L'art est-il une fuite de la réalité ou ce qui en fait apparaître la vérité ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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les aristocrates avaient une vie essentiellement faite de loisirs, de flâneries et de dîners mondains.
Baudelaire a unepensée résolument moderne et antiacadémique, mais il ne s'y abandonne pas totalement, car il reste en retrait parrapport à elle en voulant fonder une esthétique propre à son époque.
3) L'art comme fuite des douleurs de la vie.
L'œuvre d'art, qui communique à un large public cette connaissance, vaut donc non pas en tant que création (quine serait qu'exaltation de la volonté), mais comme la possibilité d'une expérience métaphysique qui nous délivre momentanément de la « roue d'Ixion » de la causalité phénoménale .
Qu'il s'agisse d'un spectacle naturel, d'un monument, d'un tableau peint, d'un poème, le plaisir pur, désintéressé, est à la fois affranchissement du sujetconnaissant et jouissance intuitive de la chose même. D'ailleurs, il existe un art capable d'atteindre directement la volonté elle-même, sans passer par l'objectivation de l'idée : « La musique nous donne ce qui précède toute forme,le noyau intime, le cœur des choses.
» Elle est le plus profond, le plus puissant de tous les arts.
Nul mieux queSchopenhauer n'a justifié la signification universelle du génie de Mozart et de Beethoven.
Bien au-delà d'unesentimentalité individuelle, c'est le monde même, comme volonté, qui est répété dans ses harmonies et sesdissonances.
En dehors de tout concept, le langage immédiat de la musique est « un exercice métaphysiqueinconscient ».
Pensée que Schopenhauer appliquera à la tragédie : « Ce qui donne au tragique un élan particuliervers le sublime c'est la révélation de cette pensée que le monde, la vie, ne peut nous satisfaire vraiment, et parconséquent n'est pas digne de notre attachement : c'est en cela que consiste l'esprit tragique - il nous met ainsisur la voie de la résignation.
» Le monde comme volonté et comme représentation I, 3, 51). Le rapport ambiguë de l'art et de la vérité.
Pour Platon, l'art est magique, d'une magie qui délivre de toute superficialité ; il est folie, délire ( Phèdre , 245 a), mais en cela il nous ravit dans un ailleurs, dans un au-delà, dans le domaine des essences.
Loin de résiderexclusivement dans l'objet, dans le visible, le Beau est, en soi, condition de la splendeur du visible et, à ce titre,idéal dont l'artiste doit se rapprocher ; d'où le thème de la mimèsis.
De la beauté des corps à celle des âmes, decelle des âmes à celle de l'Idée, il y a une progression, qu'énoncent les textes de l' Hippias majeur et du Phèdre et que ramasse la dialectique du Banquet et de La République ; mais il faut noter que l'Idée du Beau est seule à resplendir dans le sensible ; seule capable de séduire directement, elle est distincte des autres Idées.
D'où lacomplexité de l'esthétique platonicienne.
Car, d'un côté, l'art ne peut être que second par rapport au Vrai ou au Bien et le Beau est en désaccord avec le Vrai et le Bien, puisqu'il apparaît dans le sensible ; pourtant, ce désaccordest heureux, et le Beau rejoint le Vrai parce qu'il révèle ou désigne l'Être au sein du sensible ; et l'art, s'il peut etdoit être condamné, en ce que l'imitation des Idées telle qu'il l'accomplit est toujours de second ordre, méritecependant d'être pris en considération en ce qu'il est médiation : par lui s'articule la différence entre sensible etnon-sensible. Aussi, l'art qui n'est fait qu'apparence est capable de révéler une idée, vérité de l'être paradoxalement transcendante par rapport à toute réalité.
Conclusion.
C'est tout le paradoxe et la grandeur de l'art que d'être à la fois la révélation d'une vérité et l'occasion d'une rêverieet d'une fuite de la réalité.
C'est peut être à cela que l'on reconnaît les plus grands chefs d'œuvre par leur capacitéà nous transporter dans un autre monde cohérent et signifiant que nous ignorions jusqu'à présent.
L'art ouvre lesportes d'un autre monde qui est pourtant le notre vu à travers le prisme d'un artiste.
Mais, il ne faut pas pourautant faire de l'art un prétexte pour fuir la réalité, un lieu de notre faiblesse à affronter les difficultés de la viequotidienne.
L'art doit rester ce qui nous aide à supporter la vie et non ce qui doit la remplacer..
»
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