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Le règne de la technique coïncide-t-il avec un déclin des arts ?

Publié le 27/02/2008

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« Nos devanciers, écrivait Delacroix, étaient beaucoup plus ouvriers que nous ne le croyons ». La distinction ne s'est établie nettement qu'au XVIIIe siècle. Mais quel peintre eût été assez fou pour dénigrer les progrès auxquels il devait certaines qualités de la toile, de la couleur, des vernis ? De nos jours encore, les grands architectes travaillent en étroite collaboration avec les ingénieurs et les techniciens. Il ne faut pas oublier non plus que les découvertes récentes ont permis de restaurer des tableaux et des monuments, de mettre à jour et de dater des objets d'art anciens, de les révéler au grand public dans les musées. Les projecteurs électriques n'ont pas le charme d'un clair de lune, mais ils découpent admirablement certaines dentelles de pierre. Une place mieux assurée D'autre part, l'art ? et les artistes ? ne peuvent vivre que si les moyens matériels leur en sont donnés. Et il n'est pas indifférent de constater que l'essor de l'art flamand ou de l'art italien aux xive et xve siècles coïncide avec une période de prospérité économique ; les marchands, clients des peintres et des sculpteurs, tiraient leurs revenus du produit des ateliers et du commerce. Le paradoxe est frappant, mais de nos jours aussi les oeuvres de maîtres atteignent des prix considérables ; beaucoup de gouvernements essayent d'exercer un véritable mécénat, et dans notre pays l'État consacre aux arts un pour cent des sommes qu'il destine à la construction d'édifices publics. Donc, dans ce domaine, la technique moderne ne nuit pas au culte de la beauté.
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« Une place mieux assuréeD'autre part, l'art — et les artistes — ne peuvent vivre que si les moyens matériels leur en sont donnés.

Et il n'estpas indifférent de constater que l'essor de l'art flamand ou de l'art italien aux xive et xve siècles coïncide avec unepériode de prospérité économique ; les marchands, clients des peintres et des sculpteurs, tiraient leurs revenus duproduit des ateliers et du commerce.

Le paradoxe est frappant, mais de nos jours aussi les oeuvres de maîtresatteignent des prix considérables ; beaucoup de gouvernements essayent d'exercer un véritable mécénat, et dansnotre pays l'État consacre aux arts un pour cent des sommes qu'il destine à la construction d'édifices publics.

Donc,dans ce domaine, la technique moderne ne nuit pas au culte de la beauté. Une diffusion plus largeLe public est ainsi assuré, il est aussi beaucoup plus vaste.

Le snobisme certes s'en est mêlé, et les toilesimpressionnistes ne furent peut-être pas toujours appréciées par ceux qui les acquirent.

Mais les musées reçoiventun nombre croissant de visiteurs, les expositions attirent la foule des amateurs.

Une évolution se dessine parmi lesindustriels, et certains cherchent à présenter des oeuvres d'art à l'intérieur même de l'usine.

Une vive curiosité semanifeste pour le théâtre, la musique, les maisons de la culture.

Or tout cela est lié au progrès technique, auxfacilités de transport, aux loisirs, aux moyens d'information.

Bien sûr les disques multiplient l'audition des rengaines ;les « chromos » des calendriers, les prétendus motifs « Picasso » des tissus d'ameublement répandent des goûtsdétestables.

Mais la vraie musique est désormais à la portée de tous ses amateurs, et les reproductions detableaux, pour imparfaites qu'elles soient, familiarisent le grand public avec l'Art.

La technique aide donc les artisteset favorise la vulgarisation — au bon sens du terme — de leurs oeuvres. III.

UN ART NOUVEAU Son rôle n'est pas seulement négatif il est vrai, et il serait excessif de dire que la technique aide indirectement àcréer la beauté.

En fait, elle peut être en elle-même source de beauté. La beauté d'un travail nouveauLes poètes de la seconde moitié du XIXe siècle se sont détournés, pour la plupart, de leur siècle de fer, et seréfugiaient, comme Leconte de Lisle, dans un rêve d'exotisme ou d'antiquité, dans quelque « Paradis artificiel ».Pourtant Zola a su écrire dans Germinal l'épopée de la mine, et donner à la tâche ingrate des Flamands son poids degrandeur humaine.

Apollinaire, quelques années plus tard, cherchait des thèmes nouveaux, et n'excluait pasl'inspiration fournie par la vie quotidienne.

Mais avant lui déjà d'authentiques poètes avaient saisi la valeuresthétique des nouveaux paysages créés par la technique.

Les Romances sans paroles de Verlaine, les Villestentaculaires de Verhaeren évoquent le charme prenant de cette réalité déconcertante. L'esthétique industrielleSi les vieux quartiers des cités attirent toujours les visiteurs, leurs centres modernes offrent aussi un spectacleséduisant, celui qu'évoquait Apollinaire à la fin de la Chanson du Mal Aimé : Soirs de Paris ivre du ginFlambant de l'électricitéLes tramways feux verts sur l'échinéMusiquent au long des portéesDe rails leur folie de machines. Tous les arts, en fait, connaissent un renouveau.

L'architecture suscite des recherches passionnées, en France etaux États-Unis particulièrement ; l'enseignement de Le Corbusier a un retentissement mondial ; on peut détester leslignes rigides des bâtiments qui ceinturent désormais les villes, on ne peut nier leur grandeur.

Cette esthétiquenouvelle est plus originale que les copies de l'antique multipliées au début du XIXe siècle.La musique elle-même évolue, assimile des influences contradictoires, celle des thèmes folkloriques, celle du jazz,sans se détourner du réel : on songe à la locomotive évoquée par Honegger dans Pacifie 231 ; plus précisémentencore la musique concrète s'inspire directement de la technique.Une nouvelle branche de l'esthétique est née : consacrée à l'industrie, elle étudie la forme des objets fabriquéscomme l'art de les présenter.

On ne construit plus comme usines des bâtisses aveugles, on recherche l'harmonie deslignes, l'aménagement des espaces verts ; on vend jusque dans les magasins à prix unique des articles utilitaires deformes originales ; on n'accumule plus dans une vitrine des marchandises disparates, et le métier d'étalagiste estenseigné dans les écoles des Beaux-Arts. L'harmonie des formes utilesUn principe s'est même dégagé peu à peu à notre époque, selon lequel l'adaptation parfaite de l'objet au matériauutilisé et à l'usage prévu est synonyme de beauté — ce qui a eu pour conséquence, par exemple, l'étude constantedes formes que suscite en architecture et en sculpture l'emploi du béton.

Dans des pages célèbres, Saint-Exupéryconstate que l'avion tend de plus en plus, en suivant les exigences de la dynamique, à devenir l'image même del'oiseau — et la maquette du « Concorde » illustre parfaitement cette idée.

Enfin, nous pouvons suivre l'évolution dudessin des automobiles, qui, parties de l'imitation des voitures à cheval, ont acquis peu à peu ces formesaérodynamiques, efficaces dans la compétition et satisfaisantes pour le regard. CONCLUSION. »

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