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Le désir peut-il être pleinement satisfait ?

Publié le 11/02/2004

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Se poser cette question, c'est se penser d'emblée que l'homme sera éternellement dans l'insatisfaction, le manque que rien ne peut comblé, qu'un désir une fois satisfait, un autre désir lui succédera à l'infini jusqu'à la mort de l'individu qui les porte. Et c'est plus largement le problème du bonheur qui est interrogé, de la possibilité même qui est donné à l'homme d'atteindre un état où rien ne lui manque. Ce bonheur tant recherché est-il possible, à notre portée ou notre nature nous condamne-t-elle à la recherche et à la frustration ? 

Dans le désir, il n'est pas dit que j'aspire vraiment à une satisfaction qui fasse disparaître tout désir. Le désir est contradictoire car il veut et ne veut pas être satisfait : que serait, en effet, une vie sans désir, si ce n'est une vie morte ? Par ailleurs, le désir sent confusément qu'aucun objet n'est à même de le satisfaire pleinement. C'est pourquoi, à la différence du besoin, il est illimité, insatiable et sans cesse guetté par la démesure, comme le montre Platon dans le Gorgias quand il compare l'homme qui désire à un tonneau percé qui ne peut jamais être rempli.

« I.

Le désir, dans la mesure où il consiste en une recherche de plaisir, ne peut se satisfaire de la réalité qu'àla condition de vivre une vie raisonnable. A / Le désir est tendance vers une fin dont la réalisation procure du plaisir.

Le désir motive l'homme à agir, àdépasser ce qui est déjà là pour obtenir ce que l'on recherche, qui n'est pas encore réalisé.

Le désir semble donc,par essence, ne pas se satisfaire de la réalité.B / Bien plus, si le désir s'oriente exclusivement vers la recherche du plaisir, l'objectif sera alors d'avoir le plus deplaisir possible, de vivre de manière intense.

En visant toujours plus, l'homme ne saurait plus apprécier ce qui est.Sitôt que son désir sera réalisé, il cherchera encore autre chose et il sera par conséquent éternellement insatisfait.C / L'hédonisme, c'est-à-dire la valorisation du plaisir, ne conduit pas pour autant nécessairement à ne jamaispouvoir se satisfaire de la réalité.

Épicure propose une force d'hédonisme raisonnable qui valorise les plaisirs simpleset le calcul des plaisirs sur le long terme.

L'hédonisme épicurien permet de se libérer de l'éternelle insatisfaction desdésirs excessifs.

Le désir peut alors se satisfaire de ce qui est, c'est-à-dire jouir des choses simples que prodiguentla nature, la vie en société et l'exercice de sa pensée. II.

L'exigence de liberté et les contraintes morales interdisent au désir de se satisfaire de la réalité. A / La recherche du plaisir peut conduire à une tyrannie douce du pouvoir, qui satisfait nos désirs pour empêchertoute révolte (Tocqueville).

Si le désir se satisfait de la réalité, c'est-à-dire ici de ce qu'accorde le pouvoir dans lebut de rendre les gens satisfaits, alors le risque est que l'homme ne se soucie plus de sa liberté.

L'exigence deliberté interdit donc au désir de se satisfaire de la réalité.B / Les contraintes morales imposent également à l'homme de se soucier du bien et du juste.

Dans la mesure où laréalité est injuste et où il y a du mal dans le monde, le désir ne peut se satisfaire de la réalité.C / Le désir peut-il pour autant se satisfaire de ce qu'il est juste d'obtenir ? Nous touchons là au problème de l'envie(cf.

Rawls).

La réalité du désir semble dépasser, dans les faits, la morale qui cherche à lui imposer, en droit, deslimites. III.

L'insatisfaction du désir face à la réalité est plus profonde.

Le désir est-il condamné à ne se satisfaireque dans l'illusion ? A / Parmi les désirs de l'homme, on peut distinguer certains désirs qui sont plus fondamentaux.

Freud identifie troisbesoins qui caractérisent la condition humaine : un besoin affectif de se sentir protégé, un besoin cognitif decompréhension du monde, et un besoin moral de réalisation du bien et du juste.

Or le réel ne peut satisfaire cesbesoins.

Nous ne sommes jamais à l'abri du hasard, de la mauvaise fortune ; nous ne parvenons pas à comprendrel'existence même du monde, le fait qu'il y ait quelque chose plutôt que rien ; le mal et l'injustice persistent.B / La religion propose selon Freud une réponse à ces besoins, en soutenant l'existence d'un dieu d'amour, quiprotège l'homme, en expliquant la création du monde par ce dieu et en affirmant l'existence d'un lieu - le paradis -où le bien et la justice sont réalisés.

Toutefois cette réponse est selon Freud une illusion.

L'homme croit en un dieuqui n'existe pas pour la seule raison que cette croyance lui offre une réponse à ses besoins fondamentaux.C / il s'agit alors de prendre conscience que la déception éprouvée face au réel ne provient que de la croyance quele réel doit se soumettre immédiatement à nos désirs.

Comprendre que le réel s'oppose à nos désirs et acceptercette limitation, ce n'est pas se résigner.

il faut à la fois affirmer que le désir ne peut se satisfaire de la réalité, ausens où il faut transformer le réel pour le rendre meilleur, et en même temps, affirmer que le désir doit et peut sesatisfaire de la réalité, au sens où il n'a pas à chercher dans un au-delà imaginaire sa satisfaction.. »

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