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Le musée est-il le lieu de l'art ?

Publié le 01/03/2009

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Le musée est-il le lieu de l'art ?

Pour donner une définition du mot musée, nous pouvons citer celle proposée par le Conseil international des musées (ICOM) : « Un musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l'homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d'études, d'éducation et de délectation  «. Si nous nous intéressons à l’étymologie du terme, nous pouvons dire qu’il vient du mot grec museion, « temple des Muses «, divinités des arts. C'est à la Renaissance qu'on nomma « musées « les galeries renfermant des objets d'arts : il s’agissait de lieux habités par les Muses.

 

 

Lorsque nous parlons d’art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

 

 

En nous demandant si le musée est le lieu de l’art, nous cherchons à déterminer si le musée est le lieu ou les œuvres d’art se trouvent légitimement rassemblées, puisque nul autre lieu possible n’est préférable. Il semble que tel soit en effet le cas, car le musée est un espace spécifiquement pensé pour accueillir et mettre en valeur les œuvres d’art ; d’autre part, il permet leur réception par le plus grand nombre, assurant la possibilité de jouissance des œuvres d’art par autrui. Cependant, des critiques nombreuses s’élèvent contre une telle thèse, qui font du musée moins le lieu même de l’art, son espace privilégié, mais plutôt une solution transitoire, acceptable a la rigueur puisque nulle autre, en définitive, ne lui est réellement préférable.

 

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si le musée est le lieu de l’art par excellence ou seulement par défaut.

« a.

Cependant, nous ne pouvons en rester à cette thèse, qui peut être critiquée, contestée, pour de multiples raisons.En effet, il semble bien que nous ne pouvons affirmer que le musée soit le lieu de l'art, dans la mesure où il existe denombreux musées qui n'accueillent nullement des collections artistiques.

En effet, l'approche muséographiqueconcerne bien plus que les œuvres d'art : il existe des musées de la résistance, des musées historiques, duchocolat, des accessoires érotiques, des timbres (en vérité de multiples domaines aussi distincts que possible lesuns que les autres).

Par conséquent, nous dirons que le musée s'est éloigne de sa vocation première, qui était,comme nous l'avons vu en introduction, d'accueillir des œuvres d'art, les productions des « Muses » : plusgénéralement, les Musées accueillent ce dont les humains veulent se souvenir, ce qu'ils jugent suffisammentimportant pour en conserver la mémoire.

Le musée n'est donc pas le lieu même de l'art, mais plus généralement, lelieu de la préservation des productions humaines contre leur grand ennemi : le temps.

… et de l'art en dehors des musées b.

Parallèlement, nous pouvons également penser que l'art se trouve légitimement en dehors des musées, et sans queles œuvres en soient pour autant moins bien mises en valeur.

Par exemple, nous pouvons songer aux œuvres deRichard Serra, sculpteur qui a expose dans des espaces naturels, en plein air.

Tel est le cas de son œuvre intituléeClara Clara, dont voici la description : 6.Clara-Clara, 1983Acier (3,7m x 33,2m x 5,1cm / 3,7m x 32,8m x 5,1cm)Installation dans le Jardin des Tuileries.

Collection de la Ville de Paris. « Initialement prévu pour être exposé dans le hall du Centre Pompidou dans le cadre de l'exposition de l'artiste quiavait lieu au même moment, Clara-Clara a finalement été montré au public dans le Jardin des Tuileries.

Du nom de la femme de l'artiste, la sculpture est constituée de deux parenthèses d'acier dos à dos qui ménage un espace decirculation pour le visiteur qui la traverse.

L'œuvre s'inscrit dans la perspective qui part du Louvre vers l'Arc deTriomphe et joue de manière subtile avec cette ligne droite qui coupe la capitale.

Pour l'artiste, Clara-Clara ouvre un dialogue fécond avec l'ambiance « baroque », selon ses propres termes, du Jardin des Tuileries ».(Source : http://www.monumenta.com/2008/content/view/47/1/lang,fr/ ) Un tel exemple nous montre que des œuvres d'art peuvent trouver un lieu d'expression et d'exposition approprie endehors de l'espace institutionnel et ferme du musée, encourageant un nouveau rapport de l'art avec son milieu.

Eneffet, l'œuvre d'art peut parfaitement entretenir une relation esthétique avec son environnement, lorsqu'elle est, parexemple, exposée à l'extérieure, dans un espace qui n'était pas a priori prévu a cette fin.

III. Le musée réel : un lieu de hasard insuffisant et inferieur au musée « imaginaire » Le musée, un lieu de rencontres fortuites a.

Mais allant plus loin, nous finirons par dire que le musée ne saurait être le lieu de l'art, dans la mesure où il est unlieu de rencontres fortuites, de rapprochements arbitraires.

En effet, un musée est toujours tributaire de sesmoyens financiers, de la place dont il dispose, qui déterminent la nature et le nombre des œuvres qu'il propose auxspectateurs.

Jamais un musée ne comprend toutes les œuvres d'un artiste, toutes les œuvres d'un courant : il nepossède au mieux que des témoignages, parfois nombreux, certes, mais néanmoins partiels, qui font de sescollections une fenêtre, et non un panorama entier… Nous dirons donc que le musée ne saurait être considérécomme le lieu même de l'art, le lieu par excellence : il est au contraire un lieu par défaut, la solution la moinsmauvaise pour que les hommes aient un rapport direct aux œuvres d'art.

Des insuffisances du musée réel à l'idéal d'un « musée imaginaire » b.

C'est sur le fondement de cette critique des musées bien réels que nous pouvons promouvoir, avec André Malraux,l'idéal d'un « musée imaginaire » (pour reprendre le titre de l'un de ses ouvrages).

En effet, Malraux montre que lemusée modifie la fonction même des objets qu'il expose : un crucifix exposé cesse d'être un objet de culte pourdevenir une œuvre ; un portrait n'est plus la représentation d'une personne vivante qui l'a commandé, mais unesimple image d'un être qui n'existe plus qu'a titre de modèle.

C'est ainsi que dans le musée, il n'existe plus, en. »

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