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Le mal peut-il être banal ? ?

Publié le 27/02/2008

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Cette expérience est inspirée de l'analyse que fait Hannah Arendt du procès d'Eichmann. L'exécutant zélé, celui qui se vit comme moyen ou comme technicien est toujours dangereux (voir le procès Eichmann, Un spécialiste). Hannah Arendt, dans Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal relate le procès (1961) . Tzetan Todorov : « Eichmann est porteur d'une pensée oublieuse des fins. Il se focalise exclusivement sur les moyens en perdant de vue à quoi ils servent. » Le bourreau nazi Eichmann se défend lors de son procès en arguant qu'il n'a fait qu'accomplir son devoir de citoyen, en obéissant aveuglément aux lois de son pays. Le scandale d'une telle défense consiste à réduire le devoir à une obéissance servile, comme si le citoyen devait abandonner tout jugement et n'avait pas le devoir de mesurer la valeur de la loi et de s'y opposer si celle-ci s'avère injuste ou barbare. Eichmann affirma qu'il « ne pouvait pas faire autrement, qu'il fallait obéir » : l'immoralité commence par une telle renonciation à la liberté, qui transforme le citoyen en une bête de troupeau zélée et prompte à accomplir toutes les tâches qu'on lui commande. ] Reste que le devoir n'a de sens que s'il est bien compris. La morale du devoir peut, en effet, être pervertie et devenir fanatisme.

« • E = homme ordinaire, un « bourgeois ».- Elle veut insister sur la banalité de l'homme.- homme banal, mais qui a commis des crimes affreux.

Cf.

Si c'est un homme - A.

écrit « qu'il eut été réconfortant de croire qu'Eichmann était un monstre ».

Car se dire que l'homme ordinaire, leplus banal au monde, soit capable de tels actes, c'est admettre que le mal se loge en chacun de nous. • Origine de ce rapport = défense d'E.- déclare n'avoir rien fait de mal.

Il s'appuie sur l' « impératif catégorique » de Kant et dit qu'il na fait qu'obéir à deslois.

Le nazi Eichmann, qui dirigea des camps, lors des interrogatoires, cita l'impératif kantien pour justifier sonobéissance.

C'est oublier que, pour Kant, la raison est la source de la loi.

Comme le fait judicieusement remarquerArendt : « La volonté du Führer s'est substituée cher Eichmann à la raison.

» L'identification kantienne de la volontéau principe de la loi n'a de sens que parce que la loi est un fait de la raison.

Or, cette dernière ne sauraitcommander la déraison.

Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans cecas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contraintes'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes :— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certainesactions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendrece médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques serattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pourleurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sontd'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doits'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifscatégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils secaractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond qu'unseul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent êtredérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime quifait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».De cette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volontéen loi universelle de la nature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personneque dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne desfins rendu possible par la liberté de la volonté.

» - Alors se pose un problème quant à la possibilité de juger cet homme : culpabilité = responsabilité.- Ms si pas de responsabilité peut-on le juger ? • Pour commettre un crime, il faut avoir l'intention de faire le mal, Or ici, aucune volonté, juste des ordres.- Donc procès révélateur de la nouvelle forme du mal.

Alors qu'avant mal = désobéissance aux lois, ici mal =obéissance à ces lois- Donc pour A., l'impératif catégorique invoqué par E.

ne tient pas la route- Mal qui peut maintenant être assimilé à un refus d'obéissance aux lois morales, car dénis de l'Autre. • Mais ici, illustration de la banalité du mal par une relégation au second plan des principes moraux- Le sujet ne pense plus, il agit devient un objet soumis à des lois qu'il ne conteste pas- Parallélisme avec l'expérience de Milgram : on teste des hommes et des femmes, on voit combien d'entre eux sontprêts à infliger des chocs électriques à d'autres hommes si on leur dit que c'est pour la science.- Seuls quelques uns abandonnent ; la plupart vont jusqu'à provoquer la (fausse) mort du cobaye (acteur). Les expériences de Milgram entre 1960 et 1963 démontrèrent la capacité d'une majorité d'êtres humains à sedélester de leurs responsabilités au motif que l'autorité détient des moyens punitifs contre eux.

Les expériences deMilgram consistaient à chaque fois à prendre un groupe de trois individus : un professeur, un élève etl'expérimentateur.

Ces deux derniers sont de mèche et savent que l'expérience consiste à "tester" le professeur.Celui-ci devait donner une liste de mots à l'élève qui devait la retenir.

En cas d'échec, l'expérimentateur demandaitau professeur d'envoyer une charge électrique à l'élève mais celle-ci n'était pas réelle : l'élève simulait la douleur.

Lacapacité de l'être humain à se soumettre à l'autorité fut vérifiée : avant que le sujet refuse de continuer à envoyerdes charges électriques à son élève, la moyenne atteinte fut de 430V, c'est-à-dire assez pour le tuer.

Cela montreà quel point sous l'autorité un individu peut se soumettre.

Celui-ci ne devient plus qu'un être dans un état"agentique" et il a mis sa faculté de penser à charge d'une organisation ou d'un Etat.

Ce fut le cas de Eichmann,haut fonctionnaire nazi durant la seconde guerre mondiale qui se défaussa de sa responsabilité dans la Shoa enaffirmant qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres qui lui étaient donnés.

Ainsi, nous pouvons dire que la faculté de penserest perdue au moins partiellement sous l'autoritarisme.. »

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