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LE CONTRAT SOCIAL ou PRINCIPES DU DROIT POLITIQUE DE ROUSSEAU (ANALYSE DU LIVRE PREMIER).

Publié le 23/05/2009

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J.-J. Rousseau se propose de rechercher la légitimité du fondement sur lequel reposent les lois politiques. Après avoir brièvement fait connaître ce but de son ouvrage, il entre aussitôt en matière.

Il veut, dans le premier livre, établir que l'ordre social ne vient point de la nature, et étudier la convention qui l'a constitué (ch. I)

La famille est le premier modèle des sociétés politiques : le chef est l'image du père, le peuple est l'image des enfants; et tous, étant nés égaux et libres, n'aliènent leur liberté que pour leur utilité. Quand les enfants n'ont plus besoin des parents, la famille ne se maintient que par convention. Ainsi le pouvoir n'existe pas pour lui-même et par lui-même : il n'existe que par la volonté des sujets et dans l'intérêt des sujets (ch. II).

S'il en est autrement, le pouvoir n'a d'autre droit que le droit du plus fort; niais la force ne fait pas le droit, et « ainsi, conclut l'auteur, ma question primitive revient toujours « (ch. III).

On dira peut-être que le droit du souverain vient de l'aliénation qu'un peuple a faite de sa liberté en se rendant sujet d'un roi. Mais, de même qu'un homme ne peut se donner gratuitement, un peuple qui ferait cet acte se- rait un peuple de fous, d'autant plus qu'une génération ne saurait engager celle qui naîtrait d'elle. En conséquence, soit d'un maître à son esclave, soit d'un monarque à son peuple, ce discours sera toujours également insensé : « Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j'observerai tant qu'il me plaira et que tu observeras tant qu'il me plaira « (ch. IV).

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« combattre pour soi (ch.

IV).Il faut mourir pour l'Etat, quand le souverain le juge expédient, puisque ce n'est qu'à cette condition qu'on a vécuen sûreté jusqu'alors; la peine de mort infligée au criminel peut être envisagée à peu près au même point de vue :c'est pour n'être pas la victime d'un assassin que l'on consent à mourir si on le devient.

Au reste, la fréquence dessupplices est toujours un signe de faiblesse ou de paresse dans le gouvernement : il n'y a point de méchant qu'onne puisse rendre bon à quelque chose (ch.

V).Il faut des luis pour donner le mouvement et la volonté au corps politique dent le pacte social établit l'existence.Mais une volonté générale ne peut avoir un objet particulier.

Il faut donc que la matière sur laquelle on statue soitgénérale comme la volonté qui statue.

Alors seulement il y aura loi.Ainsi la loi peut bien statuer qu'il y aura des privilèges, mais elle n'en peut donner nommément à personne.

De mêmece qu'un homme ordonne de son chef n'est point une loi; car il faut l'universalité de la volonté aussi bien que cellede l'objet.

« J'appelle donc république, dit ici Rousseau, tout Etat régi par des lois, sous quelque formed'administration que ce puisse être : car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelquechose.

Tout gouvernement légitime est républicain.

»Le peuple, soumis aux lois, en doit être l'auteur ; mais le peuple, quoiqu'il veuille toujours le bien, de lui-même ne levoit pas toujours.

Il faut donc un législateur (ch.

VI).

Ce législateur ne doit pas être pris au hasard.« Pour découvrir les meilleures règles de société qui conviennent aux nations, il faudrait une intelligence supérieurequi eût toutes les passions des hommes, et qui n'en connût aucune; qui n'eût aucun rapport avec notre nature etqui la connût à fond; dont le bonheur fût indépendant de nous, et qui pourtant voulût bien s'occuper du nôtre; enfinqui, dans le progrès des temps, se ménageant une gloire éloignée, pût travailler dans un siècle et jouir dans unautre.

» Le législateur sera donc un homme extraordinaire par son génie, comme il l'est par son emploi.

Toutefois lepeuple ne peut se dépouiller de son droit incommunicable : il n'y a que la volonté générale qui oblige les particuliers.Ainsi l'on trouve à la fois dans l'ouvrage de la législation deux choses qui semblent incompatibles : une entrepriseau-dessus de la force humaine, et, pour l'exécuter, une autorité qui n'est rien.

Aussi le législateur se sent-il parfoisle besoin de recourir à une autorité d'un autre ordre, qui puisse enchaîner sans violence et persuader sansconvaincre; beaucoup de législateurs anciens se sont dits inspirés par les dieux; mais la grande âme du législateurest le vrai miracle qui doit prouver sa mission (ch.

VII).Le sage législateur doit examiner, avant de rédiger les lois, si le peuple auquel il les destine est propre à lessupporter.

Or, la plupart des peuples, comme les individus, ne sont dociles que dans leur jeunesse ; ils deviennentincorrigibles en vieillissant.

Cette jeunesse n'est pas l'enfance; c'est une sorte de maturité qu'il faut attendre avantde soumettre un peuple à des lois : si on la prévient, l'ouvrage est manqué (ch.

VIII).Pour pouvoir observer des lois et être bien gouverné, il faut aussi que l'Etat ne soit pas trop grand ; autrementl'administration devient trop pénible à travers d'immenses distances, et trop onéreuse à cause de la multipliciténécessaire des offices : des commis alors gouvernent l'État.

D'un autre côté, un peuple ne doit pas être trop faible;car il serait bientôt englouti.

Mais il faut plus compter sur la vigueur d'un bon gouvernement que sur les ressourcesd'un grand territoire (ch.

IX).On peut mesurer un corps politique de deux manières : savoir, par l'étendue du territoire, et par le nombre dupeuple; et il y a entre l'une et l'autre mesure un rapport convenable pour donner à l'Etat sa véritable grandeur.

C'estdans cette proportion que se trouve le maximum de force d'un peuple.

Le peuple ainsi proportionné sera vraimentpropre à la législation, si de plus il n'est ni riche ni pauvre, et peut se suffire à lui-même, s'il réunit enfin laconsistance d'un ancien peuple avec la docilité d'un peuple nouveau.

Il y a en Europe un pays capable delégislation, c'est l'île de Corse.

« J'ai quelque pressentiment, dit Rousseau, qu'un jour cette petite île étonneral'Europe.

» (Ch.

X.)La fin d'une bonne législation sera la liberté et l'égalité : la liberté, parce que toute dépendance particulière estautant de force ôtée au corps de l'Etat; l'égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle.

Mais ces objetsgénéraux de toute bonne institution doivent être modifiés, en chaque pays, par les rapports qui naissent tant de lasituation locale que du caractère des habitants (ch.

XI).Les lois qui règlent le rapport du corps entier à lui-même portent le nom de lois politiques, et s'appellent loisfondamentales.

Les lois qui règlent le rapport des membres entre eux, ou avec le corps entier, sont les lois civiles.Celles qui établissent une relation outre l'homme et la loi sont les lois criminelles.

— Entre ces diverses classes, leslois politiques, qui constituent la forme du gouvernement, sont les seules relatives au sujet du Contrat social.

APPRÉCIATION DE LA DOCTRINE DE ROUSSEAU Il n'est pas toujours facile d'apprécier les idées de Rousseau, parce que sa pensée n'est pas toujours nettementformulée.

Lui-même disait à Dusaulx : « Ceux qui se vantent d'entendre mon Contrat social sont plus habiles quemoi.

»Le point de départ de Rousseau, nous l'avons vu, est dans cette idée que la nature avait fait l'homme bon etheureux, mais que la société l'a dépravé et rendu misérable.

Cette théorie semble lui avoir été inspirée par un retoursur lui-même et sur son existence d'homme froissé, révolté contre une société à laquelle il est comme étranger.Rejeté par sa faute, ou par les circonstances, de cette société, il la méprise et il y voit la source de tous les maux.Il lui est facile d'être éloquent dans la peinture des misères sociales, mais il lui est plus difficile d'être juste et vrai.La société est naturelle à l'homme, et, si elle existe, c'est qu'elle a pour but de remédier à des maux qui, sans elle,seraient intolérables pour l'homme.La propriété n'est pas la base de la société et n'engendre pas toutes les misères sociales.

Le désir immodéré de lapropriété, et son acquisition par tous les moyens, voilà la plaie de l'ordre social, mais la propriété a d'autrefondement que la force, elle n'est que l'extension de la personnalité humaine.

Par conséquent, c'est aussi en fausserle principe que d'en placer la légitimité dans l'accord de tous les hommes, dans une convention qui con- fierait lapropriété à l'Etat, sous prétexte de mieux sauvegarder les droits de chacun.

« Loin qu'en acceptant les biens des. »

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