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L'art n'est-il qu'une apparence?

Publié le 11/03/2005

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N'est-ce pas un cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval. Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.  Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas. Est beau ce qui est parfait. Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées. Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées. La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre. La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.  Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet. Le poète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

L'apparence renvoie d'un côté à ce qui est trompeur ou déception ; mais elle renvoie aussi à la réalité sensible, la réalité qui apparaît aux sens. Autrement dit, dire que l'art est le règne de l'apparence, ce n'est pas nécessairement dire que l'art est trompeur : d'ailleurs l'art a-t-il jamais trompé qui que ce soit ? Traditionnellement, l'art se donne la plupart du temps pour ce qu'il est ; un tableau qui représente une personne, aussi parfait et réaliste soit-il, a toujours un cadre, un titre, il est signé : il se montre comme oeuvre d'art, il n'essaye pas de se faire passer pour la chose même. La définition philosophique de l'apparence renvoie souvent à une essence ou à une réalité dont elle ne serait que le négatif ou la version dégradée. Mais dans ce cas, si l'apparence est dévalorisée, l'art n'est pas vraiment trompeur ; mais simplement il n'est pas quelque chose de digne. Pour la critique classique de l'art comme règne de l'apparence, il est conseillé de se référer aux textes de Platon, Philèbe 64-65, et La République, X, 598a-600. Pour Platon, l'art n'est pas seulement apparence ; il est une copie au deuxième degré (les choses étant elles-mêmes des copies au premier degré des idées ; l'art copie les choses et ne copie pas les idées même. Il est une copie d'apparence, une apparence d'apparence). Mais la critique de Platon n'est plus tellement d'actualité. D'abord, parce que l'art s'est émancipé de la représentation : la peinture avec le cubisme par exemple ne se contente plus de représenter la réalité telle qu'elle apparaît. La poésie même ne consiste plus en un récit qui "imiterait" une action (voir à l'opposé la conception d'Aristote). Ensuite, parce que, en même temps qu'il s'émancipait de la représentation, l'art devenait moins "sensible" et plus intelligible : par exemple le pop art est un art conceptuel au sens où ce qui prime c'est l'idée de l'artiste, et non plus sa réalisation sensible. Le sujet mentionne le "règne de l'apparence", presque comme s'il s'agissait d'un monde à part qui aurait ses propres règles, règles qui seraient tout à fait différentes de celle du monde réel ou intelligible. On peut penser aux exemples du surréalisme. Ce qui fait le problème de ce sujet, c'est qu'habituellement l'apparence se définit en opposition avec une réalité dont elle n'est que l'apparence, le travestissement ; or ici (et surtout si on prend en compte le fait que l'art s'est progressivement émancipé de la représentation), en définissant l'art comme règne de l'apparence, l'apparence ne semble plus renvoyer à aucune réalité hors d'elle-même ; alors s'agit-il encore bien d'apparence ? Autre référence utile : Nietzsche, La naissance de la tragédie, qui oppose, dans l'art, un principe des apparences (Apollon) et un autre principe (Dionysos).

  • I) L'art n'est qu'apparence.

a) On ne peut pas penser le beau en soi. b) La beauté, en art, est relative. c) Est beau ce qui est utile et agréable.

  • II) L'art n'est pas qu'apparence et mensonge.

a) L'apparence révèle l'essence. b) L'art révèle la vérité du monde.

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« règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation . L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiairede nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'ilreprésente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurgequi a façonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contententde les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.

On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théoriquede la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Toutd'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuiteparce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beauce qui est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent,. »

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