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L'avenir, c'est l'autre - E. LÉVINAS

Publié le 09/01/2020

Extrait du document

L'approche de la mort, qui ouvre l'avenir véritable, révèle une dimension de surprise et d'événement absolu par où le sujet individuel, loin d'être enfermé dans sa solitude, est fondamentalement en relation avec l'altérité. Le temps apparaît donc comme le sens même de l'autre.

[L’]approche de la mort indique que nous sommes en relation avec quelque chose qui est absolument autre, quelque chose portant l'altérité, non pas comme une détermination provisoire, que nous pouvons assimiler par la jouissance, mais quelque chose dont l’existence même est faite d’altérité. Ma solitude ainsi n’est pas confirmée par la mort, mais brisée par la mort.

Par là, disons-le tout de suite, l’existence est pluraliste. Le pluriel n’est pas ici une multiplicité d’existants, il apparaît dans l’exister même. Dans l’exister même de l’existant, jusqu’alors jalousement assumé par le sujet seul et manifesté par la souffrance, s’insinue une pluralité. [...] Certes, [l']emprise [de l’autre] sur mon exister est mystérieuse; non pas inconnue, mais inconnaissable, réfractaire à toute lumière. Mais cela indique précisément que l’autre n’est en aucune façon un autre moi même, participant avec moi à une existence commune. La relation avec l’autre n’est pas une idyllique et harmonieuse relation de communion, ni une sympathie par laquelle nous mettant à sa place, nous le reconnaissons comme semblable à nous, mais extérieur à nous ; la relation avec l’autre est une relation avec un Mystère. [...]

Par conséquent, seul un être arrivé à kj crispation de sa solitude par la souffrance et la relation avec la mort, se place sur un terrain où la relation avec l’autre devient possible. [...] Ce qui n’est en aucune façon saisi, c’est l’avenir;^extériorité de l’avenir est totalement différente de l’extériorité spatiale par le fait précisément que l’avenir est absolument surprenant. [...] L’avenir, c’est ce qui n’est pas saisi, ce qui tombe sur nous et s’empare de nous. L’avenir, c’est l’autre. La relation avec l’avenir, c’est la relation même avec l’autre. Parler de temps dans un sujet seul, parler d’une durée purement personnelle, nous semble impossible.

E. Lévinas, Le Temps et l’autre, coll. « Essais », Fata Morgana, 1978.

« jalousement assumé par Je sujet seul et manifesté par la souf­ france, s'insinu e une pluralité.

[ ...

] Certes, [!']emprise [de l 'autTe] sur mon exister est mystérieuse; non pas inconnue, mais inconnaissable, réfractaire à tou te lumière.

Mais cela indique pré­ cisément que l'autre n'est en aucune façon un autre moi -même, partic ipant avec moi à une existence commune .

La relation avec l'au tre n'est pas une idyllique et harmonieuse relation de commu­ nion, ni une sympat hie par laquelle nous mettant à sa place, nous le reconnaissons comme semblable à nous, mais extérie ur à nous; la relation avec l'autre est une relatio n avec un Mystère.[ ...

] Par conséque nt, seul un être arrivé à 9 crispa tion de sa solitude par la souffra nce et la relation avec la mo1t, se place sur un terrain où la relation avec l'autre devient possible .[ ...

] Ce qui n'est en aucune façon saisi, c'est l'avenir; rextériorité de l'avenir est totaleme nt différente de l'exté riorité spat iale par le fait précisé­ ment que l'aveni r est absolument surprenant.[ ...

] L'avenir, c'es t ce qui n'est pas saisi, ce qui tomb e sur nous et s'empare de nous.

L'av enir, c'est!' autre.

La relation avec l'aven ir, c'est la relation même avec l'autre .

Parler de temps dans un sujet seul, parler d'une durée purement personnelle, nous semble impo ssib le.

E.

LÉVlNAS, le Temps et l'awre, coll.

«Essais», Fata Morgana, 1978.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE On retrouve dans ce texte le mot if heideggerien de l'orientation de la temporalité par l'avenir , orientation qu i naî t du rappor t que l'ex istant (le Dasein) entretient nécessairement avec sa propre fin comme u approche de la mort».

Mais cette orientat ion est interprétée par Lévinas d'une manière différente de celle de Heidegger.

Lévinas insiste fortement sur le fait que la mort à veni r est un événement , imp révisible bien que cer tain, abso lument surprenant bien qu'inéluctable.

Loin d'en conclure que la rela­ tion de l'existant à cet événement l'esse ule, le confronte à lui-mê me , Lévinas mont re que cette relation à l'autre que le sujet entret ient avec lui-même du fait de son rapport à la mort, brise sa solitude et lui révè le que toute subjec tivité est déjà plurielle, tissée d'altérité , d'inconnu, de surpr ise.

Cette relation du Même à l'Autr e n'est pas, comme le dit .l'auteur, une c< détermination provisoire», c'es t-à-dire un accident, une. »

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