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Le pouvoir de l'état est-il la condition de l'harmonie sociale ?

Publié le 04/11/2005

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 »   Cependant, la notion d'harmonie sociale renvoie à un état qui est plus et autre chose qu'un état de non-conflit : il s'agit alors de penser quelque chose comme un bonheur commun, et la notion de puissance de l'Etat comme simple exercice de la force pose alors problème, car elle semble soumettre les autoritairement les individus et instaurer une harmonie forcée. Un des moyens de remédier à cette difficulté est de promouvoir le rôle du peuple dans l'instauration de la puissance de l'Etat. Alors la puissance de l'Etat n'est que l'un des éléments participant à l'avènement de l'harmonie sociale. Reste à déterminer s'il en reste toujours une condition.     * La puissance politique n'est pas la puissance de l'Etat   Hume   « Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit et l'humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs. Quelle est la cause de cette merveille ? Ce n'est pas la force : les sujets sont toujours plus forts. Ce ne peut donc être que l'opinion. C'est sur l'opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire, aussi bien que le plus populaire et le plus libre. Un sultan d'Egypte, un empereur de Rome peut forcer les actions de ces peuples innocents mais ce n'est qu'après s'être affermi dans l'opinion de ses gardes : ils peuvent mener leurs sujets comme des bêtes brutes, mais il faut qu'ils traitent comme des hommes, l'un ses mamelouks, l'autre sa cohorte prétorienne.

Le terme  « puissance « peut s'entendre dans deux sens : une puissance est en effet ou bien un pouvoir, ou bien un potentiel. Dans le cadre politique du sujet, c'est le premier de ces deux sens qui semble le plus pertinent.

L'Etat est l'ensemble des institutions présidant au fonctionnement d'une communauté politique donnée. Vivre dans un Etat, c'est donc être soumis à ces institutions et y participer ; cet Etat peut être plus ou moins dirigiste, son influence sur la vie de ses citoyens peut être plus ou moins importante. L'expression « puissance de l'Etat « renvoie alors à un Etat particulièrement fort, tant par l'influence qu'il exerce sur ses citoyens que par sa position par rapport à d'autres Etats, par exemple.

Une condition est un élément à posséder pour accéder à telle ou telle chose ; plus précisément, les conditions peuvent être de deux sortes, nécessaires et suffisantes. Une condition suffisante est telle que, une fois remplie, l'état souhaité est atteint sans qu'il faille apporter d'autres éléments. Une condition nécessaire est, comme toute condition, indispensable mais il faut y ajouter d'autres éléments pour que l'état souhaité soit atteint.             Si l'on transpose cela à notre sujet, ou bien la puissance de l'Etat à elle seule garantit l'harmonie sociale, ou bien cette puissance est l'un des éléments indispensables permettant d'atteindre l'harmonie sociale.

La notion d'harmonie est, au sens strict, musicale, mais, par extension, elle désigne un état dans lequel plusieurs éléments concourent à produire un effet d'ensemble. L'harmonie sociale serait alors un fonctionnement collectif excellent, auquel participerait chaque élément de la société, les bénéfices allant à la fois à l'Etat comme institution et à l'ensemble des individus concernés par le pouvoir de cet Etat.

Il faudra alors se demander si un Etat fort, régissant de manière importante les interactions entre les individus et la vie de ces derniers, permet ou non une harmonie sociale, et, si c'est le cas, dans quelle mesure il est une condition à l'avènement de cette harmonie.

Se demander si la puissance de l'Etat est la condition de l'harmonie sociale, c'est s'interroger à savoir si cette harmonie nécessite un Etat fort c'est à dire un pouvoir qui la maintient. En ce sens, un Etat faible ne pourrait la garantir. Ce constat nous conduirait aussi à noter que l'harmonie ne peut pas venir simplement des individus qui vivent ensemble. Ici, vous pouvez penser aux analyses de Hobbes dans le Léviathan. Il montre ainsi que seul un pouvoir absolu fort est susceptible de maintenir un ordre, une cohésion en tenant les individus en respect. Son analyse repose sur le constat selon lequel les hommes sont avant tout animés par leurs désirs et que ces désirs conduisent à une lutte perpétuelle de chacun contre chacun et de tous contre tous, ce qu'il nomme l'Etat de nature. Vous pouvez également penser aux analyses de Machiavel dans le Prince lorsqu'il montre que ce dernier doit avoir la ruse du renard et la force du lion. Cette force est nécessaire pour que le prince soit non seulement aimé mais aussi respecté. Remarquez que dans les deux cas, cette affirmation d'un pouvoir fort repose sur un constat en ce qui concerne la nature humaine. Toutefois, vous pouvez vous demander s'il n'y a pas d'autres conditions. De plus, demandez-vous si cette force décrite implique nécessairement une harmonie. En effet, ce que Hobbes s'attache à penser avant tout est une forme de coexistence entre les individus. Or, la coexistence est-elle l'harmonie ? Vous pouvez ici distinguer la coexistence de la concorde. Pensez d'ailleurs que la place se situant à Paris et renvoyant aux événements de la révolution française s'appelle la place de la concorde et non de la coexistence. Dans ces conditions, la concorde ne suppose-t-elle pas avant tout la constitution d'une unité volontaire de tous les individus ? Ici, vous pouvez penser aux analyses de Rousseau au chapitre 5 du livre 1 Du contrat social lorsqu'il montre la nécessité première que le peuple se constitue en tant que peuple.

 

« si le peuple détient toujours la puissance, alors c'est le peuple qui a l'autorité Souveraine, et le roi n'en est que leministre, pour mettre cette Souveraineté en exécution.

[...] Or il est à croire que quand quelqu'un reçoit quelquechose de l'autorité du peuple, il ne le reçoit pas du peuple comme de ses sujets, mais du peuple comme de sonSouverain.

Davantage, quoi qu'en l'élection d'un roi le peuple lui mette entre les mains l'administration de l'autoritépublique, néanmoins le peuple la peut révoquer quand bon lui semble, ou lorsqu'il juge qu'il y a cause de le faire.

[...]Car la puissance Souveraine ne peut par aucun pacte avec un sujet s'être obligée à lui continuer sa charge, laquelleil a reçue, comme un fardeau qui lui a été mis sur les épaules, non pas pour son bien particulier, mais pour le bien duSouverain peuple.

Beaucoup des théories du contrat social prennent racine dans une vision pessimiste de l'état de nature del'humanité, état de dysharmonie et de violence de tous contre tous.

C'est le cas notamment chez Hobbes, pour quil'instauration de la puissance de l'Etat permet de lutter contre les penchants de l'animal humain.

Cela fonde chez luiun souci de promouvoir un pouvoir inconditionnel de l'Etat rendant possible la vie politique et l'harmonie entre leshommes.

Seule l'autorité politique permettrait de parvenir à cette fin. * Les limites de la notion de puissance de l'Etat et le rôle des individus Rousseau « Il y aura toujours une grande différence entre soumettre une multitude et régir une société.

Que des hommesépars soient successivement asservis à un seul, en quelque nombre qu'ils puissent être, je ne vois là qu'un maître etdes esclaves, je n'y vois point un peuple et son chef : c'est, si l'on veut, une agrégation, mais non pas uneassociation : il n'y a là ni bien public ni corps politique.

Cet homme, eut-il asservi la moitié du monde, n'est toujoursqu'un particulier ; son intérêt, séparé de celui des autres, n'est toujours qu'un intérêt privé.

Si ce même hommevient à périr, son empire après lui reste épars et sans liaison, comme un chêne se dissout et tombe en un tas decendres, après que le feu l'a consumé. Un peuple, dit Grotius, peut se donner à un roi.

Selon Grotius, un peuple est donc un peuple avant de se donner àun roi.

Ce don même est un acte civil, il suppose une délibération publique.

Avant donc d'examiner l'acte par lequelun peuple élit un roi, il serait bon d'examiner l'acte par lequel un peuple est un peuple.

Car cet acte étantnécessairement antérieur à l'autre est le vrai fondement de la Société.

» Cependant, la notion d'harmonie sociale renvoie à un état qui est plus et autre chose qu'un état de non-conflit : ils'agit alors de penser quelque chose comme un bonheur commun, et la notion de puissance de l'Etat comme simpleexercice de la force pose alors problème, car elle semble soumettre les autoritairement les individus et instaurer uneharmonie forcée.

Un des moyens de remédier à cette difficulté est de promouvoir le rôle du peuple dansl'instauration de la puissance de l'Etat.

Alors la puissance de l'Etat n'est que l'un des éléments participant àl'avènement de l'harmonie sociale.

Reste à déterminer s'il en reste toujours une condition. * La puissance politique n'est pas la puissance de l'Etat Hume « Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique que de voir lafacilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit et l'humble soumission avec laquelle les hommessacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs.

Quelle est la cause de cette merveille ? Cen'est pas la force : les sujets sont toujours plus forts.

Ce ne peut donc être que l'opinion.

C'est sur l'opinion quetout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire, aussi bien que le plus populaire et le plus libre.Un sultan d'Egypte, un empereur de Rome peut forcer les actions de ces peuples innocents mais ce n'est qu'aprèss'être affermi dans l'opinion de ses gardes : ils peuvent mener leurs sujets comme des bêtes brutes, mais il fautqu'ils traitent comme des hommes, l'un ses mamelouks, l'autre sa cohorte prétorienne.

» Platon « Les gens de bien ne veulent gouverner ni pour les richesses ni pour les honneurs : ils ne veulent pas être traitésde mercenaires, en exigeant ouvertement le salaire de leur fonction, ni de voleurs en tirant eux-mêmes de leurcharge des profits secrets.

Ils ne sont pas non plus attirés par les honneurs ; car ils ne sont pas ambitieux.

Il fautdonc qu'une punition les contraigne à prendre part aux affaires ; aussi, risque-t-on, à prendre volontairement lepouvoir, sans attendre la nécessité, d'encourir quelque honte.

Or la punition la plus grave, c'est d'être gouverné parun plus méchant que soi, quand on se refuse à gouverner soi-même : c'est par crainte de cette punition, ce mesemble, que les honnêtes gens qu'on voit au pouvoir se chargent du gouvernement.

Alors ils se mêlent aux affaires,non pour leur intérêt ni pour leur plaisir ; mais par nécessité et parce qu'ils ne peuvent les confier à des hommesplus dignes ou du moins aussi dignes qu'eux-mêmes.

Supposez un Etat composé de gens de bien : on y ferait sansdoute des brigues pour échapper au pouvoir, comme on en fait à présent pour le saisir, et l'on y verrait bien queréellement le véritable gouvernant n'est point fait pour chercher son propre intérêt, mais celui du sujet gouverné ;et tout homme sensé préférerait être l'obligé d'un autre que de se donner la peine d'obliger autrui.

» La dernière partie pourrait tourner autour de la question de la puissance propre à la communauté politique comprisecomme condition d'avènement de l'harmonie sociale.

Il faudra distinguer la puissance du pouvoir et de l'autorité del'Etat, et envisager la puissance de la communauté politique comme ne résidant pas seulement dans l'Etat, mais. »

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