Devoir de Philosophie

LE PORTRAIT DU PHILOSOPHE DANS LE " THÉÉTÉTE" DE PLATON

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

platon

Ce texte présente pour nous un double intérêt

1° Un intérêt historique. Il nous introduit d'emblée au coeur même de la pensée de Platon, à la distinction fondamentale du monde sensible et du monde des idées. Le philosophe est avant tout celui qui a rompu avec les prestiges trompeurs du monde sensible pour vivre parmi les idées. C'est pourquoi la philosophie commence par l'étonnement. Le philosophe éprouve ici-bas un sentiment d'étrangeté (qui le rend mala­droit et souvent ridicule aux yeux de la foule). Ce sentiment d'étrangeté n'est que l'envers de la réminiscence des idées (le philosophe se souvient obscurément d'avoir vécu parmi les pures idées avant que son âme ne tombe dans la prison du corps).

Un intérêt éternel. Quoi qu'il en soit de la doctrine particu­lière de Platon, ce texte garde toujours sa valeur pour nous faire comprendre ce qu'est la philosophie.

 

— Le philosophe met ce monde en question. Il peut donc paraître inadapté à la vie de tous les jours à laquelle il « adhère mal «. Mais, disait Valéry, « il n'y a que les huîtres et les sots qui adhèrent «. Ce qui aux yeux de tout le monde est solution redevient problème pour le philosophe. Le philosophe est en quelque sorte celui qui transforme en problèmes les évi­dences de la foule.

TEXTE

— Socrate : « Supposons, mon cher ami, que le philosophe ait réussi à tirer vers les hauteurs un homme de la foule et que ce dernier consente à sortir de ces questions : « Quel tort t'ai-je fait ? ou quel tort m'as-tu fait ? « pour s'élever à la considération de la justice et de l'injustice en elles-mêmes, pour chercher en quoi elles consistent et en quoi elles se distinguent de toutes choses aussi bien que l'une de l'autre ; supposons que cet homme renonce également à se demander si le grand roi est heureux, ou si le propriétaire d'une quantité d'or est heureux, pour en venir à considérer la royauté et le bonheur ou le malheur humain en général, leur essence respective, la façon dont il convient à l'homme de viser l'un et de fuir l'autre. Notre homme vulgaire dont l'esprit est étroit et procédurier, lorsqu'il est ainsi contraint de répondre à des questions philosophiques, se montre à son tour embarrassé. De se trouver si haut suspendu, la tête lui tourne : il n'a pas l'habitude de regarder au milieu des airs et le voilà gêné, affolé et bredouillant : ainsi ce n'est pas aux servantes de Thrace ni aux autres ignorants que celui-ci prête à rire (car ceux-ci ne se rendent pas compte de sa situation), mais à tous ceux qui ont reçu une éducation contraire à celle des esclaves.

 

 

« Telle est, Théodore, l'attitude de chacun des deux hommes dont nous avons parlé. L'un, élevé dans la liberté et le loisir, que tu appelles justement philosophe, ne doit pas être blâmé de paraître naïf et nul quand il se trouve devant des besognes serviles, et par exemple de ne pas savoir ficeler une couverture de voyage, d'être incapable d'assaisonner un plat de condiments ou un discours de flatteries. L'autre homme est capable de faire tout cela habilement et rapidement, mais il ne sait pas, à la façon d'un homme libre, rejeter noblement son manteau sur l'épaule droite ni, quand il a pris son tour de parole, chanter comme il convient la vraie vie des Dieux et des hommes heureux. «

platon

« ' • t • • ..

' • • ' • • " Telle est, Théodore, l'attitude de chacun des deux hommes dont nous avons parlé.

L'un, élevé dans la liberté et le loisir, que tu appelles justement philosophe, ne doit pas être blâmé de paraître naïf et nul quand il se trouve devant des besognes serviles, et par exemple de ne pas savoir ficeler une couverture de voyage, d'être incapable d'assaisonner un plat de condiments ou un discours de flatteries.

L'autre homme est capable de faire tout cela habilement et rapidement, mais il ne sait pas, à la façon d'un homme libre, rejeter noblement son manteau sur l'épaule droite ni, quand il a pris son tour de parole, chanter comme il convient la vraie vie des Dieux et des hommes heureux.

" COMMENTAIRE a) Situation du texte.

Ce texte est extrait du Théétète, dialogue où Platon met aux prises Socrate avec le mathématicien Théodore et s.on élève Théétète.

Socrate vient de réfuter le relativisme de Protagoras exposé par Théétète: La science se confondrait avec la sensation subjective, l'homme étant« mesure de toutes choses».

L'illusion du rêve serait aussi vraie pour le rêveur que la sensation présente est vraie pour l'homme éveillé.

Mais si chacun, sage ou fou, est la mesure de sa propre vérité, alors il n'y a plus ni vrai ni faux.

La valeur du vrai s'effondre lorsque l'unité du vrai se brise dans la multiplicité des opinions discordantes.

Si, comme le dit Protagoras, toutes les opinions sont vraies, il avoue donc que ses adversaires ont une opinion vraie en disant que la sienne est fausse 1 Telle est la discussion qui est interrompue par notre texte, le portrait du philosophe.

Il s'agit d'une de ces digressions, si chères à Platon et qui est d'ailleurs justifiée par la nature même de la vocation philosophique : le philosophe est un homme de loisir.

Il ne s'interdit pas les détours, les démarches zigza­ gantes.

La chasse du vrai devient une promenade dans les jardins de l'Académie.

Il ne d'agit d'ailleurs qu'en apparence d'une digression.

En fait le portrait du philosophe se rattache, dans son intention la plus profonde, à la critique du relativisme de Protagoras et de Théétète.

b) Idée générale de ce passage.

C'est l'opposition radicale de deux personnages, l'homme vul­ gaire et le philosophe.

Le philosophe est généralement ridicule et embarrassé dans la vie quotidienne.

C'est que « son corps 11. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles