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Le refus du travail a-t-il un sens ?

Publié le 05/11/2005

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travail
toute notre économie est devenue une économie de gaspillage dans laquelle il faut que les choses soient dévorées ou jetées presque aussi vite qu'elles apparaissent dans le monde pour que le processus lui-même ne subisse pas un arrêt catastrophique H. Arendt, Condition de l'homme moderne   * Refuser le travail, c'est donc refuser ce qui fait de nous des animaux, entièrement pris dans un cycle de production, de consommation et de destruction. Il y a donc un sens au refus du travail, celui d'affirmer une autre idée de l'humanité, qui n'est pas seulement soumise aux besoins et aux désirs. * Ce qui est revendiqué à la place du travail, c'est l'oeuvre ou la production qui n'est pas uniquement une chose que l'on consomme mais également une chose dont on se sert, et qui construit ainsi une culture humaine. Au travail, on peut ainsi opposer les activités artistiques et intellectuelles, ainsi que toute activité librement consentie. * Il y a un sens à ce refus du travail : refuser d'être homo laborans et s'efforcer d'être homo faber, toujours selon la distinction d'Hannah Arendt : l'homo faber est bien seigneur et maître, non seulement parce qu'il est et s'est fait maître de la nature, mais surtout parce qu'il est maître de soi et de ses actes. Cela n'est vrai ni de l'animal laborans, soumis à la nécessité de la vie, ni de l'homme d'action, toujours dépendant de ses semblables. Seul avec son image du futur produit, l'homo faber est libre de produire, et de même confronté seul à l'oeuvre de ses mains, il est libre de détruire. Hannah Arendt, Idem     III - Le travail et la collectivité   * Cependant, le travail est une nécessité collective. Ce n'est pas seulement à l'individu qu'il profite, mais à la société entière : parce que le produit de son travail peut bénéficier à d'autres personnes ; parce que l'argent qu'il en retire sera dépensé et donc fera vivre d'autres personnes etc.

Refuser le travail, est-ce forcément décider de ne rien faire ? Est-ce se condamner à l'inaction ? N'est-ce pas un droit dans nos sociétés (le droit de grève) ? Mais a-t-on le droit de refuser du travail par rapport au processus économique ? N'est-ce pas moralement répréhensible ? Refuser du travail veut-il dire vouloir être chômeur ? Ou parle-t-on d'un refus plus large : le refus de tout travail ? Comment refuser de travailler alors que c'est une nécessité pour vivre, pour exister, pour avoir une identité sociale ? Effectivement, ainsi, cette position n'a aucun sens. Si le refus est une manière de se libérer de l'aliénation provoquée par le travail, peut-on considérer que la liberté est dans un refus ? Pourquoi lier refus de travailler et possibilité d'une absurdité ? Refuser de travailler est-il impossible, vain ? Cela présuppose-t-il que le travail a nécessairement un sens ? Il donne du sens, en tant qu'inscription dans une société et une histoire. Références utiles : Kant, Réflexions sur l'éducation ; Marx, Le Capital ; Arendt, Condition de l'homme moderne.

travail

« • En termes sociaux, on peut dénoncer les mauvaises conditions de travail (dangerosité, violences, oppressions,inégalités, temps de travail trop long, épuisement) et les salaires trop bas, qui plongent le travailleur dans la misère. • En termes politiques et philosophiques, on peut dénoncer ce que Marx appelle le travail aliénant. Nous partons d'un fait économique actuel .L'ouvrier devient d'autant plus pauvre qu'il produit plus derichesse, que sa production croit en puissance et envolume.L'ouvrier devient une marchandise d'autant plus vile qu'ilcrée plus de marchandises.

La dépréciation du monde deshommes augmente en raison directe de la mise en valeur dumonde des choses .

Le travail ne produit pas que desmarchandises ; il se produit lui-même et produit l'ouvrier entant que marchandise, et cela dans la mesure où il produitdes marchandises en général .Ce fait n'exprime rien d'autre que ceci : l'objet que letravail produit, son produit, l'affronte comme un êtreétranger, comme une puissance indépendante duproducteur.

Le produit du travail est le travail qui s'est fixé,concrétisé dans un objet, il est l'objectivation du travail.L'actualisation du travail est son objectivation.

Au stade del'économie, cette actualisation du travail apparaît comme laperte pour l'ouvrier de sa réalité, l'objectivation comme laperte de l'objet ou l'asservissement à celui-ci,l'appropriation comme l'aliénation, le dessaisissement.Toutes ces conséquences se trouvent dans cettedétermination : l'ouvrier est à l'égard du produit de son travail dans le même rapport qu'à l'égardd'un objet étranger.

Car ceci est évident par hypothèse : plus l'ouvrier s'extériorise dans sontravail, plus le monde étranger, objectif, qu'il crée en face de lui, devient puissant, plus ils'appauvrit lui-même et plus son monde intérieur devient pauvre, moins il possède en propre.

Il enva de même dans la religion .

Plus l'homme met de choses en Dieu, moins il en garde en lui-même.L'ouvrier met sa vie dans l'objet.

Mais alors, celle-ci ne lui appartient plus, elle appartient àl'objet.

Donc plus cette activité est grande, plus l'ouvrier est sans objet.

Il n'est pas ce qu'est leproduit de son travail.

Donc, plus ce produit est grand, moins il est lui-même.L'aliénation de l'ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet,une existence extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment de lui, etdevient une puissance autonome vis-à-vis de lui, que la vie qu'il a prêtée à l'objet s'oppose à lui,hostile ou étrangère.Marx, Manuscrits de 1844 • Ainsi, le travail dévalorise et asservit l'ouvrier, puisque celui ci n'est plus qu'une marchandise.

Le travail dans cesens est également une dépossession de son être, il dépouille l'ouvrier de sa propre existence. • Dans cette perspective, le refus du travail a bien un sens, à la fois social et politique.

Il s'agit non seulement derefuser un travail aliénant, mais aussi, par ce refus, de lutter pour obtenir autre chose. II – Le refus du travail considéré dans son essence • Mais on peut également refuser le travail, quel qu'il soit, en affirmant que tout travail est par essence mauvais.Ainsi, pour les Grecs, le travail avait une valeur négative : l'homme libre ne devait pas travailler.

De même, dans laBible, le travail est lié à la faute originelle, dont il est la conséquence : c'est parce qu'Adam et Eve ont péché qu'ilssont condamnés à travailler.

Le travail est une punition, qui est la marque de notre condition humaine.

Refuser letravail, ce serait alors refuser cette condition misérable et essayer de définir une autre humanité. • En effet, le travail a pour but d'assurer notre subsistance.

Il prend place dans un cycle routinier dont les effortssont tournés vers la satisfaction des besoins vitaux et qui n'a pas d'autre but que de perpétuer notre vie.

Travaillerest l'expression de cette condition absurde, où le seul but de la vie est de persévérer. • Le travail est donc l'une des facettes du cycle production – consommation.

C'est également au nom de cettedualité que l'on peut refuser le travail.

En effet, l' homo laborans cherche à trouver un équilibre idéal entre production et consommation : travailler suffisamment pour avoir les moyens de satisfaire ses désirs, mais égalementobtenir suffisamment de temps libre pour cela.

On peut refuser le travail au nom d'une course effrénée à lasatisfaction des désirs :. »

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