Le discernement des rapports.

« consistera toujours à classer, sérier, dénombrer, mesurer, placer ou déplacer dans l'espace ou dans le temps.

Maisce ne sont pas ces classes, séries, relations spatio-temporelles elles-mêmes, en tant que structuration de la réalitéou de l'action, qui seront groupées dans les opérations formelles, ce seront les propositions qui expriment ou «réfléchissent » ces opérations.

A partir d'une thèse initiale, ou hypothèse, l'esprit va jusqu'à la conclusion pardéduction : c'est l'opération hypothético-déductive, qui est à la base de toute la science; discernement de rapports trèscomplexes. II.

Le discernement des rapports dans l'invention. La plupart des hommes sont seulement capables de comprendre les rapports dégagés par quelques-uns d'entre eux;mais un petit nombre invente des rapports jusque-là inaperçus de tous. A Sans doute, en toute rigueur, on peut parler d'invention quand l'individu découvre quelque chose de nouveau pourlui.

Le singe invente, quand nous le soumettons à nos expériences.

A un degré supérieur, Gauss invente, quand ilorganise la série des nombres de 1 à 8, dont il devait trouver la somme, en quatre groupes de deux, dont le totalest chaque fois égal à 9. B Mais l'invention supérieure consiste dans l'invention d'un rapport radicalement nouveau.

Le génie consiste àapercevoir des rapports entre des idées jusque-là éloignées l'une de l'autre : — dans les sciences : l'attraction universelle (mouvement des astres et chute des corps); l'assimilation de la respiration à la combustion; l'assimilation par H.

Poincaré, des transformations, des formes quadratiques ternaires indéfinies à celles de lagéométrie non euclidienne; — dans les lettres : l'homme de génie rassemble toutes les aspirations éparses de son temps, établit entre elles des rapports : HugoEcho sonore, Goethe; — en politique : Auguste, Napoléon. III.

Facteurs du discernement des rapports. On invoque Vinconscient.

Il est vrai que le dernier moment de la découverte semble se faire en dehors de l'actionmême de l'inventeur.

Mais l'invention ne se produit que dans un esprit préparé par le travail. A Le travail, c'est attention.

L'attention est une faculté qui repose sur l'établissement des rapports. 1° Rapport des idées secondaires à Vidée centrale (monoidéisme et polyidéisme); 2° Rapport du passé et de l'avenir au présent. Mais nous avons parlé seulement de l'attention volontaire.

L'attention spontanée, elle aussi, établit des rapports :guidée par l'affectivité, elle rapproche les objets de la nature entre eux, ou les objets de la nature et les idées;c'est le fondement de la comparaison, de la métaphore, du symbole dans la poésie. B En parlant d'attention spontanée, source de poésie, nous avons, à côté du travail, fait place au don personnel : il faut bien, en définitive, reconnaître l'existence de ce don personnel, à la basedu discernement des rapports, et cela même dans les rapports objectifs scientifiques; cf.

les textes cités de Burloudet Valensin. Conclusion.

Le discernement des rapports caractérise l'intelligence d'un bout à l'autre de son développement, de sesformes les plus humbles à ses formes les plus hautes.

La supériorité d'un esprit se mesure à sa capacité de discernerdes rapports, que ce soit dans l'ordre objectif de la technique, de la science, ou dans l'ordre subjectif de la poésie.On peut même dire que la moralité suppose le discernement des rapports, car s'il est vrai que toute morale puisseêtre conçue sur le type de la justice ou sur le type de la charité, justice et charité impliquent le rapport de soi avecautrui : — rapport de type rationnel dans la justice; — rapport d'amour dans la charité.. »