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Le doute s'oppose-t-il à la certitude ?

Publié le 17/11/2009

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Le doute s'oppose-t-il à la certitude ?

  • Certitude : adhésion forte et inébranlable de l'esprit à une vérité, reposant sur des motifs divers, rationnels ou empiriques. Peut également désigner une proposition tenue pour certaine.

« moque de celui qui "n'est certain de rien".

Le doute qui devient un délire prend même un sens pathologique,lorsque l'individu hésite constamment et suspecte toute décision qu'il courrait prendre: on parle alors d'une"folie du doute", qui pousse à tout vérifier et tourne à l'obsession.

L'opposition semble alors radicale entre lacertitude rassurante et ferme et le doute devant tout acte, qui est au fond doute de soi. - Pourtant la certitude est-elle aussi positive qu'elle le paraît tout d'abord ? Lorsque je suis certain, je ne réfléchis pas à mes certitudes, je les accepte et parfois même tente de les imposer aux autres.

On futcertain que le soleil tournait autour de la terre, et Galilée fut condamné au nom de cette certitude, lui quiaffirmait que c'était la terre qui tournait autour du soleil.

Nos certitudes sont-elles pour la plupart autrechose qu'un ensemble de préjugés ? Mais si mes certitudes sont acceptées sans autre forme de procès, ellessont subies, elles s'imposent à moi.

Je les accepte comme "certitude" parce que depuis l'enfance elles m'ontété enseignées comme telles.

Pour Hume, c'est l'habitude qui constitue les certitudes; ainsi je suppose qu'unphénomène qui précède constamment un autre est sa cause, mais que puis-je en savoir ? J'affirme commeune certitude que "le soleil se lèvera demain", mais d'où me vient cette certitude sinon de l'habitude ? Aunom de la certitude on a pu défendre l'inégalité des races, ou la supériorité de l'homme sur la femme.

Lacertitude se distingue de la vérité en ce qu'elle n'implique aucune démarche de vérification, de preuve, oumême de réflexion.

Elle est purement subjective, opinion non réfléchie qui répond au désir d'être détenteurd'un savoir rassurant.

Mais en opposition à une telle certitude, le doute apparaît au contraire comme unedémarche positive de mise en question.

Il est alors volontaire et source de pensée, de réflexion.

Ici le doutes'oppose à la certitude au sens où il la provoque, la met en cause: il n'accepte pas la facilité du préjugé, ilsomme la certitude de se justifier.

Ainsi Bachelard nous dit-il que le scientifique se méfie de l'opinion qui"pense mal, ne pense pas".

Il sait dire "non" aux préjugés, pour avancer de nouvelles hypothèses qui serontle chemin vers la vérité.

En ce sens, le doute et la certitude s'opposent et entrent même en conflit. - Faut-il alors opposer de manière absolue le doute et la certitude et magnifier le doute, au point d'en faire l'attitude philosophique par excellence ? C'est le point de vue des sceptiques, qui doutent de toutevérité établie et affirment qu'il n'y a aucune certitude.

Pour eux "l'homme est la mesure de toute chose"comme l'affirmait déjà Protagoras: toute certitude est subjective et donc contestable, discutable.

Aucunevérité universelle ne peut être établie avec certitude.

Le sceptique adopte une attitude d' épochè au sens que prend ce mot dans la Grèce antique, il suspend tout jugement affirmatif, et doute donc constamment etde tout.

Mais n'est-ce pas là une foi déguisée, une certitude tout aussi dogmatique ? Le sceptique nerecherche même pas la certitude, il affirme a priori qu'il n'y a pas de certitude, qu'il n'y a rien de certain.

Une telle totalisation, qui rend le doute universalisable est-elle acceptable ? On pourrait objecter ici que leschercheurs qui doutent des opinions ne le font que provisoirement et atteignent bien des certitudes.

Galiléeétait bien certain que la terre tournait.

Il faut ici distinguer une certitude sans réflexion et une certitudeacquise, après recherche et vérification.

Douter de tout peut sembler aussi facile que ne douter de rien.Dans les deux cas, nous assistons au fond au même dogmatisme du tout ou rien.

L'opposition se transformeici en ressemblance des deux attitudes réunies dans le même refus de se mettre en cause. - Mais le doute sceptique n'est pas la seule manière de douter.

Descartes au début des Méditations Métaphysiques, doute de tout mais se démarque du doute sceptique.

Son doute est volontaire et porte surtout, mais il a pour but la recherche de la vérité.

Il ne s'agit pas pour Descartes de rester dans le doute,mais de la dépasser, de trouver un "point fixe" une première vérité, qui lui permettrait de fonder les sciences.D'ailleurs, dans la deuxième Méditation.

Descartes parvient à cette première certitude qui est la certitude deson esprit, dont il ne peut douter au moment précisément où il doute et exerce cet esprit.

On peut noter icique la certitude surgit du doute lui-même et ne prend même sens que par lui.

C'est la démarche du doute quiprovoque l'apparition de la certitude.

Le doute devient alors une méthode qui ne s'oppose pas à la certitudemais la provoque, en constitue la valeur.

Il n'y a alors de certitude authentique qu'issue du doute commeréflexion et mise en cause des opinions.

La certitude n'est plus ici une foi aveugle ou un dogmatisme mais lerésultat d'un processus de réflexion.

Le doute et la certitude ne s'opposent pas en ce sens, mais participentdu même mouvement de réflexion qui définit la recherche de la vérité. - Si l'opinion commune oppose la certitude et le doute, c'est pour valoriser l'une au dépens de l'autre. Mais cette position peut être dépassée si l'on réfléchit que toute démarche de pensée implique une mise endoute, qui permet de se poser des questions.

Toutefois en rester aux questions elle mêmes peut paraîtrestérile et l'attitude sceptique est critiquable en ce qu'elle se fige en un dogmatisme rigide qui pose que rienn'est sûr.

Le doute peut aussi créer la certitude comme but même de sa démarche, il la recherche et laproduit, même si la mise en cause reste toujours possible, pour que reste vivante la réflexion.. »

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