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L'artiste doit-il chercher à plaire ?

Publié le 17/01/2022

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  • Sens de l'intitulé: Celui qui produit une oeuvre en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obligation d'agir agréablement par les sens ?

Mais quelle est l'essence de l'art ? Copie des apparences ? Visée d'une réalité transcendante infiniment supérieure à la sphère phénoménale ? Vision directe de la réalité ? Il s'agit, en définitive, de savoir si l'art est finalisé par le Beau, norme fondamentale permettant son exercice. L'art est-il création d'une réalité spirituelle ? une idéalité meut-elle la sphère artistique ? L'art est-il destiné à charmer ? Tel est le problème.

 

  • DEFINITION :

- artiste : celui qui exprime, dans ses œuvres, un idéal de beauté. - devoir (doit-il) : ici, être dans l'obligation de... - chercher : s'efforcer de. - plaire : agir agréablement sur la sensibilité; séduire, charmer par les sens, provoquer une sensation de plaisir, etc.

« Le rapport de l'art et de la religion.L'art s'est dégagé de la tutelle de la théologie, qu'il s'était borné à illustre jusque-là (on dit que la cathédrale fut,avec ses vitraux et ses figures, un véritable Bible de pierre — et de verre — pour le peuple illettré) : avar l'artistemoderne qui peut choisir de ne rechercher que la beauté dans son œuvre (= l'art pour l'art), il y eut donc des foulesd'« artistes pour qv l'idée même de l'art n'existait pas » (Malraux, La Métamorphose de dieux, 1957).

Thèse: l'artiste doit forcément plaire. Pour faire que les hommes échappent à l'âpreté et à la dureté de leur condition, l'artiste doit chercher à plaire.

ONdit que l'artiste crée ; et cette création suggère qu'il a usé de son imagination pour engendrer une toute autreréalité que celle dont nous faisons l'expérience quotidiennement.

Si c'est bien ainsi que l'artiste fonctionne, alors ilsemble que l'art ait pour but de nous détourner de la réalité.

Cependant un tel détour peut être ou positif - ayantune fonction cathartique - ou négatif - au sens où l'art nous divertirait (sens pascalien) c'est à dire, nousdétournerait de l'essentiel.

Telle est la tâche de l'artiste, il doit plaire, divertir afin d'illuminer le réel de le rendremoins prosaïque et moins tragique.

Trouvez ici des exemples.

Pensez au jeune Mozart facétieux et mondain, auxfarces de Molière qui stigmatise les vices et les travers de ses contemporains, aux peintures de l'époquevictorienne,etc.

Avec une référence plus philosophique, vous pourrez aussi montrer que l'art peut aussi nous plaireet nous édifier moralement (cf.

Aristote). TRANSITION: L'artiste n'est-il qu'un illusionniste voire un plaisantin ? La fascination qu'exerce l'art sur l'homme n'est-elle pas d'une tout autre nature ? Pour étayer cette première partie. La « purgation des passions » ou la catharsis chez Aristote. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : «[...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète,d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'uneespèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par despersonnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié etcrainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement dulangage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de latragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en untemps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Toutcela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets.Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assezinattendu: «purgation», catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mota donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet deplusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entrel'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectaclereprésentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmesémotions que l'on cherche à provoquer en moi.

La représentation desentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié,bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, des sentiments analogues.Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitent desémotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.

Mais ce phénomène est plus surprenantlorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il suppose une identification avec un personnage etnon plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, car il ne s'agit pas d'imiter, de copier ni detransposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'on imagine mal un jeune homme, influencépar l' "Œdipe" de Sophocle, décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever lesyeux.Ce transfert de la fiction à la réalité est-il toutefois tellement inconcevable? Pour nous, malheureusement non.

Mais,pour Aristote, certainement.

En éprouvant des sentiments analogues à ceux que la tragédie provoque en moi, je melibère du poids de ces états affectifs pendant et après le spectacle.

J'en ressors comme purgé et apaisé.

Cesémotions préexistaient-elles en moi à l'état latent et le spectacle s'est-il contenté de les éveiller? Ou bien les a-t-ild'un bout à l'autre provoquées? Le spectateur est-il prédisposé, par sa nature même, à réagir en fonction d'unereprésentation spécialement conçue pour le troubler en des points sensibles de sa personnalité ? Aristote ne le ditpas.La "Poétique" ne répond pas vraiment à l'attente de la "Politique".

Aristote, là aussi, avait évoqué la catharsis, maisuniquement à propos de la musique «Nous disons qu'on doit étudier la musique, non pas vue de l'éducation et de lapurgation - ce que nous en vue d'un avantage unique, mais de plusieurs (en nous en reparlerons plus clairementdans un entendons par purgation, terme employé en général, traité sur la poétique - et, en troisième lieu, en vue dudivertissement, de la détente et du délassement après la tension de l'effort).

» Certes, il en reparle, mais si peu !En revanche, la "Politique" donne quelques précisions qu'on ne retrouve pas dans la "Poétique": à la crainte et à lapitié s'ajoute l'«enthousiasme».

A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sens. »

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