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Le désir est-il compatible avec la liberté ?

Publié le 27/10/2005

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III. L'importance de la détermination de l'objet du désir Il est question dans cette troisième partie d'une discipline de choix des désirs de manière à laisser intacte la puissance de jugement rationnel de l'homme, et donc sa liberté dans la détermination de ses actions. C'est la manière la plus forte d'envisager une compatibilité du désir et de la liberté, mais aussi celle qui demande le plus grand effort de la part de l'homme, puisqu'elle suppose un travail d'évaluation rationnelle permanent des objets susceptibles d'être désirés par lui. Épictète « Puisque l'homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout m'arrive comme il me plaît. - Eh ! mon ami, la folie et la liberté ne se trouvent jamais ensemble. La liberté est une chose non seulement très belle, mais très raisonnable et il n'y a rien de plus absurde ni de plus déraisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées. Quand j'ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l'écrive, non pas comme je veux, mais tel qu'il est, sans y changer une seule lettre. Il est de même dans tous les arts et dans toutes les sciences. Et tu veux que sur la plus grande et la plus importante de toutes les choses, je veux dire la liberté, on voie régner le caprice et la fantaisie. Non, mon ami : la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent.

Le désir est généralement défini comme une forte aspiration à quelque chose, cette aspiration pouvant être irrationnelle et passionnelle, voire violente, ce qui explique le pessimisme de certaines compréhensions du désir par la philosophie : le désir empêcherait l’exercice de la raison, il faudrait le combattre car il est une puissance aveuglante et aliénante, etc. C’est en raison de ce pessimisme que l’on peut demander si le désir est compatible avec la liberté. Être compatible avec un objet, c’est pouvoir cohabiter avec cet objet dans le même domaine d’action – c’est ne pas être une gêne ou un obstacle pour cet objet, de même que cet objet ne doit pas lui-même être une gêne ou un obstacle. Sont compatibles deux choses qui peuvent fonctionner en même temps sur le même terrain limité sans se gêner l’une l’autre.

La liberté, rapidement définie, est la capacité de pouvoir faire, ou penser, ce que l’on veut : elle est alors comprise comme une absence de contraintes extérieures, d’interdictions. Mais cette définition générale s’enrichit si l’on pense aussi la liberté comme pouvant être menacée par des contraintes intérieures : peut-être pouvons-nous nous priver nous-mêmes de certaines libertés, en nous imposant, consciemment ou non, certaines contraintes, ou en laissant se développer en nous des choses qui peuvent porter atteinte à notre liberté. Le désir apparaît alors comme pouvant être une de ces choses qui nous priveraient de notre liberté : c’est cela que le sujet demande de mettre en question. En effet, personne ne nous impose de l’extérieur un désir, le désir n’est pas une contrainte venant d’une instance autre que nous, et on pourrait alors soutenir que l’être qui éprouve un désir est libre d’avoir ce désir – pourtant, le désir apparaît peut-être comme une instance de contrainte et de privation de liberté, dans la mesure où nous ne possédons pas forcément le pouvoir de le satisfaire et qu’il peut devenir obsédant, passionnel – en un mot, il semble qu’il soit possible d’être les esclaves de nos propres désirs. La compatibilité du désir avec la liberté semble alors remise en cause. Ce sont là les principaux problèmes par le sujet ; il faudra en proposer une solution, notamment en se demandant s’il est pertinent d’envisager le désir comme une puissance contraignante et aliénante, ou s’il faut en proposer une définition plus optimiste qui en ferait un allié de la liberté.

« « L'homme est libre : sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraientvains.

Pour mettre en évidence cette liberté, on doit remarquer que certains êtres agissent sans discernement,comme la pierre qui tombe, et il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître.

D'autres, comme lesanimaux, agissent par un discernement, mais qui n'est pas libre.

En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, maispar un discernement naturel et non libre, car ce discernement est l'expression d'un instinct naturel (...).

Il en va demême pour tout discernement chez les animaux.

Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir deconnaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose.

Et comme un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinctnaturel, mais un acte qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifierson action.

» Spinoza « On estime esclave celui qui agit par commandement et libre celui qui gère sa vie à sa guise ; ce qui cependantn'est pas absolument vrai.

Car en vérité, celui que son désir entraîne ainsi et qui est incapable de voir ce qui lui estutile et de le faire, est au plus haut point un esclave ; seul est libre celui qui vit de tout coeur uniquement sous laconduite de la raison.

Une action faite par commandement, c'est-à-dire l'obéissance, supprime bien la liberté d'unecertaine façon, mais elle ne rend pas sur-le-champ esclave : c'est le principe de l'action qui rend tel.

Si la fin del'action n'est pas l'utilité de celui-là même qui agit mais de celui qui commande, alors l'agent est esclave et inutile àsoi-même.

Mais dans une république et un État où le salut du peuple tout entier, et non pas celui du chef, est la loisuprême, celui qui obéit en tout au pouvoir souverain ne doit pas être appelé un esclave inutile à soi-même, mais unsujet.

Donc est la plus libre la république dont les lois sont fondées sur la saine raison car là, chacun peut être librequand il veut, c'est-à-dire vivre de tout coeur sous la conduite de la raison.

Ainsi encore des enfants, même tenusd'obéir à tous les ordres de leurs parents, ne sont pourtant pas esclaves, car les commandements des parentsconcernent principalement l'utilité des enfants.

Nous reconnaissons donc une grande différence entre l'esclave, lefils et le sujet, et nous les définissons ainsi : l'esclave est celui qui est tenu d'obéir aux ordres d'un maître, ordresqui ne concernent que l'utilité de celui qui commande.

Le fils est celui qui fait, par ordre de son père, ce qui lui estutile.

Le sujet, enfin, est celui qui fait, par ordre du souverain, ce qui est utile à la communauté et, par conséquent,à lui aussi.

» Transition : on peut radicaliser cette position en plaçant l'intervention du jugement rationnel non pas en aval, mais en amont du désir : la raison humaine va alors être en mesure de choisir ses désirs, de manière à ne pas avoir dedésir qui contrevienne avec l'exercice de la liberté. III.

L'importance de la détermination de l'objet du désir Il est question dans cette troisième partie d'une discipline de choix des désirs de manière à laisser intacte lapuissance de jugement rationnel de l'homme, et donc sa liberté dans la détermination de ses actions.

C'est lamanière la plus forte d'envisager une compatibilité du désir et de la liberté, mais aussi celle qui demande le plusgrand effort de la part de l'homme, puisqu'elle suppose un travail d'évaluation rationnelle permanent des objetssusceptibles d'être désirés par lui. Épictète « Puisque l'homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout m'arrivecomme il me plaît.

- Eh ! mon ami, la folie et la liberté ne se trouvent jamais ensemble.

La liberté est une chose nonseulement très belle, mais très raisonnable et il n'y a rien de plus absurde ni de plus déraisonnable que de former desdésirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées.

Quand j'ai le nom de Dion àécrire, il faut que je l'écrive, non pas comme je veux, mais tel qu'il est, sans y changer une seule lettre.

Il est demême dans tous les arts et dans toutes les sciences.

Et tu veux que sur la plus grande et la plus importante detoutes les choses, je veux dire la liberté, on voie régner le caprice et la fantaisie.

Non, mon ami : la liberté consisteà vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent.

» Descartes « Il me semble que l'erreur qu'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assezles choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point: car, pour celles qui ne dépendentque de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désireravec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous.

Et ilest certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façonne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute lasatisfaction que nous en avons attendue.

Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'ondésire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'espritautant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et deconsidérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer.

» Conclusion Si le désir peut apparaître comme une puissance susceptible d'aliéner la liberté humaine, il semble cependant qu'ilsoit possible d'envisager une compatibilité de la liberté et du désir à certaines conditions.

Ces conditions concernentla position de l'homme à la fois par rapport au désir et par rapport à sa puissance de jugement rationnel.

Si l'homme. »

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