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L'art n'a-t-il pour fonction que de nous libérer de nos passions?

Publié le 14/01/2020

Extrait du document

La sauvagerie, force et puissance de l'homme dominé par les passions, [...] peut être adoucie par l'art, dans la mesure où celui-ci représente à l'homme les passions elles-mêmes, les instincts et, en général, l'homme tel qu’il est. Et en se bornant à dérouler le tableau des passions, l'art alors même qu'il les flatte, le fait pour montrer à l'homme ce qu'il est, pour l'en rendre conscient. C'est [...] en cela que consiste son action adoucissante, car il met ainsi l'homme en présence de ses instincts, comme s'ils étaient en dehors de lui, et lui confère de ce fait une certaine liberté à leur égard. Sous ce rapport, on peut dire de l'art qu'il est un libérateur. Les passions perdent leur force, du fait même qu'elles sont devenues objets de représentations, objets tout court. L'objectivation des sentiments a justement pour effet de leur enlever leur intensité et de nous les rendre extérieurs, plus ou moins étrangers. Par son passage dans la représentation, le sentiment sort de l'état de concentration dans lequel il se trouvait en nous et s'offre à notre libre jugement.

Hegel

1. a. Quelle est la thèse de ce texte?

b. Dégagez les étapes de son argumentation

2. Expliquez :

a. « l'art alors même qu'il les flatte, le fait pour montrer à l'homme ce qu'il est, pour l'en rendre conscient » ;

b. « Les passions perdent leur force, du fait même qu'elles sont devenues objets de représentations ».

3. L'art n'a-t-il pour fonction que de nous libérer de nos passions?

le temps des événements personnels ou importants : c'est le cas des monuments commémoratifs ou des poèmes historiques. II peut également avoir pour seul but de divertir, c'est-à-dire de détourner du rythme et des soucis quotidiens. L'art représente alors un espace de liberté dans le sérieux de la vie ordinaire. C'est dans le même esprit qu'il tient souvent une fonction subversive : l'art est souvent le véhicule et parfois le camouflage de la critique politique.

L'art, on le voit, peut avoir des fonctions variées et distinctes de son action sur les passions. Mais faut-il toujours raisonner en termes de fonctions ? Lorsqu'on pense en ces termes, l'art ne risque-t-il pas d'être réduit à un simple moyen pour autre chose au lieu d'être apprécié pour lui-même ? Sans doute l'art assure-t-il effectivement toutes les fonctions que nous avons évoquées, mais il tend également à être

« Ci) Corrigé 1.

a.

Hegel s'attache ici à montrer que l'art ne vaut pas seulement pour lui-même et a également une fonction « adoucissante ,, pour les passions humaines.

L'art en effet représente, exprime les passions et permet ainsi aux hommes d'en prendre conscience et de mieux les comprendre pour mieux les dominer.

b.

Ce texte, d'un seul tenant, développe de bout en bout le même thème.

Il serait donc artificiel de le découper en parties distinctes; on peut du moins souligner les concepts principaux développés par Hegel : il expose tout d'abord l'idée que l'art, simplement en « déroulant le tableau des passions », peut adoucir la « sauvagerie » qui est en l'homme.

Il souligne alors son effet libérateur, et l'explicite enfin en montrant qu'il extériorise les passions et nous les rend« étrangères».

2.

a.« l'art alors même qu'il les flatte, le fait pour montrer à l'homme ce qu'il est, pour l'en rendre conscient».

Hegel reprend ici un très vieux débat qui porte sur la «moralité» de l'art: en représentant les passions les plus vio­ lentes d'une façon particulièrement expressive, la peinture, mais surtout la littérature et le théâtre ne les encouragent-ils pas, n'ont-ils pas pour effet d'exa­ cerber ces passions? Aristote parlait déjà d'une action purifiante par laquelle le spectateur se déchargeait symboliquement de ses passions en les voyant jouées au théâtre; Saint Augustin au contraire condamne les spectacles en leur reprochant de préparer l'âme à éprouver les plus violentes passions.

Hegel se range plutôt du côté d'Aristote et montre que l'art n'a pas besoin de condamner les passions « sauvages » pour avoir une vertu apaisante : il constitue au contraire un moyen habile d'aider les hommes à mieux se connaître.

L'individu méfiant à l'égard d'un sermon moralisateur sera tou­ ché plus efficacement par l'art car il s'attend à écouter une histoire fictive et découvre que cette histoire est la sienne.

b.

«Les passions perdent leur force, du fait même qu'elles sont devenues objets de représentations».

Les passions sont par définition obscures puis­ qu'elles ne sont pas des forces mises en œuvre par la volonté après mûre réflexion, mais des mouvements qui naissent en nous sans que nous les raisonnions.

Nous ne les identifions souvent comme telles que tardivement : .

l'individu passionné est« hors de lui», fasciné par l'objet de son amour, de sa colère, etc.

L'art réussit donc cette prouesse d'exprimer, de faire sortir vers l'extérieur cette force obscure et intérieure qu'est la passion: il lui donne un nom, il en dévoile les ruses et la puissance, il en montre les effets.

Bref, il en fournit. »

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