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Le langage peut-il tout exprimer ?

Publié le 01/11/2005

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langage
James, tels que "sentiments de rapports", "intention" de parler en tel ou tel sens, "attitudes mentales". Cette dernière remarque nous met en garde cependant contre la tendance, trop fréquente dans la philosophie contemporaine, à exalter cette pensée inverbale ou balbutiante. Car, parfois, la pensée qui ne parvient pas à exprimer, est fréquemment une pensée confuse. L'ineffable c'est parfois l'irrationnel: tel était d'ailleurs le sens du mot dans l'ancienne langue, où le nombre ineffable n'était autre que le nombre incommensurable, que nous appelons aujourd'hui précisément le "nombre irrationnel".               B) La philosophie contemporaine a incriminé bien plus vivement encore l'incompétence du langage dans le domaine métaphysique: "nous ne voyons pas les choses en elles-mêmes, écrivait déjà Bergson, nous nous bornons le plus souvent à coller des étiquettes sur elles. Cette  tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage. Car, les mots désignent tous des genres". Ainsi, le langage contribue à nous masquer la vraie réalité des choses, qui est toujours concrète et singulière. aussi, l'intuition qui seule, selon Bergson, nous permettrait d'atteindre l'absolu, cherche-t-elle à coïncider avec ce que l'objet a d'unique et, "par conséquent, d'inexprimable". Ici encore la philosophie existentielle a accentué cette position.

Nous avons souvent le sentiment d'une « distance « entre ce que nous pensons, nous sentons, et son expression verbale : déformation ou approximation. Le langage parvient-il... ?

Qui n’a pas fait l’expérience de « chercher ses mots « ? Cette expérience témoigne de l’existence d’une pensée antérieure à la parole, d’une antériorité à la fois de temps et de causalité. Il y a là quelque chose que nous pensons comme un « encore à dire «, une sorte de pensée antérieure à tout discours, même intérieur. Tantôt nous ne trouvons pas les mots pour le dire soit parce que, jusqu’à présent, cela n’a pas encore été dit et qu’il faudrait avoir recours à des mots nouveaux, soit parce que notre pensée refuse de faire surface et d’émerger des profondeurs de l’esprit. Tantôt nous trouvons les mots, mais, une fois ceux-ci trouvés, nous avons le sentiment que le langage a pacifié notre pensée, qu’il l’a faite passer à l’être et au repos, voire qu’il l’a pétrifiée. Dans le langage, notre pensée a son « domicile «, elle se possède elle-même ; la pensée est un désir que le langage satisfait, mais cette satisfaction ne peut être que provisoire. Dans la mesure où le mouvement tend vers le repos, la volonté vers l’habitude, la satisfaction du mot est provisoire puisque le mot est fixe tandis que la pensée est dynamique. Le mot réalise donc la pensée, lui donne une extériorité mais en même temps il la réalise sous une forme particulière qui va exclure d’autres formes. Le mot n’est qu’une des possibilités de la pensée, il n’est qu’un vêtement. Le mot est plat, précis, net déterminé et n’a aucune auréole. La pensée est toujours plus nuancée, plus riche. La pensée est toujours plus profonde que le langage. Il y a donc un ineffable qui n’est pas seulement le monde du cœur ou des sentiments mais qui est aussi la pensée –cette pensée qui ne peut être traduite par les mots.

 

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« s'énonce clairement, pour paraphraser Boileau, que dans la mesure où l'énonciation claire est elle aussi à son tour lacondition de la bonne conception. Deuxième partie : Thèse de la prééminence de la pensée comme au-delà du langage (affirmation d'uninexprimable). a) Le langage est inapte à traduire toutes les nuances des sensations (il ne saurait en plus faire partager lasensation elle-même, cf.

Leibniz : « Nous ne saurions connaître le goût de l'ananas par la relation de nos voyageurs») et de la vie affective (émotions, sentiments).

Pour Bergson « nous échouons à traduire entièrement ce que notreâme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage ».

Problème du je-ne-sais-quoi (cf.

V.Jankélévitch).b) L'idée déborde le mot (cf.

les thèses intellectualistes).c) Le langage est inadéquat sur le plan métaphysique.

Toujours selon Bergson, le langage, reflet de la penséeconceptuelle, masquant les choses elles-mêmes, est incapable d'exprimer la pensée pure que constitue la penséeintuitive.d) Sur le plan religieux et mystique, le langage est fondamentalement inapte à exprimer le divin et l'expérience qu'enpeut faire l'homme (cf.

la théologie négative du pseudo-Denys l'Aréopagite et des néo-platoniciens, ainsi que lesrelations d'extases de sainte Thérèse d'Avila, saint Jean de la Croix, etc.). ¨ L'ineffable. Il est des réalités intraduisibles par le langage: A) D'abord, dans le domaine psychologique.

Puisque le langage est essentiellement social, la penséeautistique, celle qui demeure sans contact avec la réalité extérieure et avec autrui est donc incommunicable: chezles schizophrènes, l'aphasie n'a pas d'autre cause.

sans descendre jusque-là, il est certain qu'il existe dans la vieaffective (émotions, sentiments, passions) bien des nuances individuelles que le langage ne traduit que fortimparfaitement.

Bien des auteurs, et des plus classiques, ont fait allusion à ce "je-ne-sais-quoi" que le langage ne parvient pas à exprimer.

C'est surtout dans la communication des consciences entre elles que cette insuffisance dulangage s'affirme.

Bergson l'avait signalé: "Le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal qui emmagasine ce qu'il y a de commun et par conséquent d'impersonnel dans les impressions del'humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates etfugitives de notre conscience individuelle...

Celles-là seules de nos idées quinous appartiennent le moins, sont adéquatement exprimables par des mots". Seule, selon Bergson , la musique serait capable, par-delà "ces joies et ces tristesses qui peuvent, à la rigueur, se traduire en paroles ", de saisir "quelque chose qui n'a plus rien de commun avec la parole, certains rythmes de vie quisont plus intérieurs à l'homme que ses sentiments les plus intérieurs, étant laloi vivante, variable avec chaque personne, de son exaltation, de sa dépression,de ses regrets et de ses espérances ".

La philosophie existentielle a insisté davantage encore sur le caractère " ineffable " de la communication: ainsi, pour Karl Jaspers , la communication reste toujours "le secret des deux êtres " qu'elle unit, puisqu'elle est affirmation existentielle, non conceptuelle, de l'unicité deces deux êtres, et bien souvent, pour la nouer, "le silence, expression normale de l'inconditionné " vaut mieux que toute explication.

Même dans notre vie intellectuelle, il s'en faut que tout soit exprimable par le langage.

"On ne peut parler, dit Condillac , sans décomposer la pensée en ses divers éléments pour les exprimer tour à tour et la parole est le seul instrument qui permette cetteanalyse de la pensée ." Il résulte de là que, tant que la pensée demeurez encore enveloppée ou syncrétique, tant qu'elle n'a pas encore explicité les rapports quila constituent, elle est malhabile à s'exprimer: tels sont ces états sur lesquels avait insisté W.

James , tels que "sentiments de rapports ", " intention " de parler en tel ou tel sens, " attitudes mentales ".

Cette dernière remarque nous met en garde cependant contre la tendance, trop fréquente dans la philosophie contemporaine, à exalter cettepensée inverbale ou balbutiante.

Car, parfois, la pensée qui ne parvient pas à exprimer, est fréquemment unepensée confuse.

L'ineffable c'est parfois l'irrationnel: tel était d'ailleurs le sens du mot dans l'ancienne langue, où lenombre ineffable n'était autre que le nombre incommensurable, que nous appelons aujourd'hui précisément le"nombre irrationnel". B) La philosophie contemporaine a incriminé bien plus vivement encore l'incompétence du langage dans ledomaine métaphysique: "nous ne voyons pas les choses en elles-mêmes, écrivait déjà Bergson , nous nous bornons le plus souvent à coller des étiquettes sur elles.

Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sousl'influence du langage.

Car, les mots désignent tous des genres ".

Ainsi, le langage contribue à nous masquer la vraie réalité des choses, qui est toujours concrète et singulière.

aussi, l'intuition qui seule, selon Bergson , nous permettrait d'atteindre l'absolu, cherche-t-elle à coïncider avec ce que l'objet a d'unique et, " par conséquent, d'inexprimable ".

Ici encore la philosophie existentielle a accentué cette position.

Certains philosophes en viennent à faire du "je-ne-sais-quoi" une véritable catégorie de la pensée ( Jankélévitch ).. »

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