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« L'attention, dit Ribot, est un état exceptionnel, anormal, en contra¬diction avec la condition fondamentale de l'esprit qui est le change¬ment. » Cette opinion vous paraît-elle justifiée ?

Publié le 15/09/2014

Extrait du document

esprit

A. Les faits. — Nous avons dà le reconnaître, il se produit parfois de véritables pannes d'attention, la conscience restant vide, sans objet sur lequel l'esprit puisse se fixer. Mais ces états sont relativement rares; ensuite, ce vide de la conscience n'est que relatif, car on y remarque le plus souvent quelque crépuscule ou quelque aube de pensée; enfin, ces instants ne sont que l'intervalle durant lequel s'effectue le passage d'un thème de pensée à un autre, et on pourrait le comparer à un entracte, ou mieux, au passage au point mort dans le changement de vitesse.

esprit

« L'A TTE!HI0:-1 79 perdre de ce qu'il entend, ne constate à intervalles plus ou moins régu­ liers qu'il est absent, qu'il songe à autre chose ou ne songe à rien.

C'est surtout pour combler les vides résultant de ces défaillances de l'attention que le conférencier reprend parfois son idée sous une forme nouvelle ou du moins la résume.

Quiconque veut se faire écouter doit compter avec l'instabilité de l'attention qui ne se prolonge qu'en passant d'un objet à l'autre.

B.

Les causes.

- Si cette instabilité nous étonne, c'est que nous nous faisons une fausse idée de l'esprit, l'assimilant, sans trop nous en rendre comple, à un organe matériel qu'on peut manœuvrer à sa· guise.

Or, l'esprit jouit d'une tout autre autonomie que la main ou l'œil: il se porte de lui-même, sans qu'on puisse inhiber son mouvement, vers ce qui intéresse; puis, une fois l'intérêt tombé, il se détourne, cherchant autn1 chose ou sombrant dans l'inconscience.

Sans doute, en faisant appel à une autre catégorie d'intérêts, par exem­ ple à l'idée du devoir ou à la pensée de l'examen qui approche, on peut bien fixer l'esprit sur un objet qui ne présente pas encore d'intérêt immédiat ou direct : on obtient alors \'attention appelée réfléchie 011 volontaire.

Mais cette attention ne saurait se maintenir longtemps : elle exige un effort qui épuise rapidement les réserves d'énergie.

On ne peut lui demander qu'une mise en train, c'est-à-dire une prise de contact avec un objet capable d'intéresser bientôt par lui-même en sorte que l'attention, rnlontaire au départ, devienne insensiblement spontanée.

Il.

ANTITHÈSE : LA CONSTANCE DE L'ATTE:'\TION.

A.

Les faits.

Nous avons dù le reconnaître, il se produit parfois de véritables pannes d'attention, la conscience restant vide, sans objet sur lequel l'esprit puisse se fixer.

Mais ces états sont relativement rares; ensuite, ce vide de la conscience n'est que relatif, car on y rel!larque le plus souvent quelque crépuscule ou quelque aube de pensée; enfin, ces instants ne sont que l'intervalle durant lequel s'effectue le passage d'un thème de pensée à un autre, et on pourrait le comparer à un entracte, ou mieux, au passage au point mort dans le changement de vitesse.

Contrairement à l'affirmation de RIBOT, c'est donc l'attention qui est la rr\!!le, l'état normal; l'inattention con~~edit '1> conditinn lo11d:11nenlale de l'esprit.

Le professeur qui se plaint de l'inattention de son auditoire reconnaîtra bien que ces têtes légères ne sont pas inattentives à tout : celui-ci lit un roman, un autre, féru de mathématiques, cherche la solu­ tion de son problème; un troisième prétend réparer rnn stylo; ce rêveur rourrnit sa chimère avec une constance qui suppose une attention suivie ...

Si ln leçon n'est pas écoutée, c'est parce que les élèves sont attentifs li autre chose.

Il en est d'ailleurs qui l'écoutent d'une façon suivie, et leur attention ne présente aucune anomalie.

Sans doute, il est fort rare riu 'elle se prolonge sans défaillance durant une heure, car· la passivité li laquelle l'auditeur se trouve condamné favorise l'évasion de l'esprit "" pa,·s rln rhe.

'.\Jais suirnns i1 J'dnrle cet élèYe qu'intéressent les mathématique3 : deux heures durant nous pourrons le voir concentré ~11r un problème sans que rien parvienne à le distraire.

Sans doule, une.

attention ainsi prolongée est rare et la distraction est commune.

11 n'en -. »

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