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« Le moi est-il une fiction ? »

Publié le 25/06/2013

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               Nous avons le plus souvent tendance à opposer la fiction à la réalité. La fiction nous renvoie à ce qui est du domaine de l’imaginaire, de l’irréel. Pour qu’il y ait fiction il faut qu’il y ait quelqu’un pour imaginer, pour composer, pour « fictionner «. Par ailleurs, il ne peut exister de « moi « que s’il y a quelqu’un pour dire « moi « en parlant de lui-même, de ses sentiments, de ses pensées, de ses opinions, de son point de vue. Seulement il apparait surprenant d’envisager que le moi puisse être une fiction. En effet, pourquoi dire que le moi n’a pas de réalité, alors que nous employons régulièrement ce terme ? Car dans le langage courant, nous utilisons bien souvent le mot « moi «, notamment par distinction du « toi «. Le moi semble dès lors avoir une certaine réalité pour désigner quelque chose nous appartenant en propre.

               Tout au long de notre argumentation, c’est donc sur la nature de l’existence du moi que nous nous interrogerons. Si le moi est « réel «, en quel sens pourrait-il l’être ? Quelle consistance aurait-il ? Par ailleurs, s’il s’avérait que le moi apparaisse être une fiction, pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui pourrait-nous faire douter de l’existence du moi ? Enfin, ne serait-il pas possible de « sauver « le moi, de lui accorder une certaine existence ? Dans ce cas, à quelles conditions ?

               Pour répondre à ces questions, il nous faudra explorer d’autres concepts qui ont souvent été impliqués dans la problématique du moi comme fiction ou comme réalité : le sujet, le « je «, le « soi «, la conscience, la subjectivité,  la substance… Nous pourrons ainsi connaitre les particularités qui distinguent le moi de ces autres concepts, et en savoir plus sur le sens que l’on attribue à ce mot.

« possibilité qu’il a de toujours se voir confirmer dans l’autre ».

Le moi renverrait donc à la personnalité d’un individu , s’auto-désignant face à autrui dont il guetterait un regard approbateur sur lui -même.

Par distinction, nous constituons ainsi le « moi » par rapport à l’autre.

Pour vivre parmi les autres, nous nous appréhendons comme un.

Le moi désigne en effet la relation de soi à soi, qu’un individu peut entretenir avec lui-même, et dépendrait du regard de l’autre pour être reconnu comme personnalité à part entière.

C’est ce qu’affirmait Jung, avant Honneth : c’est autrui qui nous donne notre identité, nous cherchons qui nous sommes dan s son regard.

Dans Les types psychologiques (Payot, pag e 456), Jung disait : « j 'entends par moi un complexe de représentations formant, pour moi -même, le centre du champ conscientiel, et me paraissant posséder un haut degré de continuité et d 'identité avec lui -même ».

Mais le moi est l’ individu qui se désign e lui-même, donc qui se perçoit, qui s’appréhende lui - même.

Le moi ne relève donc pas de la perception que l’autre pourrait avoir de ma propre personne.

Ce n’est pas le moi qui recherche la reconnaissance dans le regard d’autrui, c’est l’individu, le sujet à part entière qui se veut perçu par autrui.

Or comme nous l’avons dit, le moi désigne une perception de soi à soi (le moi est pour Honneth « l’idée que chacun se fait de soi -même ») , il ne peut donc pas être considéré de l’extérieur, par un autre que moi.

Le moi ne relève pas de l’expérience objective.

Mais ne peut -on alors pas accorder une réalité subjective au moi ? En effet, dire que le moi est « un e idée », n’est -ce pas affirmer que le moi est une fiction ? Avant de pouvoir répondre à ces questions, observons un auteur qui a basé les fondements de sa philosophie sur l’existence du moi, de l’ « ἐγώ ».

Il s’agit bien sûr de Descartes, qui affirme que bien que nous ne puissions percevoir aucune substance en tant que telle, nous avons néanmoins la possibilité de la penser, clairement et distinctement, et nous pouvons la connai tre par ses attributs seulement ( Principia philosophiae , I, 52, la pensée est pour Descartes un attribut de la substance ).

Or puisque que nous avons cons cience de penser, nous pouvons bel et bien en déduire l’existence d’une s ubstance pensante (res cogitans ) : « cogito, ergo sum » ( Discours de la méthode , IV, en français « je pense donc je suis » ).

Quatre années plus tard, dans les Méditations métaphysique s (M éditation Seconde, « De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps ») , Descartes emploiera « ego sum, ego existo » (« je suis, j’existe »).

Il apparait donc que c e soit plutôt au « je » qu’au « moi » que l’auteur accorde une certaine existence.

Mais l’on ne pourrait avoir aucune connaissance du je sans qu’il n’y ait auparavant eu une relation de soi à soi, d u « moi » qui a conscience de penser .

Le « moi » aurait donc une existence implicite par le simple fait de la consistance du je : le je est ce qui pense à l’intérieur du moi.

Quoiqu’il en soit, avec Descartes est véritablement née la notion de subjectivité, comme intériorité de la conscience : ce que pense un individu lui est psychiquement propre.

C’est dans le « moi » que se déroulent des processus de pensées.

On ne peut pas douter de son existence, il est une substance, il n’est pas une fiction.

A la lumière de la philosophie de Descartes, il serait donc possible d’affirmer que si le moi n’a pas d’existence objective, il n’en n’est pas moins une vér ité absolue et universelle, dont chacun peut faire la découverte en étant en relation avec sa propre conscience.

Mais qu’est -ce qui, dès lors , pourrait nous faire entrevoir le moi comme une fiction ? L’expérience du moi est universelle, mais ne peut se faire que de manière subjective selon Descartes : peut-on alors encore parler d’existence réelle du moi ? Qu’en est -il de la constitution du moi dans la relation à autrui , du moi comme identité, comme personnalité ?. »

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