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La raison, cause de notre jugement ou cause dans les choses ? G. W. LEIBNIZ

Publié le 06/01/2020

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En bon mathématicien (c'est l’un des découvreurs du calcul différentiel), Leibniz s'intéresse d'abord à la raison au sens de raison démonstrative, d’explication convaincante. Mais les raisons dans le registre de la connaissance doivent exprimer les causes dans le registre de la réalité, le rationnel reproduisant ainsi la structure du réel.

 

La raison est la vérité connue dont la liaison avec une autre moins connue fait donner notre assentiment à la dernière. Mais particulièrement et par excellence on l’appelle raison, si c’est la cause non seulement de notre jugement, mais encore de la vérité même, ce qu’on appelle aussi raison a priori, et la cause dans les choses répond à la raison dans les vérités. C’est pourquoi la cause même est souvent appelée raison, et particulièrement la cause finale. Enfin la faculté qui s’aperçoit de cette liaison des vérités, ou la faculté de raisonner, est aussi appelée raison [...]. Or cette faculté est véritablement affectée à l’homme seul ici-bas, et ne paraît pas dans les autres animaux ici-bas; car [...] l’ombre de la raison qui se fait voir dans les bêtes n’est que l’attente d’un événement semblable dans un cas qui paraît semblable au passé, sans connaître si la même raison a lieu. Les hommes mêmes n’agissent pas autrement dans les cas où ils sont empiriques seulement. Mais ils s’élèvent bien au-dessus des bêtes en tant qu’ils voient les liaisons des vérités, les liaisons, dis-je, qui constituent encore elles-mêmes des vérités nécessaires et universelles.

 

G.W. Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, Livre IV, chap. 17, Ed. Flammarion.

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« POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE La correspondance des raisons qui nous convainquent avec les causes des choses est l'idéal de la connaissance.

Cet idéal satisferait pleinement au fameux « principe de raison suffisante »,que Leibniz énonce ailleurs : « aucun fait ne saurait se trouver vrai, ou existant, aucune énoncia­ tion véritable, sans qu'il y ait une raison suffisante, pour­ quoi il en soit ainsi et pas autrement » (Monadologie, § 32).

Mais ce n'est qu'un idéal, et Leibniz ajoute : « Quoique ces raisons le plus souvent ne puissent point nous être connues ».

On comprend donc pourquoi Leibniz n'accorde qu'une place secondaire à la définition de la raison comme faculté humaine.

C'est du point de vue de l'entendement, de la sagesse et de la volonté divines qu'il faudrait se pla­ cer pour rendre raison des choses : « Dieu est la première raison des choses.

[ ...

] Il faut donc chercher la raison de /'existence du monde[ ...

] dans la substance qui porte la raison de son existence avec elle, et laquelle par consé­ quent est nécessaire et éternelle » (Essais de Théodicée, 1, 7).

« Par la raison, dit encore Leibniz, on n'entend pas ici les opinions et les discours des hommes, ni même l'habi­ tude qu'ils ont prise de juger des choses suivant le cours ordinaire de la nature, mais l'enchaînement inviolable des vérités » (Essais ....

Discours, § 23).

C'est dans l'arithmé­ tique et dans la géométrie que nous pouvons découvrir « ces éternelles lois de la raison », parce qu'elles sont régies par le principe de non-contradiction («on ne saurait.

les nier sans pouvoir être mené à des absurdités »).

Quant aux autres vérités, ce sont les lois qu'il a plu à Dieu de don­ ner à la nature, non par caprice, mais en suivant « les rai­ sons générales du bien et de l'ordre ».' « Nous les appre­ nons, ou par expérience, c'est-à-dire a posteriori, ou par la raison et a priori, c'est-à-dire par des considérations de la convenance qui les ont fait choisir » (ibid., § 2).

C'est pour­ quoi, dans notre texte, Leibniz insiste sur la considération des causes finales.

Quant à la comparaison de la raison humaine avec cette ombre de la raison qu'est l'accoutumance machinale, elle trace la ligne de partage entre l'empirisme et le rationa­ lisme (voir Glossaire).. »

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