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Le commerce des choses est-il égal au commerce des idées ?

Publié le 28/03/2005

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• Nous sommes interrogés ici - puisque le sujet est posé sous forme de question - sur la légitimité et sur la possiblité d'une conception qui mettrait à un même niveau  le «commerce des idées«, c'est-à-dire l'opération ayant pour objet de vendre ou d'acheter des formes intellectuelles, des notions ou représentations diverses, de la «culture«, etc. - et celui des «choses«, portant sur les marchandises. En somme, la culture spirituelle peut-elle être un objet d'échange comme les autres, supposant argent, monnaie, marché, etc. ? Peut-on marchander des idées ?

 

  • A) Réponse affirmative : on peut mettre sur le même plan le commerce des idées et celui des choses. Dans les deux cas, il y a satisfaction de l'intérêt.
  • B) Irréductibilité des idées, dynamismes spirituels qui fondent le dialogue et la communication entre les hommes. «Idées« et «choses« ne se situent pas au même niveau.
  • C) Les idées, appel à la transcendance. Les idées transcendent les choses. Primauté du spirituel sur le matériel

 

« de temps moyen socialement nécessaire à la production des marchandises [ibid., p.

54-55].

De même, s'ilexiste différentes catégories de travail, du plus complexe au plus simple, Marx propose de ramener unequantité donnée de travail complexe à une quantité plus grande de travail simple.On peut donc rapporter toute marchandise à une somme de travail humain ; par exemple, la fabricationd'un crayon est la somme de :— la matière première (bois, mine et peinture) ramenée à x minutes de travail ;— l'usure de la machine ramenée à y minutes de travail ;— le temps du travail de l'ouvrier réalisant le crayon sur la machine.Ainsi, toutes les valeurs d'échange des marchandises peuvent être exprimées en temps moyen de travailsocialement nécessaire qui fonctionne alors comme équivalent général de toutes ces marchandises, ycompris la force de travail, comme nous le verrons (on laissera de côté ici la question des prix qui sont laforme phénoménale de la valeur des marchandises et qui fluctuent autour de celles-ci au gré de laconjoncture ; de même, on n'abordera pas les questions relatives à la monnaie).Les rapports entre valeur d'usage et valeur sont un exemple de la dialectique marxiste: d'une part, cesdeux catégories s'opposent dans leur spécificité et leur irréductibilité l'une à l'autre ; d'autre part, elles nepeuvent pas être pensées individuellement, c'est-à-dire l'une sans l'autre.

Enfin, elles constituent,ensemble, les caractéristiques fondamentales de la marchandise.

Pour l'échangiste, « la marchandise n'aaucune valeur utile immédiate ; s'il en était autrement, il ne la porterait pas au marché.

La seule valeurutile qu'il lui trouve, c'est qu'elle est porte-valeur, utile à d'autres et, par conséquent, un instrumentd'échange.

Il veut donc l'aliéner pour d'autres marchandises dont la valeur d'usage puisse le satisfaire.Toutes les marchandises sont des non-valeurs d'usage pour ceux qui les possèdent et des valeursd'usage pour ceux qui ne les possèdent pas.

Aussi, faut-il qu'elles passent d'une main dans l'autre.

Maisce changement de mains constitue leur échange et leur échange les rapporte les unes aux autres commevaleurs et les réalise comme valeurs.

Il faut donc que les marchandises se manifestent comme valeursavant qu'elle puissent se réaliser comme valeurs d'usage.

D'un autre côté, il faut que leur valeur d'usagesoit constatée avant qu'elles puissent se réaliser comme valeurs ; car le travail humain dépensé dans leurproduction ne compte qu'autant qu'il est dépensé sous une forme utile à d'autres » [ibid., p.

95-96].La distinction entre valeur d'usage et valeur conduit à la distinction entre l'échangiste et la marchandise,laquelle préfigure la séparation entre l'ouvrier et la force de travail dont il est le propriétaire avantl'échange salarial (c'est-à-dire l'échange de biens de consommation contre une capacité de travail durantun temps limité).

Enfin, cet échange est fondamentalement un acte social. Dans le commerce, en revanche, la chose devient autre chose que ce qu'elle était primitivement : elle devientmarchandise, c'est-à-dire qu'elle prend une valeur d'échange.

En effet.

tandis que, sous l'angle de sa valeurd'usage, chaque chose était considérée qualitativement pour elle-même, sous celui de sa valeur d'échange, ellen'est plus considérée que quantitativement par rapport à une ou plusieurs autres choses, et même, au moinsvirtuellement, avec toutes les cintres choses.

Le commerce des choses établit en effet un rapport de valeurpermettant d'échanger les choses, rapport qui peut être traduit par la formule : xA = yB.

c'est-à-dire une quantité xde marchandise A vaut une quantité y de marchandise B ». Les marchandises comme abstractions Dans ces conditions, la chose devient une réelle abstraction, puisque l'on ne voit en elle que sa valeur d'échange,qui est une qualité purement abstraite.

Elle devient ainsi une idée.

Car, si les choses existent objectivement en tantqu'objets, en tant que marchandises, c'est-à-dire en tant que formes, elles n'existent que pour une conscience,elles ne deviennent marchandises que dans et par des consciences.Cependant, à partir du moment où l'on considère une chose comme une marchandise, c'est-à-dire qu'on ne laregarde que comme une valeur d'échange, toutes les choses deviennent du même coup marchandises, puisquetoutes sont susceptibles de s'échanger contre elle.

Ainsi, observe H.

Lefebvre, « son caractère est pour ainsi direcontagieux.

Dès qu'un bien devient objet d'échange et revêt cette forme, un autre objet, puis un autre et d'autresencore la revêtent.

De proche en proche, tous les biens deviennent objets d'échange, sans limitation possible.

Ilsconstituent une chaîne, s'affectant les uns les autres, dans ce caractère : l'échangeabilité par équivalence(effective ou supposée) » (Le Langage et la Société, Gallimard, 1966).

C'est pourquoi, selon Marx, « lesmarchandises qui, au point de vue de la valeur (d'échange), sont des choses purement sociales ne peuvent exprimercette existence sociale que par une série embrassant tous leurs rapports réciproques ». Le commerce des choses est un discours Dès lors, le commerce des choses apparaît aussi comme un commerce d'idées.

Toute marchandise est un signe, etle monde des marchandises constitue un système de signes, une sorte de langage véhiculant un discours : « Nousavons devant nous, observe H.

Lefebvre, un champ à la fois sensible et abstrait : le monde de la marchandise.

À samanière, c'est-à-dire spécifiquement, il constitue un système de signes, un langage, un champ sémiotique.

Il nousparle, et arec quelle éloquence persuasive et contraignante...

[...] Les marchandises constituent une langue,spécifiquement mais non d'une manière entièrement extérieure au discours.

N'est-ce pas ainsi que le monde de lamarchandise a pu entrer clans le discours ? s' y déployer ? devenir monde ? tout envahir et transformer enmarchandises jusqu'aux êtres humains, jusqu'aux consciences dans leurs replis cachés, jusqu'aux idées ? » (ibid.). 2.

Les idées sont des choses. »

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