Devoir de Philosophie

Le doute philosophique peut-il mettre en cause la valeur de la raison elle-même ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Mais d'un autre côté, « nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme « (Pensées, éd. Brunschvicg, 395). Pascal fait remarquer que le modèle démonstratif de la géométrie nous amène dans un cercle vicieux: car il suppose que les termes que l'on utilise soient toujours définis de manière claire et distincte. Or, pour définir un terme, il faut d'autres termes: on entre ainsi dans une régression à l'infini dont on ne peut sortir. Il est donc vain de croire pouvoir tout démontrer. Seule la géométrie échappe relativement à ce problème. Non pas parce qu'elle parvient à tout démontrer, mais parce qu'elle «ne suppose que des choses claires et constantes par la lumière naturelle«. Mais elle est la seule dans son genre.  Pour obtenir la suite et la fin de ce devoir

  • CITATIONS : « Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous. « Alain, Propos du 8 juin 1912.

Le doute peut être considéré comme un défaut ou une imperfection, puisque, par exemple, celui qui sait quelque chose avec certitude ne doute pas ou ne doute plus. Pourtant, douter suppose une certaine intelligence, même sous la forme quotidienne et banale de l'hésitation : un être stupide ne doute guère, ou, comme on dit, ne doute de rien. Sur un autre plan, mais de façon analogue, la réflexion philosophique, « fille de l'étonnement «, ne peut que souligner l'acte par lequel un être refait le mouvement inaugural de la philosophie, c'est-à-dire passe du mythe à la raison, ou, plus généralement, doute de la vérité des idées reçues et cherche à substituer, à une pensée dominée par l'irrationnel, une pensée que la raison éclaire et organise. Mais où s'arrête le doute philosophique ? Ne pourrait-il pas mettre en cause la valeur de la raison elle-même ?

  • Première partie : La mise en cause de la raison par le doute sceptique
  • Deuxième partie : Du doute de la raison à la foi
  • Troisième partie : Le doute philosophique, exercice de la raison, ne peut la mettre en cause

 

« moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux par excellence est celle-ci :pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ». (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu' Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b). L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cetteméthode ». Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humainuniversel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individueldu mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pourtoi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale véritédes opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient àposer que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » ( Aristote ).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction.,selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il étaitdémontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitementle rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensédémontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer ladémonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une« grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulementquelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément,affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire« ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non passeulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles