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Le langage permet-il d'imiter la réalité ?

Publié le 31/10/2005

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Parler, c'est mimer ce que l'on veut dire Le nom est une façon d'imiter par la voix et la langue ce que l'on nomme. Cratyle le dit, ainsi que Leibniz, lequel estime qu'il y a une liaison naturelle entre les mouvements des organes de la parole, les sons et les choses exprimées. Il y a un «instinct naturel» qui explique la correspondance entre caractères verbaux et caractères des choses (Nouveaux Essais sur l'entendement humain).Tous les noms sont justes Si le nom d'une chose n'est pas constitué de façon juste, ce n'est qu'un son et non le nom de cette chose. Les noms doivent se composer de lettres qui conviennent, c'est-à-dire qui correspondent ou ressemblent aux objets (le R est le moyen ou l'instrument du mouvement par son caractère roulant alors que le T signifie l'arrêt, etc.) Ainsi, lorsqu'on sait les noms, on sait les choses.  [Le lien signifiant-signifié est purement conventionnelet les mots peuvent très bien ne pas dire les choses.Un énoncé est un point de vue particulier sur le réel.] ■ Signifiant et signifié chez SAUSSURE Dire que la signification ne se joue nulle part ailleurs que dans le langage, qu'elle est inhérente au jeu d'opposition des termes entre eux, c'est renoncer à expliquer le langage comme s'il était une nomenclature, c'est-à-dire une simple correspondance entre un mot et une chose. Le tort d'une telle conception tient précisément au fait qu'elle ne nous dit rien sur la nature d'une telle correspondance ; en outre, elle présuppose que l'idée puisse être donnée sans le mot, puisque le rapport du mot à la chose est préalable au mot lui-même.
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« Signifiant et signifié chez SAUSSURE Dire que la signification ne se joue nulle part ailleurs que dans le langage,qu'elle est inhérente au jeu d'opposition des termes entre eux, c'estrenoncer à expliquer le langage comme s'il était une nomenclature, c'est-à-dire une simple correspondance entre un mot et une chose.

Le tort d'unetelle conception tient précisément au fait qu'elle ne nous dit rien sur lanature d'une telle correspondance ; en outre, elle présuppose que l'idéepuisse être donnée sans le mot, puisque le rapport du mot à la chose estpréalable au mot lui-même.

C'est pour sortir de ces difficultés que Saussurepropose de substituer aux termes de nom et de chose ceux d'imageacoustique et de concept, ou bien encore de signifiant et de signifié.

Larelation qu'il s'agit de penser de l'un à l'autre bien qu'arbitraire, c'est-à-direimmotivée (il n'y a aucun rapport entre le son [soer] et le concept de «soeur ») n'est pas pour autant extérieure, comme s'il s'agissait d'une simplecorrespondance entre le mot et son sens ; elle est, précise Saussure, demême nature que celle qui existe entre les deux côtés d'une pièce : bienqu'opposés, ces deux termes sont inséparables.

Les conséquencesphilosophiques de la linguistique sont considérables : d'une part, c'est laquestion des rapports de la pensée au langage qui est à nouveau posée(nos pensées ne constituent pas un réservoir de significations muettes quenous traduirions, en un deuxième temps seulement, dans le langage : lapensée et le son s'épousent comme l'eau et l'air à la surface des vagues) ;d'autre part, c'est la fécondité des méthodes de la linguistique structuralequi influence toute une partie de la philosophie du XXe siècle, et enparticulier les travaux de Lévi-Strauss ou de Lacan. Le langage n'est pas un reflet des choses• Pour Saussure , le langage est un système de signes exprimant des idées et dont on doit analyser les relations.

Un signe, association d'un signifiant et d'un signifié, est arbitraire (rien, dans la nature du signifiant,ne commande son lien avec le signifié) et conventionnel (le signe n'a rien de naturel).

On dit, depuis Ferdinand de Saussure, que le signe linguistique est arbitraire, pour souligner qu'aucune analogie ne le lie à ce qu'ildésigne.

«Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique»(Cours de linguistique générale).

Kant l'avait déjà très justement remarqué: «le mot chien ne mord pas». L'arbitraire de la relation signifiant et signifiéCanis en latin, kuon en grec, chien en français, dog en anglais, Hund en allemand...

cinq signifiants pour unseul et même signifié.

L'idée de «chien» n'est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons qui lui sertde signifiant.

La diversité des langues nous pousse à prendre conscience du caractère arbitraire du signe.Même si une seule langue était parlée sur terre, le lien du signifiant chien au signifié «chien» resterait toutaussi arbitraire. La langue n'est pas un calque• Le linguiste Saussure , dans son Cours de linguistique générale, définit la langue comme un système de signes: elle n'est pas comme dans un abécédaire pour enfant - une «liste de termes correspondant à autantde choses»; la valeur d'un signe est plutôt constituée par l'ensemble des relations qu'il entretient avec lesautres signes.

Le signe isolé est arbitraire et ne prend sa nécessité que de l'ensemble auquel il appartient :«Cocorico» se rattache en apparence directement à ce qu'il désigne (encore que les onomatopées soientdifférentes suivant les langues), mais «chant du coq» ne s'y rattache que par l'intermédiaire du systèmeentier de la langue.

Cette théorie structurale a été appliquée à l'étude des lexiques propres à chaque langue :chacune est un système de significations sans que l'on puisse établir une correspondance stricte terme àterme entre deux lexiques différents. • On peut dire que la langue impose un découpage du réel car elle impose sa propre organisation interne.

Onsait qu'il est difficile de traduire un texte d'une langue dans une autre dès qu'il ne se réduit pas à un proposélémentaire : les locuteurs ne seraient-ils pas prisonniers de la conception implicite du monde véhiculée parleur propre langue? Wittgenstein écrivait : «les limites de mon langage sont les limites de mon propre monde»(Tractatus philosophico-logicus, 5.6). A chaque langue correspond une organisation de l'expérience.

C'est tout le sens de l'analyse de Condillac.

Lessignes primitifs ont, sans doute, une origine purement naturelle, mais le développement des langues aboutit ausigne linguistique qui, lui, est purement arbitraire.. »

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