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LE DESIR

Publié le 11/03/2012

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desir

Le désir est la tension émotionnelle consciente vers un objet (chose, activité, personne…) dont la possession, l'usage est représenté comme source de satisfaction. Vs le besoin, état organique, il est un état psychique, il suppose donc une forme de conscience. Il peut certes être solidaire d'un besoin organique (le désir de manger , solidaire de la faim organique, par ex), mais pas forcément (le désir d'une belle voiture). En outre, si le besoin requiert absolument d'être satisfait (il est, sinon vital, du moins extrêmement impérieux), ce n'est pas a priori le cas du désir (la vie n'est pas en jeu dans son assouvissement), et si le besoin est naturel (inné, lié à notre condition organique, animale), le désir, même lorsqu'il est solidaire du besoin, n'est jamais purement naturel : on peut même estimer qu'il est en grande partie modelé par la culture, l'éducation. Enfin, le désir se distingue de la volonté, en ce qu'il est une émotion, irrationnelle, sur laquelle la raison a a priori peu de prise (on ne décide pas rationnellement de désirer ou de cesser de désirer). La volonté elle passe traditionnellement pour une faculté docile à la raison, qui pourrait de ce fait s'opposer au désir

desir

« et il en souffre.

Le sens positif (= "souhaiter", "chercher à obtenir") est plus tardif, et c'est celui que l'on connaît en français.Le désir est donc fondamentalement ambivalent - il suppose l'épreuve douloureuse d'un manque, mais il est aussi lapromesse d'une satisfaction (même précaire) ; et la satisfaction des désirs semble être a priori la seule voie praticable dansune perspective eudémoniste : il semble difficile, voire impossible de cesser de désirer, et d'atteindre le bonheur parl'éradication du désir plutôt que par sa satisfaction).

Toutes ces idées se trouvent présentes en filigrane dans le mythe d'Aristophane : comme tous les mythes dans les sociétéstraditionnelles, il a une double fonction, explicative et normative : il s'agit essentiellement d'expliquer l'existence du désiramoureux et de l'ensemble de ses caractéristiques primordiales, et de promouvoir cette forme de désir aux dépens desautres (totalement éludées).

Ce simple fait révèle une distance analytique d' Aristophane par rapport à la mythologiegrecque traditionnelle, dont il perçoit et exploite les ressorts.

En outre, si le mythe constitue une assez bonne illustration del'anthropomorphisme religieux grec (les dieux apparaissent comme des êtres surhumains, dotés d'une part de pouvoirshumains simplement poussés à un degré supérieur d'excellence, et d'autre part grevés de défauts très humains : signalonsque le grief essentiel de Socrate/Platon à l'égard des mythes grecs et des poètes qui les véhiculaient - Homère, Hésiode -était qu'ils représentaient les dieux comme des êtres imparfaits, voire indignes, inaptes donc à constituer des modèleséthiques pertinents), cette représentation est exploitée par « Aristophane » pour ses ressorts comiques, et à demi tournéeen dérision.

Mais si l'explication est délibérément loufoque (Aristophane était l'auteur comique le plus célèbre de la Grèceantique), l'essentiel réside dans le message sous la fable, message empreint d'une certaine gravité qui contraste avec ladésinvolture initiale du ton.

Ce contraste, entre autres, fait du mythe d'Aristophane un chef d'œuvre du genre tragi-comique.

La dimension explicative du mythe : comme tous les mythes, le mythe de l'androgyne s'efforce de rendre compte d'un certainnombre de phénomènes frappants, mystérieux, préoccupants pour l'homme, tels sa propre origine, celle de la différence dessexes, les difficultés de la vie humaine, et d'en rendre compte en invoquant un type de causalité familier, la causalitétechnique/intentionnelle (fabricants/agents divins).

A cet égard, le mythe d'Adam et Eve dans l'Ancien Testament parexemple présente avec le mythe d'Aristophane un certain nombre de similitudes assez remarquables (fabricant divin, originede l'homme et de la différence des sexes, origine des difficultés de la vie liée à une faute primordiale).

Plus spécifiquementcependant, dans le mythe d'Aristophane, il s'agit d' « expliquer » :# l'origine du désir (amoureux).# la diversité des préférences amoureuses au sein de l'espèce humaine.# le caractère obsessionnel du désir amoureux insatisfait, le caractère essentiel, inamovible du désir, et la nécessité du désircomme source de satisfaction.# l'irréductibilité du désir (amoureux) au simple besoin (même s'il est lié au besoin), son insatiabilité (il ne peut jamais êtretotalement satisfait), et la part d'illusion qui lui est consubstantielle (l'homme désirant croit la satisfaction définitivepossible, car il ignore l'origine du désir, elle a été oubliée).

La dimension normative du mythe : comme la plupart des mythes, le mythe de l'androgyne s'efforce de promouvoir uncertain nombre de pratiques/normes/règles de vie, et notamment de pratiques traditionnelles existantes - il s'efforce deconférer une assise ou un fondement surnaturel, absolu, à des normes relatives (à une société).

« Aristophane » se faitl'apologiste :# du désir amoureux, qui en dépit de son insatiabilité, apparaît comme la principale source de bonheur pour l'homme # d'uneforme de liberté sexuelle: à chacun selon ses préférences « naturelles ».# d'une forme particulière de pratique sexuelle, celle qui était socialement la plus valorisée à son époque, comme la plusvirile : la "paiderasteia" (étymologiquement: le fait d'aimer les adolescents masculins).

A cet égard, la position d'Aristophaneest traditionaliste : il se fait le défenseur d'une pratique traditionnelle, en butte à certaines attaques (de Platon,notamment).

L'argumentaire est typique : la pratique est justifiée comme naturelle, signe même d'un naturel supérieur,ultra-viril.Présupposé : le naturel viril est supérieur au naturel féminin.

Le "paiderastes" descend d'un "supermâle", tandis quel'hétérosexuel mâle descend d'un androgyne (il se trouve attiré par la part de féminité qu'il y a(vait) en lui).

En outre, lapolitique est l'activité virile par excellence (les femmes en sont exclues, pour cause d'infériorité soi-disant naturelle).

Or tousles politiciens pratiquent la paiderasteia.

Donc le paiderastes est l'être viril par excellence.

Evidemment, le raisonnement esttotalement bancal : c'est socialement que les femmes sont infériorisées en Grèce, c'est socialement qu'elles sont exclues dela politique, ce sont des causes historiques qui sont à l'origine de la paiderasteia.

Mais ce qui est social paraît souvent naturelau sein de la société concernée.

Toute société a tendance à justifier ses propres normes en leur conférant une assise divineet/ou naturelle (en prétendant qu'elles sont fondées dans la nature des choses ou des êtres).

Qques parallèles : le mythe d'Adam et Eve constitue pour certains analystes une justification indirecte de la dominationmasculine (responsabilité d'Eve dans le péché originel, création divine secondaire) ; de même, dans la mythologie Baruya(Nouvelle Guinée), une puissance féminine dangereuse a été originellement mise hors d'état de nuire par un dieu mâle, et. »

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