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Le dialogue est-il la forme privilégiée du langage ?

Publié le 28/10/2005

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Comme l'a souligné E. Benveniste, dans la communication animale, d'une part le message n'appelle pas de réponse de l'entourage mais une conduite, et d'autre part la communication se réfère à une donnée objective et non « linguistique ». Aussi « le message d'une abeille ne peut être reproduit par une autre qui n'aurait pas vu elle-même les choses que la première annonce ». Au contraire, le langage humain se caractérise par le dialogue dans lequel « la référence à l'expérience objective et la réaction à la manifestation linguistique s'entremêlent librement et à l'infini ». Ainsi c'est le dialogue qui distingue le langage humain de la communication animale. * Genèse du langage chez l'enfant. Les études de Piaget ont montré que l'acquisition et la maîtrise du langage chez l'enfant sont marquées par le passage du monologue au dialogue. On observe d'abord une confusion entre le moi et le non-moi, une absence d'adaptation à autrui : l'enfant ne parle pas pour se faire comprendre ; il demeure enfermé dans un monologue, individuel ou « collectif ». La maîtrise (relative) du langage apparaît avec « l'information adaptée » qui fonde le dialogue. Troisième partie : Tout discours n'est-il pas un dialogue ?
  • Remarquez qu'il est écrit "la forme privilégiée" et non "une forme privilégiée".
  • Noter que l'on parle ici de "forme" et non de "fonction" du langage.
  • Il est souvent dit que la fonction originelle (voire de "base") du langage est la fonction de "communication". Ne pourrait-on se demander en quoi le dialogue est la forme privilégiée de communication ? Et par là, la forme privilégiée du langage ?
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« si je me plie aux arguments de l'autre, je ne lui obéis pas. 2 – Le dialogue exclut la violence pour lui préférer la raison.

La décision même de dialoguer indique que l'on a refuséle recours à la force ou à l'intimidation pour s'imposer et qu'on fait confiance à la seule « force » des idées et àl'examen de la validité des raisons avancées. 3 – Le dialogue interdit de décider du vrai pour les autres.

Il manifeste que penser est penser avec autrui, en seconfrontant à autrui : penser par soi-même ne doit pas se confondre avec le refus du commerce de la pensée desautres. 4 – Enfin, le dialogue récuse la figure archaïque du maître de vérité.

La vérité recherchée en commun dans undialogue dépend des raisons qu'on avance ; elle n'est ni une vérité révélée, ni un dogme.C'est à la lumière de ces vertus philosophiques du dialogue qu'il faut comprendre le prestige de Socrate, père detous les philosophes, bien qu'il n'ait rien écrit, et peut-être justement parce qu'il n'a rien écrit et a passé sa vie àdialoguer avec ses concitoyens sur la place publique.

En se prétendant lui-même ignorant, Socrate ne délivre pas devérité : il interroge et, grâce à son « ironie », démonte les opinions toutes faites de ses interlocuteurs.

Il incite ainsichacun à une recherche authentique de la vérité. Dialogue et accord. Comment un dialogue conduit-il à un accord ? Qu'est-ce qui, dans le dialogue lui permet d'arriver à une entente? Et de quelle sorte d'accord s'agit-il ? Tout dialogue trouve sa raison d'être dans une situation de désaccord.

En effet, si on est d'accord, il n'est pasbesoin de dialoguer: on ne ferait que se répéter l'un l'autre.

Le dialogue serait donc là pour permettre dedépasser un désaccord de départ pour arriver à un accord.En ce sens, sa principale utilité est d'éviter que le désaccord ne conduise au conflit: on dialogue pour réduireun désaccord qui risque toujours de s'aggraver davantage.

On discute pour s'entendre, et on veut s'entendrepour ne pas se battre.

Voilà pourquoi on cherche le dialogue: pour l'accord qu'il rend possible, ou plutôt, pourdésamorcer le désaccord.Mais comment un dialogue permet-il d'arriver à cette pacification, à cet accord? Permet-il réellement d'arriverau résultat escompté?Le plus souvent, ce à quoi on assiste, c'est que le dialogue se transforme en négociation, et l'accord auquel onarrive, ce n'est jamais qu'un compromis, ce qui n'est pas un accord.

En effet, un compromis consiste toujoursen ce que chacune des deux parties renonce à un peu de ses exigences, en rabatte.

Le compromis, c'est leplus souvent, le moyen terme, qui ne satisfait personne pleinement et qui relance le conflit à plus ou moinslongue échéance, plutôt qu'il ne l'apaise.

Plutôt que un accord, c'est un désaccord encore plus radical qui ensort.

On pourrait parler d'un faux accord en ce cas.Ce à quoi il faut donc s'efforcer, ce vers quoi il faut tendre dans un dialogue, c'est à une réelle conversion del'interlocuteur, qu'il adopte à l'issue du dialogue mon opinion à moi, et qu'il en soit convaincu aussi fermementqu'il l'était de son opinion à lui au début du dialogue.

En ce sens, le seul véritable accord auquel on arrive parun dialogue, c'est de faire changer d'opinion à son interlocuteur.

Pour cela, le meilleur moyen, ce n'est pasd'avoir raison, mais de bien parler.

En effet, cet accord-là n'est jamais obtenu que par des artifices derhétorique: il s'agit d'être persuasif, plutôt que d'être dans le vrai.A la différence de convaincre, où je m'adresse à la raison de mon interlocuteur, lorsque je veux le persuader, jem'adresse à ses passions, je l'attaque par ses points faibles (s'il est ambitieux, je lui montre tout ce qu'il peutgagner à adopter mon point de vue, s'il est obstiné, je commence par faire semblant d'être d'accord avec luipour l'amener progressivement à rallier mon point de vue...). La persuasion n'est jamais qu'une ruse, et si elle a le mérite de faciliter l'accord, elle y arrive trop facilement:l'accord qu'elle extorque ne vaut pas grand chose.

Et on sera bien arrivé à un accord, mais au détriment dudialogue: le dialogue n'est plus qu'une lutte, l'interlocuteur un adversaire.

Tout se passe comme si on étaitplacé devant une alternative: soit on arrive à un accord, soit on dialogue. Le problème, c'est que même cet accord obtenu par le détour de la persuasion n'a rien de durable.

Il dure aussilongtemps que le charme du discours qui l'aura produit.

On aura bien amené l'autre à changer d'opinion, mais lepropre de l'opinion, c'est d'être versatile, changeante.

La vraie difficulté n'est pas d'amener l'autre à changerd'opinion: elle est changeante par nature, il n'y a rien d'autre à faire que de lui faire préférer une opinion à cellequ'il a déjà.

La vraie difficulté, c'est de le faire se tenir à cette nouvelle opinion. Deuxième partie : Le langage se constitue dans le dialogue • Communication animale et langage humain.

Comme l'a souligné E.

Benveniste, dans la communication animale,d'une part le message n'appelle pas de réponse de l'entourage mais une conduite, et d'autre part la communicationse réfère à une donnée objective et non « linguistique ».Aussi « le message d'une abeille ne peut être reproduit par une autre qui n'aurait pas vu elle-même les choses que lapremière annonce ».

Au contraire, le langage humain se caractérise par le dialogue dans lequel « la référence à. »

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