Devoir de Philosophie

Le bonheur est-il un droit ?

Publié le 07/01/2005

Extrait du document

droit

HTML clipboard

On entend par bonheur un état de satisfaction durable de l'homme, mais les points de vue divergent en ce qui concerne le contenu de cet état : est-il un confort matériel, une absence de douleur, une accumulation de plaisirs, ou, plus profondément, un état de constance et de maîtrise sur les choses, un état de contemplation ?

La notion de droit appartient au registre juridique, elle place le sujet sur le terrain de la philosophie politique. Un droit est une autorisation accordée officiellement à tous ou à certains. Il est l'ensemble des règles organisant la vie des hommes en société par le biais d'autorisation et d'interdictions.  

Le sujet entremêle deux notions qui appartiennent à deux domaines différents : la philosophie morale pour le bonheur, la philosophie politique pour le droit. La question du bonheur se trouve alors posée sur le plan collectif et non sur le plan privé et individuel : la société des hommes doit-elle viser à accomplir le bonheur de chacun de ceux qui la composent ? Ou faut-il préférer une indépendance des hommes par rapport à la collectivité en ce qui concerne leur recherche du bonheur ? Existe-t-il un droit au bonheur ?  

 

droit

« Kant Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désirqu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire entermes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

La raisonen est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dansleur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés àl'expérience ; et que cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu, unmaximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma conditionfuture, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissantqu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut icivéritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de piègesne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance etde lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard pluspénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les mauxqui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtantinévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il adéjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui répondque ce ne serait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Quede fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendraitvéritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

(...) Il suit de là que les impératifs de la prudence, àparler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-dire représenter des actions d'une manière objectivecomme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour descommandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelleaction peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cetégard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheurest un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont onattendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série deconséquences en réalité infinie... L'objet de la « Dialectique » de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité.

La vertu et le bonheur sont liésdans le concept du souverain bien.

Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cette unité.

Ou bienelle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle est synthétique et il faut direalors que la vertu engendre le bonheur.

Les deux grandes écoles morales de l'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ontadopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, mais elles l'ont conçu de façons différentes.

Tousdeux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du concept de souverain bien comme analytique, alors qu'elleest synthétique ; en d'autres termes, leur erreur commune était de considérer comme identiques deux élémentshétérogènes ou du moins de regarder l'un des deux comme faisant partie de l'autre : « Le stoïcien soutenait que la vertu est tout le souverain bien et que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tantqu'appartenant à l'état du sujet.

L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien –et que la vertun'est que la forme de la maxime à suivre pour l'acquérir, cad qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel desmoyens de l'obtenir. » Or, les maximes de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents.

Si la vertu et lebonheur sont liés, cad si le souverain bien est pratiquement possible, ce ne peut être qu'en vertu d'une liaisonsynthétique.

On doit donc poser le problème ainsi: « Il faut ou que le désir du bonheur soit le mobile des maximes de la vertu, ou que la maxime de la vertu soit la cause efficiente du bonheur.

» Or ces deux solutions apparaissent également impossibles : la première parce qu'aucun mobile sensible ne peutdéterminer une volonté bonne ; la seconde parce que la vertu dépend de la loi morale, tandis que le bonheur dépendde lois naturelles, et qu'on ne voit pas, dans ces conditions, comme l'une peut produire l'autre.

Telle est l'antinomiede la raison pratique.

Cette antinomie se résout à peu près de la même façon que celle qui, dans la « CRP », mettait aux prises la nécessité naturelle et la liberté.

Là aussi, en effet, nous devons distinguer deux plans, le plan dusensible et le plan de l'intelligible.

la thèse selon laquelle le désir du bonheur serait le mobile des maximes de la vertuest absolument fausse.

Mais la thèse qui voit dans la maxime de la vertu la cause efficiente du bonheur n'est fausseque conditionnellement.

Dire que la vertu engendre le bonheur n'est faux que si nous considérons l'existence dans lemonde sensible comme la seule possible.

Si au contraire nous nous référons à l'existence nouménale : « il n'est pas impossible que la moralité de l'intention ait une connexion nécessaire, sinon immédiate, du moins médiate (parl'intermédiaire d'un auteur intelligible de la nature) comme cause, avec le bonheur comme effet dans le mondesensible .

» Ce n'est pas la vertu en tant qu'elle est prise dans le monde des phénomènes qui engendre le bonheur, mais unecause nouménale en rapport avec la vertu.

En d'autres termes, c'est Dieu qui « proportionne le bonheur à la vertu.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles