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L'art est-il le miroir de l'homme ?

Publié le 16/12/2009

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L’art est condamné car il est double apparence de l’homme, ou u mieux accepté en tant que pâle reflet de l’essence humaine.

            Dans l’antiquité grecque, le miroir est un tabou car il est révélateur du temps et qu’il reflète donc sur l’homme la finitude. Dans la société du face à face, chacun vit par le regard de l’autre; d’où le paradigme de la vision dans L’Iliade et l’Odyssée du poète Homère: Ulysse, l’ « homme au mille tours « crève l’œil du cyclope qui est ainsi doublement aveugle – il ne peut plus voir mais ne peut plus non plus être vu-. L’art est mimésis de la nature sensible, elle-même pâle reflet des Eidos du monde intelligible; aussi, l’art est imitation à la puissance deux. Dans cette perspective, l’artiste est celui qui nous enferme dans l’apparence de la Caverne et nous attache aux chaînes de l’illusion; l’artiste est l’anti-philosophe qui doit être banni de la cité.  Platon l’oppose dans La République au philosophos qui nous délivre et nous mène sur le chemin de la dialectique ascendante jusqu’à la contemplations des Formes du monde intelligible et de la trilogie platonicienne: Beau-Bien-Vrai. Ainsi, l’art est une double apparence de la vérité, une supercherie, une tricherie. 

« s'affirme comme créateur, comme auteur d'une vision (Van Eich l'a fait).

Il s'amuse à apparaître dans sa création parl'intermédiaire du miroir qui renvoie l'image de l'artiste qui crée le tableau.

L'artiste affirme son identité et cettetendance s'accentue jusqu'à devenir aujourd'hui primordiale: ce n'est plus l'œuvre qui compte, c'est la vie del'artiste, c'est l'artiste lui-même.

L'art moderne n'est pas la mort de l'art mais simplement l'art pour l'art qui n'est plusle reflet de l'homme mais devient la marque du créateur.

L'art instantané qui déforme le corps ou bien l'art abstraitpeuvent ne pas être compris; pourtant, ils sont une dérive de l'affirmation du créateur, de son originalité, de sesexpériences, de sa vision, de sa vie, de ses fantasmes… En effet, l'art peut être l'expression d'affects refoulés.Selon la topique et la dynamique freudiennes , le ça, « marmite du désir », libère un affect incompatible avec les interdits sociaux et parentaux intériorisés dans le surmoi et est donc refoulé dans l'inconscient.

Mais, ce désirrefoulé tend à revenir à la conscience sous forme de substituts ou ersatz.

C'est ainsi que Toulouse-Lautrec, infirme,représente à merveille des cavaliers, et compense ainsi son handicap.

« L'artiste est un introverti qui frise lanévrose » et qui crée afin de sublimer ou compenser ses désirs et se consoler de la réalité.

L'œuvre est dans cetteperception une revanche sur la vie, l'expression d'un manque qui cherche à se combler.

Pourtant, cette approcheréductionniste et négative de l'art comme revanche est fortement critiquée par Nietzsche qui le conçoit comme l'expression d'un grand désir, d'un trop plein.

Par sa distinction de l'Apollinien et du Dionysiaque, il fait de l'artiste unsurhomme qui exalte les passions de la vie et contemple la réalité.

Cette approche positive s'oppose à la visionaristotélicienne de la catharsis: la tragédie grecque et ses deux ressorts – pitié et horreur – fait partager deux sentiments aux hommes afin de contrôler l'hybris.

Par conséquent, dans un second moment, l'approche humaniste se double de l'intérêt pour l'homme etl'affirmation de l'être, d'abord en tant qu'existence singulière mais de plus en plus en tant que subjectivité.

L'art estle miroir de la subjectivité de l'homme, de son conscient et inconscient.

L'art pourtant a une intention esthétique: labeauté en soi, universelle et absolue.

Sa vocation originelle est-elle un reflet de l'homme lui-même? L'art est le miroir de l'universalité de l'étant, qui cherche à acquérir l'immortalité par la création.

L'art a unevocation à l'universalité.

La doxa clame « A chacun ses goûts » mais elle confond l'agréable, plaisir particulier intéressé, et le beau,plaisir universel désintéressé.

Kant affirme l'universalité du jugement du goût: « C'est Beau »; en contemplant l'œuvre, le spectateur est invité à l'universel, il cherche d'ailleurs à dialoguer, à échanger des pensées d'âme à âme.Cette subjectivité transcendantale élabore une nouvelle définition du beau: « Ce qui plaît universellement sansconcept » car le beau est désintéressé, sans concept, d'une finalité sans fin, nécessairement satisfaction etsymbole du bien.

La beauté en soi, infinie, éternelle, absolue est une forme universelle.

Dans cette perspective,celui qui a du goût c'est celui qui n'a pas de goût mais qui apprécie simplement la beauté en elle-même.

Lacommunion du spectateur et de l'œuvre manifeste de cet appel à l'universalité dont chaque être, chaqueconscience est vouée.

De plus, l'artiste cherche à atteindre le modèle humain: la statue de Polyclète qui respecte les proportionsdu canon et l'idéal du nombre d'or ou encore les proportions de De Vinci montrent que l'artiste ne cherche pas àreprésenter un homme mais plutôt à modéliser l'homme.

L'art est donc le miroir de l'Humanité, c'est-à-dire del'Homme.

D'ailleurs, l'art invite à la morale.

Montaigne , avec son écriture « à l'aventure » ou bien toute autobiographie, par exemple les Confessions de Jean Jacques par Rousseau, sont le miroir d'une subjectivitéparticulière qui invite le jugement d'autrui.

Chaque conscience psychologique est donc aussi une conscience moraleavec un procureur, un avocat et un juge car l'art invite à la morale désintéressée.

D'ailleurs, le courant surréalisteprovoquait cette pris de conscience: Breton pointait son révolver sur un public dans un théâtre pendant deuxheures en obligeant les gens à se regarder eux-mêmes: « Jugez-vous! ».

Mais, plus encore, c'est le génie qui est peut-être le plus le miroir des hommes.

L'originalité,l'incompréhensibilité, l'exemplarité sont propres au génie, inspiré, animé du souffle divin.

Le génie est original dans lamesure où il ne respecte pas les règles.

Il est incompréhensible car le spectateur ne parvient pas à expliquer nimême le créateur qui est envahi d'une sorte de fièvre quand il crée - Rodin est littéralement hors de soi quand ilsculpte.

Il est exemplaire car il crée les propres règles de l'art.

Cet enthousiasme du au don, talent naturel, cultivépar le travail infini de la matière afin de la maîtriser parfaitement est une inspiration divine.

Ce n'est plus l'artiste quicrée, c'est Dieu lui-même qui s'infiltre en lui, c'est la parcelle de divinité inhérente à l'homme qui s'exalte, c'est ledaimon de l'homme qui se manifeste pleinement.

Ainsi, l'homme a vocation à l'universalité, et l'art est le miroir de cette universalité tant cherchée.

Larecherche des proportions idéales, l'appel à la morale universelle, l'apparition du génie manifestent la vocation del'art: la Beauté qui se confond avec la finalité de l'être – le Bien -.

C'est peut-être là que réside la vérité de l'art, quiest un révélateur de l'homme meilleur et plus réel que l'homme lui-même.

L'art est le miroir du surhomme, de l'homme. »

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