter des préceptes et des connaissances qui permettent à l’individu de distinguer entre le bien et le mal «. Dans les deux cas, il s’agit de procurer à l’individu des connaissances ou des idées qui suppléent à son ignorance et lui permettent de se rapporter différemment au monde qui l’entoure.

A première vue, nous pouvons penser que loin d’élargir le champ de notre conscience, l’art est plutôt ce qui la fausse, la rend incapable de bien juger du monde, puisqu’il introduit en elle des idées fausses et des exemples pernicieux. Mais nous verrons que non seulement l’art élargit le champ de notre conscience psychologique en lui apportant des expériences que sans lui elle n’aurait jamais fait, mais également celui de notre conscience morale.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’art apporte à la conscience des idées et des connaissances qui l’accroissent ou qui, au contraire, en faussent le fonctionnement.

I.       L’art réduit la sphère de la conscience psychologique autant que de la conscience morale

 

a.      L’art ne présente que des images trompeuses à la conscience psychologique de l’individu

Nous commencerons par dire que l’art n’élargit pas le champ de notre conscience psychologique, ce qui reviendrait à affirmer qu’il nous apprend quelque chose de neuf et d’exact sur le monde qui nous entoure, mais nous présente au contraire des images inexactes qui faussent le fonctionnement de notre conscience.

 

conscience

« la pureté de la langue et la rigueur parfaite de l'alexandrin, (notamment chez Racine) c'est une extrême violence quise donne libre cours.

Les passions dans la tragédie classique sont exprimées comme du feu maintenu sous la glace.Nous pouvons notamment constater cette extrême violence des passions évoqués par les personnages dans l'extraitsuivant de Phèdre de Racine qui dépeint la passion amoureuse : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;Je sentis tout mon corps, et transir 3 et brûler. Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables.Par des vœux assidus je crus les détourner :Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ;De victimes moi-même à toute heure entourée,Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.D'un incurable amour remèdes impuissants !En vain sur les autels ma main brûlait l'encens :Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,J'adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,Même au pied des autels que je faisais fumer.J'offrais tout à ce dieu, que je n'osais nommer.Je l'évitais partout.

Ô comble de misère !Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père ». Phèdre , Acte I, scène 3. De ceci nous tirerons que l'art ne permet pas d'élargir le champ de notre conscience morale, ce qui nous permettraitde mieux distinguer entre le bien et le mal.

Il nous donne au contraire le spectacle de passions corruptrices qui faitentrer dans notre conscience des images qui en faussent le fonctionnement.

Racine a cautionné son jugement, encessant d'écrire des pièces de théâtre durant des années sous l'influence du mouvement janséniste. II.

Cependant, l'art nous permet bel et bien d'élargir le champ de notre conscience psychologique… a.

L'art nous permet d'accéder à la conscience de l'existence d'autrui… Cependant, nous ne pouvons en rester à cette thèse qui affirme que l'art fausse le fonctionnement de notreconscience beaucoup plus qu'il ne l'élargit.

En effet, nous dirons que l'art élargit bel et bien notre conscience, en yfaisant pénétrer la certitude de l'existence d'autrui.

Car instinctivement, l'homme a tendance à être solipsiste :l'impériosité de ses besoins, l'expérience nécessairement solitaire qu'il fait de ses propres douleurs et de ses affectsen général, tendent à lui faire croire qu'il est la seule réalité véritablement existante et qu'autour de lui, dans lechamp de sa conscience, ce ne sont que des formes qui se tiennent et disparaissent dès lors qu'elles ne sont plusembrassées par sa conscience.

Mais par l'art, l'homme accède à la certitude qu'autrui existe, car l'artefact artistiqueest comme la preuve matérielle de l'existence de l'être qui l'a produit, quelque chose comme la trace de pied quidans l'ile de Robinson Crusoé atteste de la présence d'autres hommes.

L'art et un moyen de sortir de l'expérience dudoute hyperbolique décrite par Descartes dans les Méditations Métaphysiques .

Ainsi, le plaisir éprouvé par le spectateur devant une œuvre d'art s'identifie au plaisir lié à la conscience de vivre l'expérience unique d'une autresubjectivité que la notre.

A ce titre, nous dirons que l'art est bien un moyen d'élargir le champ de notre conscience,puisqu'il nous permet d'accéder à la certitude de l'existence d'autrui.

Kafka affirmait à ce propos : « La littérature est la hache qui vient briser la mer gelée en nous ».

b.

… ainsi qu'au contenu singulier de cette conscience Allant plus loin, nous dirons que l'œuvre d'art peut être considérée comme ce qui élargit le champ de notreconscience, car elle fait plus que nous révéler l'existence d'autrui : elle nous donne accès au contenu de cetteconscience.

Telle est la thèse de Marcel Proust dans cet extrait de « A la recherche du temps Perdu » :. »

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