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« L'art ne reproduit pas le visible. Il rend visible. » Que pensez-vous de cette phrase de Paul Klee ?

Publié le 11/06/2013

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klee

Van Gogh justifiait d'autre part l'emploi de couleurs «arbitraires«, 

très éloignées de celles du modèle. La beauté d'un objet, disait-il à son 

frère, «on la perd par une imitation pénible, littérale ; on la garde en la 

recréant par une gamme de couleurs parallèles, très éloignées d'être 

conformes au modèle «. La valeur de l'art moderne est moins la vérité, au 

sens où Diderot l'entendait, que la fidélité, qui n'est pas l'exactitude. Il 

s'agit moins de rendre la « vérité « du modèle que de garder, en le 

recréant, un fragment du monde, un visage, un champ de blé, et 

l'impression qu'il suscite.

klee

« La peinture comme la sculpture sont des arts qui représentent la réalité.

Elles tirent le ur contenu du monde extérieur, de tout ce qu'on peut y voir.

Le but de la peinture est bien de représenter le monde.

Pour autant, toute représentation n'est pas reproduction exacte. La confusion a pu cependant être entretenue depuis la Renaissance.

A cette époque, les peintres italiens découvrent et théorisent une nouvelle méthode de représentation qui allait être celle de la peinture pendant plusieurs siècles : la perspective.

L'espace pictural est unifié et construit mathématiquement à partir d'un observa teur unique.

Ainsi, l'une des règles de la perspective veut que la taille des objets diminue en proportion exacte de leur distance à l'observateur, reproduisant ainsi sur la toile la différence que font sur notre œil un objet proche et un objet éloigné dan s la réalité.

La perspective, jointe à l'évolution des techniques et des matériaux, comme la peinture à l'huile, purent bientôt donner au spectateur d'un tableau l'illusion « photographique » de voir le paysage ou le visage comme ils sont dans la réalité.

La peinture hollandaise du XV II e siècle poussa à la perfection cet art de la reproduction. Pourtant, le projet des peintres de la Renaissance, ou des Hollandais, n'était pas de reproduire la réalité.

L'historien de l'art Pierre Francastel l'a bien montré.

La perspective correspond avant tout au souci de la composition, et non à celui d'imiter la réalité vue : « Ce qui compte, ce n'est pas la ressemblance plus ou moins grande avec l'impulsion première provoquée par un phénomène...

c'est le mécanisme qui rend possible l'intégration dans une composition unique d'éléments à l'origine étrangers les uns aux autres dans l'espace et dans le temps.

» La représentation plus fine de la réalité inaugurée par la Renaissance n'est qu'un effet de composition, non le but du projet d'imiter toujours mieux le réel. On nous objectera que des courants artistiques, comme le naturalisme ou l'hyperréalisme, avaient bien, eux, le projet de reproduire la réalité visible au plus près.

Pour ces deux courants, quoique par ailleurs fort différents, on peut dire en effet que la toile la plus parfaite est la toile vraie, celle qui pousse à son comble l'illusion réaliste, celle qui nous fait croire que le portrait va se mettre à sourire. Diderot (1713 -1784) est au XVIII e siècle un représenta nt enthousiaste de l'esthétique naturaliste.

Lors des salons, il adresse les éloges et les blâmes au nom du naturel.

La peinture est pour lui art d'imitation, et plus l'imitation est fidèle, plus la toile est vraie, plus on s'émeut à la regarder.

« C'est l a nature même, s'exclame Diderot devant une toile ; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux.

» Le naturalisme privilégie les scènes de genre, les objets de la vie quotidienne, comme chez le peintre Chardin (1699 -1779). Mais, pré cisément, il s'agit d'une esthétique.

Faire vrai n'est pas imiter la réalité : c'est une certaine manière de peindre qui s'oppose. »

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