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L'art peut-il être sans règles ?

Publié le 16/11/2012

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En quoi peut-on affirmer que les règles ainsi que la codification de la démarche artistique et esthétique constituent un organe- obstacle de l'art ? I/ L'art s'oppose à l'idée de règles au sens où l'art fait exploser les contraintes Correspond à une idée reçue : l'artiste c'est un homme libre La pensée selon laquelle l'art c'est la liberté, un domaine où règne l'absence de règles, est une idée très répandue. L'artiste est généralement considéré comme une personne ne travaillant pas réellement. Le poète est souvent perçu par exemple comme un rêveur touché par l'inspiration des Muses ; Platon fait ainsi l'analogie entre l'art du devin qui rend des oracles, comme la Pythie à Delphes qui entrait en transe pour proférer des oracles, et l'art du poète. Comme si l'oeuvre artistique était uniquement le fruit de la libre inspiration de l'artiste. Kant oppose d'ailleurs l'idée du travail de l'artiste d'un métier à proprement parlé au chapitre 43 de la Critique de la faculté de juger : « L'art est [...] distinct du métier ; l'art est dit libéral, le métier est dit mercenaire. On considère le premier comme s'il pouvait obtenir de la finalité (réussir) qu'en tant que jeu, c'est-à-dire comme une activité en elle-même agréable ; on considère le second comme un travail, c'est-à-dire comme une activité qui est en elle-même désagréable et qui n'est attirante que par son effet (par exemple le salaire), et qui par conséquent peut-être imposée de manière contraignante. «. L'artiste n'est pas assujetti à quelque chose d'extérieur, comme les besoins ou la subsistance, il est en quelque sorte désintéressé ; au rebours, le métier qui est qualifié de « mercenaire « n'est effectué que par contrainte. Cependant, cette thèse est contestable car d'une part, jusqu'à la Renaissance les oeuvres étaient le fruit de commandes de princes mécènes et, encore de nos jours, certains artistes travaillent pour l'argent ; et d'autre part, de nombreux souffrent en travaillant. S'astreindre à trop des règle, conduit au risque de l'académisme Par ailleurs, l'attachement excessif à un enseignement conventionnel pourrait tourner à l'académisme et au dogmatisme esthétique. En effet, de tout temps, ceux qui ont désiré acquérir l'indispensable technique, qu'on peut nommer arts plastiques, nécessaire à la création artistique, se sont groupés autour d'artistes de renom, tel des apprentis avec leur maître : ce fut les premières académies. Même si certains se sont appropriés et ont « digéré « cet enseignement pour réaliser des oeuvres personnelles, d'autres se sont simplement contentés d'appliquer, sans forcer leur imagination, les règles théoriques et les techniques qu'ils apprenaient. C'est ainsi que les véritables novateurs artistiques ont souvent dénoncé cette subordination de la véritable création artistique à la scolastique dispensée dans les académies. Autre exemple, au cours de l'histoire, on a cherché à définir le beau par des critères objectifs, dans le but de définir ce que doivent être les oeuvres d'art pour pl...

« c.

L’art commence là où la technique s’arrête : il se situe au-delà du domaine de l’utile L’objet technique et l’œuvre artistique sont tous deux des artefacts ; cependant les contraintes liées à la fabrication du premier disparaissent rapidement dans le cas de l’œuvre artistique.

D’abord l’œuvre d’art se distingue quant à sa fin : elle n’a pas en soi de vocation utilitaire.

Elle est à elle-même sa propre fin, alors que l’objet artisanal a d’abord pour fonction de satisfaire des besoins.

L’art qui vise la création du beau s’affranchit de l’utile.

En outre, dans la production industrielle, chaque exemplaire d’un objet utilitaire se doit d’être similaire au prototype élaboré auparavant ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre artistique car l’unicité fait l’essence de celle-ci.

Et de toute manière, même si l’artiste s’efforce de réaliser plusieurs versions d’une même œuvre, chaque œuvre présente une originalité qui la rend unique : en témoigne le projet de Cézanne lorsqu’il peint à quatre-vingt reprises la Montagne Sainte-Victoire dans son fief d’Aix-en-Provence.

Pour terminer, alors que la production d’un objet utilitaire dans l’artisanat répond à un besoin précis de sorte que l’objet doit obéir à une sorte de cahier des charges qui commandent dans sa réalisation l’accomplissement de règles précises dont la définition préexiste à leur réalisation, la création artistique semble à première vue indépendante et libre de ce genre de considérations. Certes l’artiste et son art semblent en quelque sorte être libres, surtout lorsqu’on les compare à l’artisan et son artisanat.

Mais il faut bien comprendre l’artiste se doit d’exercer sa pratique en fonction de règles et de dogmes dans l’optique de produire des œuvres parachevées démontrant leur indéniable virtuosité.

Il se doit de le faire : ceci implique donc qu’il peut ne pas le faire mais ne prend-il le risque de décrédibiliser son œuvre en agissant de la sorte ? II/ Sans règles la création artistique se trouve réduite a.

Savoir obéir avant de transgresser En effet, sans un minimum de règles présupposées, la création artistique se retrouve limitée voire amoindrie.

De prime abord, l’artiste ne doit-il pas maîtriser à la perfection tous les rouages et règles de sa discipline avant de franchir le pas avec une œuvre nouvelle (au sens novatrice) ? Il semble que l’artiste doit effectivement être avant toute chose un artisan accompli et émérite.

Dans l’ Essai sur le Goût, Montesquieu écrit : « Tous les ouvrages de l'art ont des règles générales, qui sont des guides qu'il ne faut jamais perdre de vue.

».

En fait, les artistes les plus illustres obéissent aux règles : Shakespeare, Molière, Michel-Ange ou encore Bach ont suivi des règles identifiables.

Leurs outils, la matière sur laquelle ils travaillent sont communs et connus de tous.

Les mots de Shakespeare appartiennent au commun langage.

Molière s'exprime dans une langue qui, avant que l’on ne la surnomme la langue de Molière, est celle de tous.

Les plus grands écrivains, comme Molière, sont ceux qui se sont adonnés à une parfaite maîtrise de la grammaire ainsi qu’à l’acquisition un lexique extrêmement riche.

Pourtant, son œuvre atteint un tel degré de singularité qu'on nommera le français "la langue de Molière".

Toujours dans l’ Essai sur le goût , Montesquieu ajoute à ce propos : « Les peintres et les sculpteurs ont établi les proportions qu'il faut donner au corps humain, et ont pris pour mesure commune la longueur de la face ; mais il faut qu'ils violent à chaque instant les proportions, à cause des différentes attitudes dans lesquelles il faut qu'ils mettent les corps : par exemple, un bras tendu est bien plus long que celui qui ne l'est pas.

Personne n'a jamais plus connu l'art que Michel- Ange ; personne ne s'en est joué davantage.

Il y a peu de ses ouvrages d'architecture où les proportions soient exactement gardées ; mais, avec une connaissance exacte de tout ce qui peut faire plaisir, il. »

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