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l'artiste apprend-il à voir ce que, d'ordinaire, nous ne voyons pas ?

Publié le 27/02/2008

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Le peuple esquimau est capable de distinguer une grande multiplicité de variantes de blanc.             Tout homme est donc susceptible de voir sa perception du monde s?enrichir de nouveaux critères, de nouvelles valeurs. Les études de Piaget sur la psychologie enfantine montre que les catégories perceptives ne se constituent que petit à petit, l?expérience aidant. Le nouveau né est encore incapable de faire des discriminations entre objets suivant la distance. Ce n?est que petit à petit que l?entendement humain apprend à découper la réalité en une juxtaposition d?objets autonomes les uns par rapport aux autres, tandis que le très jeune enfant se fie aux relations de voisinage, sa faculté d?abstraction n?étant pas encore suffisamment développé. C?est pourquoi il peut pleurer lorsqu?il voit un autre enfant ou sa mère se faire mal.             Il est peut-être trop rapide de dire que l?amateur d??uvre d?art s?enkyste nécessairement dans une position de spectateur passif et demeure incapable de tirer un quelconque bénéfice de sa fréquentation des ?uvres d?art. Cependant si ce bénéfice existe, encore faut-il tenter d?en éclaircir la nature et voir qu?il n?est pas non plus automatique. Certaines ?uvres d?art très connues ne provoquent aucun émoi en nous, tandis que, si nous sommes disposés, une ?uvre de moindre valeur peut nous bouleverser.   III-L?artiste peut nous apprendre à voir ce que, d?ordinaire, nous ne voyons pas.

« Il est peut-être trop rapide de dire que l'amateur d'œuvre d'art s'enkyste nécessairement dans une positionde spectateur passif et demeure incapable de tirer un quelconque bénéfice de sa fréquentation des œuvres d'art.Cependant si ce bénéfice existe, encore faut-il tenter d'en éclaircir la nature et voir qu'il n'est pas non plusautomatique.

Certaines œuvres d'art très connues ne provoquent aucun émoi en nous, tandis que, si nous sommesdisposés, une œuvre de moindre valeur peut nous bouleverser. III- L'artiste peut nous apprendre à voir ce que, d'ordinaire, nous ne voyons pas. Il arrive que la vue d'un tableau, l'audition d'une symphonie, nous révèle tout un monde et bouleverse notre perception.

L'artiste agit alors comme un passeur qui nous projette dans un autre univers.

Si, devenir malade c'est,comme Canguilhem l'a souligné, changer de corps, on peut dire que l'art, à l'image d'une maladie singulière agit surnous de sorte qu'elle modifie notre perception.

Non pas que l'art ajoute quelque chose au réel ou lui superpose uneconstruction : il nous le livre différemment, nous ouvre à certaines de ses facettes que nous ignorions alors. Dans son livre La peinture cubiste , Paulhan nous fait part d'une aventure perceptive qu'il a eu.

Rentrant un soir chez lui et ne pouvant allumer la lumière, au risque de réveiller sa femme, il dû se guider dans son appartementen désordre, à l'aide de la seule perception tactile, celle-ci lui révèle que les objets qui peuplaient son quotidiend'une autre manière qu'il ne les avait jamais perçu.

Il éprouve une discordance entre cette aventure tactile et lavision qu'il avait chaque jour de son appartement.

La perception lui révèle donc un autre monde que celui auquel ilétait habitué d'ordinaire. Or, le point capital est que Paulhan rapproche cette expérience de celle délivrée par les œuvres cubistesde Braque ou Picasso.

En effet, leurs tableaux sont composés de sorte que tous nos sens sont sollicités, lescollages, la multiplication des objets hétéroclites ou des perspectives prises sur un seul et même objet, invitent lespectateur à réaliser des associations kinesthésiques originales.

La peinture cubiste pousse le spectateur à pénétrerdans le tableau, à mobiliser ses sens pour déchiffrer l'œuvre.

L'art agit alors comme un révélateur, l'œuvre n'est pastant une frontière que ce qui nous enjoint justement à déplacer les limites et les données ordinaires de notreperception. Conclusion : L'artiste partage par le biais de son œuvre les perceptions qu'il a, le premier, entrevu.

Il est susceptible de nourrir notre perception du monde simplement en nous offrant des points de vue inédits.

L'amateur d'art n'est pasrivé à une position d'éternel spectateur, contemplateur impuissant du talent d'un autre ; il arrive que notrefréquentation des œuvres d'art agisse sur nous comme un révélateur.

Notre perception peut toujours être affinée,elle est pour une part suspendue à l'attention que nous portons au travail de l'artiste.. »

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