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Le Bonheur Existe-t-il ?

Publié le 22/02/2012

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Si pour Aristote ; « Tout art, toute investigation et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque Bien » il ajoute plus loin que « le bien est ce à quoi toutes choses tendent » Ethique à Nicomaque, Livre 1. Or, tout bien se définit par rapport à son oeuvre : le bien de la médecine par rapport à la guérison des patients. Le bonheur c'est-à-dire le bien suprême pour les hommes se définit donc par l'oeuvre propre de l'homme, c'est-à-dire celle qui le caractérise absolument. Pour Aristote ce bonheur se situe dans une activité de l'âme en accord avec la vertu, bonheur et morale sont liés l'un à l'autre.

« plein repose, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application.

Il sent alors un néant, son abandon,son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent, il sortira du fond de son âme l'ennui, lanoirceur, la tristesse, le chagrin, le désespoir », Pensées , 131.

Les hommes s'amusent pour oublier qu'ils ne sont pas heureux. Le bonheur est un idéal non de raison mais d'imagination C'est en un sens ce qu'expose Kant dans Les Fondements de la métaphysique des mœurs, le concept de bonheur est si indéterminé que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire entermes précis et cohérents avec lui-même ce que véritablement il désire et veut.

La raison en est que tous leséléments qui font partie du concept de bonheur sont dans leur ensemble empiriques, c'est-à-dire doivent êtreempruntées à l'expérience, et que cependant pour l'idée de bonheur, un tout absolu, un maximum de bien être dansmon état présent et dans toute ma condition future, c'est nécessaire.

Or, il est impossible qu'un être, si perspicaceet en même temps si puissant qu'on le suppose, dés lors qu'il est fini, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veutvéritablement ».

Pour savoir ce qui peut nous rendre vraiment heureux, il faudrait être omniscient.

Les impératifs dela prudence à proprement parler, n'ordonnent rien ; ce ne sont que des conseils ».

Bref, « le bonheur est un idéal,non de raison mais d'imagination ». Plus encore parmi les principes éthiques relevant de l'empirie et de l'hétéronomie, celui du bonheur personnel « est leplus condamnable, non pas seulement parce qu'il est faux et que l'expérience contredit l'allégation selon laquelle lebien-être se règlerait toujours sur la bonne conduite, ni non plus seulement parce qu'il ne contribue en rien à lamoralité (…) mais parce qu'il suppose sous la moralité des mobiles qui plutôt le mènent et en ruinent toute lasublimité, en rangeant dans la même classe les motifs qui poussent à la vertu et ceux qui poussent au vice ».

Etreheureux est nécessairement ce que proclame tout être raisonnable mais fini, c'est donc aussi un motif déterminantqui ne peut être connu empiriquement. Autant dire que le bonheur recherché pour lui-même est une vaine recherche.

La solution apportée par Kant est qu'ilfaut nous rendre digne du bonheur.

Il écrit en effet : « La loi pratique qui a pour mobile le bonheur, est une loipragmatique, une règle de prudence, tandis que la loi morale n'a pas d'autre mobile que celui-ci : mériter lebonheur », Critique de la raison pure. Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la raison pratique » (1788). On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notreexpérience externe), et de Dieu (considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres),nous ne pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les limites del'expérience effective possible.

Un savoir métaphysique transcendant, portant sur la réalité nonsensible (les noumènes), est impossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interrogesur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travail accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur lesconditions de possibilité de l'action morale. C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parceque le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainementqu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT .

On sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui dela culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de lanature mais bien plutôt selon leur volonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres deculture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à cequ'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entrela loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs. Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonneou non.

Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelleest déterminé l'action) est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.. »

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