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Le doute est-il l'échec de la raison ?

Publié le 01/10/2005

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En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance «, puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration «. C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer «, et c 'est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose «.  Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur. Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage. Si dire « ceci est blanc «, alors « blanc « ne  signifie plus rien de déterminé. Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit « et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même «. En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits. « Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal." Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

  • Qu'est-ce que le DOUTE ?

 

 

   Méthode cartésienne de mise à l'épreuve des opinions afin de parvenir à une vérité Indubitable. Ce n'est ni le doute spontané de l'homme en proie à l'Incertitude, ni le doute des sceptiques, qui font de la suspension définitive du jugement une sagesse de vie.

   Le doute comme méthode est provisoire, systéma­tique, et hyperbolique, car il a une fonction critique : séparer les opinions des savoirs certains, pour permettre d'asseoir sur des bases inébranlables l'édi­fice des sciences.

« Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujetcartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? A ffirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et cemalgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote ).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et sefonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer ladémonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme.Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire« ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, nesont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal. " Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité deschoses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; touteschoses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ».

Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon ). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras , nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.

C elle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive leprincipe de contradiction dans la sphère de la pensée.

C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons lavérité » (Aristote ). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.

Direque tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai.Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il se dit il se contredit.

Le doute de la raison à la recherche de la foi Entre le doute et la vérité Pascal, lecteur de Montaigne, reconnaît la force du doute sceptique : « nous avons une impuissance de prouver,invincible à tout le dogmatisme ».

Mais d'un autre côté, « nous avons une idée de la vérité, invincible à tout lepyrrhonisme » (Pensées, éd.

Brunschvicg, 395).

Pascal fait remarquer que le modèle démonstratif de la géométrie nousamène dans un cercle vicieux: car il suppose que les termes que l'on utilise soient toujours définis de manière claire etdistincte.

Or, pour définir un terme, il faut d'autres termes: on entre ainsi dans une régression à l'infini dont on ne peutsortir.

Il est donc vain de croire pouvoir tout démontrer.

Seule la géométrie échappe relativement à ce problème.

Non pasparce qu'elle parvient à tout démontrer, mais parce qu'elle «ne suppose que des choses claires et constantes par lalumière naturelle».

Mais elle est la seule dans son genre. Des contrariétés essentielles de la raison humaine. Dès lors, nous sommes invités à rendre raison des « contrariétés » de l'homme par un dépassement du plan de larationalité humaine.

Le doute philosophique, en ce sens, conduirait de la raison philosophique à la foi religieuse.

Ilmettrait légitimement en cause la valeur de la raison et préparerait son propre dépassement dans un « pari » qui conduità penser que « la philosophie ne vaut pas une heure de peine ».

Ainsi le doute qui faisait accéder à la philosophie en feraitaussi sortir, non pour revenir aux opinions pré-philosophiques, mais pour s'engager sur un plan présenté commesupérieur à la philosophie.

Ces différentes formes de doute, par des voies différentes, conduisent toutes à mettre encause la valeur de la rationalité philosophique, dans la mesure où elles en soulignent les limites, les dangers oul'insuffisance.

Mais le doute, analysé de façon différente, peut avoir une portée philosophique tout autre.

Le doute philosophique, exercice de la raison, ne peut la mettre en cause.

Après le doute, la vérité Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français.Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le « Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'un univers fini,une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, enproie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

O r, Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde.Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même.En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasse encela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer, et àrejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3 ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes , dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d''absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux toutce qui peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoije pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose [...] qui fut entièrement indubitable. ». »

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