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Le bonheur est-il affaire de politique ?

Publié le 30/03/2005

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Non, pas directement. Des penseurs l'ont cru : les utopistes notamment (cf. L'État, la Société). Définissez "politique" : ensemble de moyens adaptés en vue de la réalisation d'une fin, concernant une collectivité humaine. Le problème est de savoir quelle doit être la fin suprême de la politique ; qu'est-ce qui est souhaitable pour une société d'hommes ? Peut-on parler de bonheur d'une communauté ? Peut-on légiférer sur le bonheur des citoyens ? Le bonheur des uns ne fera-t-il pas le malheur des autres ? Dans la cité imaginée et décrite par Socrate (La République de Platon, Livre IV, début), une classe de citoyens est sacrifiée pour le bonheur de la cité tout entière. Dès lors, il faut se demander si le bonheur doit être totalement absent des préoccupations de la politique, s'il est vrai qu'il ne relève que du domaine personnel. "Le bonheur est un problème d'économie libidinale individuelle" Freud, Malaise dans la Civilisation, II
Économie : organisation, aménagement. Montrez que l'association politique a pour but le mieux-être de tous (protection des droits, des biens, etc.) mais qu'il ne faut pas appeler ce mieux-être "bonheur". Car il n'y a de bonheur que personnel, le bonheur ne peut être réduit à une affaire strictement politique et sociale.
• Définissez les termes présents dans l'intitulé :
— bonheur : état de satisfaction complète des tendances humaines ; — politique : substantif masculin : ellipse pour «la chose politique«, c'est-à-dire ce qui concerne la vie collective de la cité ou le gouvernement de la cité. substantif féminin : science du gouvernement des États ou le gouvernement effectif de l'État. — affaire de (être) : relever de, dépendre de, ... 

« pour leur part, existent en vue de la fin.

Une cité c'est une communauté qui se réalise entre groupements de famillesou entre villages pour une vie achevée et suffisante à elle-même, autrement dit pour une vie heureuse et honnête.C'est donc en vue d'actions droites que doit s'instituer la communauté politique, mais nullement en vue de la vie encommun.

» Bergson « La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leureffort plus facile.

Elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu, elle ne peut progresser que si elle lelaisse faire : exigences opposées, qu'il faudrait réconcilier.

Chez l'insecte, la première condition est seule remplie.Les sociétés de fourmis et d'abeilles sont admirablement disciplinées et unies, mais figées dans une immuableroutine.

Si l'individu s'y oublie lui-même, la société oublie aussi sa destination ; l'un et l'autre, en état desomnambulisme, font et refont indéfiniment le tour du même cercle, au lieu de marcher, droit en avant, à uneefficacité sociale plus grande et à une liberté individuelle plus complète.

Seules, les sociétés humaines tiennent fixésdevant leurs yeux les deux buts à atteindre.

En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les autres, ellescherchent visiblement par le frottement et par le choc, à arrondir des angles, user des antagonismes, à éliminer descontradictions, à faire que les volontés individuelles s'insèrent sans se déformer dans la volonté sociale et que lesdiverses sociétés entrent à leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une société plus vaste :spectacle inquiétant et rassurant, qu'on ne peut contempler sans se dire qu'ici encore, à travers des obstacles sansnombre, la vie travaille à individuer et à intégrer pour obtenir la quantité la plus grande, la variété la plus riche, lesqualités les plus hautes d'invention et d'effort.

» Introduction Il y a déjà vingt ans qu'une majorité politique française ne s'est plus proposé explicitement de changer la vie, commesi cette virtualité devait dorénavant être reléguée du côté de l'idéal utopique.

Mais dans le même temps, lesrevendications catégorielles qui défendent les avantages I acquis ne désarment pas.

La question de savoir si lacharge de l'État inclut le bonheur individuel pose la question de la vocation de l'État et de l'extension de son rôle :ce rôle est-il outrepassé si l'État doit garantir le bonheur de chacun, ou bien au contraire l'abandon de cetteambition i marquerait-il un échec de l'État ? Le bonheur est-il une affaire privée ou une affaire publique I.

Si l'État doit se préoccuper du bonheur, ce n'est pas de celui de chacun individuellement : le bonheur collectifauquel l'État doit s'atteler est une figure de l'interprète général.

On peut se référer à la distinction de Rousseauentre la volonté générale et la volonté de tous, simple agrégation des volontés particulières.

En pratiquedémocratique, satisfaire la majorité peut revenir à brimer la minorité.

Il paraît donc difficile d'envisager de satisfairetout le monde à la fois, le bonheur commun que l'État peut viser se comprend ainsi dans une perspective holisteplutôt qu'individualiste. 2.

L'État doit prendre à sa charge la question du bonheur individuel.

Ainsi Aristote identifiait-il le bonheur de l'État etcelui des individus, dispensant d'avance l'État de viser toute autre fin.

Le dirigisme économique et politique peutêtre appelé à l'appui de cette thèse.

Refusant de ratifier l'inégalité des résultats du marché, l'État entend assurer lebonheur de chacun en intervenant dans l'économie et la vie privée, quitte à ce que cela l'amène à réaliser monbonheur contre mon gré : le bonheur de chacun ne risque-t-il pas en effet de consister en quelque chose dedifférent ? Aristote: l'homme, animal politique. »

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