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L'artiste peut-il être juge de lui-même ?

Publié le 29/01/2004

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Cette éducation passe notamment par l'acquisition d'un savoir : nous comprenons mieux une oeuvre littéraire, par exemple, quand nous savons quelles lectures l'auteur a faites avant de l'écrire, dans quelles circonstances il lui a donné le jour. Nous dirons donc qu'autrui est toujours meilleur juge de l'oeuvre d'un artiste que ce dernier, et que parmi tous les juges potentiels, l'expert est le mieux à même de statuer sur une oeuvre. II.                L'artiste est le meilleur juge de son oeuvre a.       L'artiste renouvelle les règles de son art Cependant, la thèse que nous venons de soutenir est sans doute contestable, car nous avons fait l'économie d'une véritable réflexion sur la nature de l'artiste, sur ce qui le distingue des autres hommes en général et des autres producteurs d'artefacts en particulier. Pour les romantiques, l'artiste était d'abord celui qui vivait en marge de la société, il se distinguait donc radicalement des artisans, mais aussi des autres hommes. C'est ainsi que le peint Baudelaire dans le poème bien connu des Fleurs du Mal : L'albatros. Ainsi, ce qui distingue l'artiste est peut être d'avoir un talent qui le sépare du commun des mortels. L'artiste se définit donc par son ipséité (le talent) et son altérité (il est foncièrement différent de ses contemporains). La conception romantique de l'artiste est tributaire de la réflexion Kantienne.

« heurtons à une objection : peut-être devons nous distinguer entre les différentes personnes capables de seprononcer sur une œuvre ? En effet, nous pouvons penser que tous les individus ne sont pas également capables deprononcer un jugement sur une œuvre artistique : l'avis d'un expert est sans doute préférable et supérieur à celuid'un néophyte.

Pour Hume, le beau est ce dont peut décider l'expert : certains êtres, par leur culture, leurdélicatesse et leur intelligence ont développé un sens du beau suffisamment aiguisé pour décider de ce qui est beauet de ce qui ne l'est pas (Hume développe cette idée dans un traité nommé « Le jugement de goût »).

On dira doncqu'il faut un être à la sensibilité éduquée pour juger d'une œuvre, car dans cette éducation réside la légitimité àproduire un discours sur les œuvres d'art.

Cette éducation passe notamment par l'acquisition d'un savoir : nouscomprenons mieux une œuvre littéraire, par exemple, quand nous savons quelles lectures l'auteur a faites avant del'écrire, dans quelles circonstances il lui a donné le jour.

Nous dirons donc qu'autrui est toujours meilleur juge del'œuvre d'un artiste que ce dernier, et que parmi tous les juges potentiels, l'expert est le mieux à même de statuersur une œuvre. II.

L'artiste est le meilleur juge de son œuvre a.

L'artiste renouvelle les règles de son art Cependant, la thèse que nous venons de soutenir est sans doute contestable, car nous avons fait l'économie d'unevéritable réflexion sur la nature de l'artiste, sur ce qui le distingue des autres hommes en général et des autresproducteurs d'artefacts en particulier.

Pour les romantiques, l'artiste était d'abord celui qui vivait en marge de lasociété, il se distinguait donc radicalement des artisans, mais aussi des autres hommes.

C'est ainsi que le peintBaudelaire dans le poème bien connu des Fleurs du Mal : L'albatros .

Ainsi, ce qui distingue l'artiste est peut être d'avoir un talent qui le sépare du commun des mortels.

L'artiste se définit donc par son ipséité (le talent) et son altérité (il est foncièrement différent de ses contemporains).

La conception romantique de l'artiste est tributaire de la réflexion Kantienne.

Les seuls artistes sont peut-être ceux que Kant nomme les « génies ».

Pour Kant, le génieest " le talent naturel qui donne ses règles à l'art" (§.

46 Critique de la faculté de juger ).

Ainsi le génie procède sans règle, en exprimant seulement sa nature originale puisque « l'aptitude propre au génie ne peut être communiquée et elle est donnée immédiatement à chacun en partage de la main de la nature ; elle disparaît donc avec lui, jusqu'àce que la nature confère à un autre les mêmes dons ».

(Critique de la faculté de juger , §.

47).

Pour Kant, le propre de l'artiste est d'être un génie, c'est-à-dire un créateur par nature.

Il est donc un homme à part, il ne le devient pas. b.

L'artiste est le mieux à même de juger de la nouveauté qu'il apporte A la lumière de cette analyse de la nature de l'artiste, nous pouvons dire que ce dernier est le mieux à même dejuger de son œuvre.

En effet, nous venons de le voir, l'artiste peut se définir comme un « génie » : à la différencede l'artisan qui reproduit sans trêves les mêmes techniques, l'artiste est celui qui renouvelle les règles de son art,celui qui apporte dans le champ artistique une beauté singulière, jusqu'alors inconnue.

Par conséquent, si l'artistevéritable est le génie qui permet l'avènement d'une nouveauté absolue, il est le mieux capable de reconnaître etd'apprécier ce qu'il a apporté à l'art, alors que les juges extérieurs manquent souvent de la lucidité et de lanécessaire distance pour apprécier son œuvre.

Pensons au mot d'Oscar Wilde : « Je n'ai rien à déclarer à part que jesuis génial ».

Une telle phrase, dans sa provocation, montre fort bien que l'artiste est le mieux à même de juger deson œuvre, car il a conscience d'un génie dont les autres hommes ne sont que les témoins, par inconscience ou parjalousie. III. La postérité, meilleure juge de l'œuvre d'un artiste a.

Des significations révélées avec le temps Cependant, nous finirons par nous demander si le meilleur juge d'une œuvre ne serait pas l'artiste lui-même, mais lapostérité.

En effet, l'artiste n'est sans doute pas capable de prendre conscience de la pluralité des significationscontenues en puissance dans son œuvre, qui se révèlent au travers du temps.

Car l'art n'exprime pas que leconscient, mais l'inconscient aussi, ce qui nous permet de donner tout son sens à cette phrase de Milan Kunderadans l'Art du Roman : « les romans sont plus intelligents que les romanciers ».

En effet, cela signifie que dans l'écriture, et dans l'art en général, des choses échappent au créateur, qu'il lui arrive de découvrir sous sa plume desidées qu'ils ne se savaient pas susceptibles d'avoir, alors que les particularités stylistiques sont souvent desmatérialisations des structures inconscientes de l'auteur.

Par conséquent, nous dirons que l'artiste ne peut être juge. »

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