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Le savant et l'artiste : lequel des deux décrit-il mieux la réalité ?

Publié le 17/12/2005

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Abandonnant l'idéal de connaissance pure ou désintéressée, la science s'est lancée dans une vaste entreprise de transformation, c'est-à-dire de domination du monde. Elle se rapproche de plus en plus de la technique, au point qu'on la désigne parfois aujourd'hui sous le nom de techno-science. La science moderne semble en passe de réaliser le rêve cartésien de rendre l'homme comme « maître et possesseur de la nature «. Elle devient à ce titre le dépositaire de tous les espoirs de l'humanité, qui attend d'elle ce que la philosophie n'a pas réussi à lui offrir, c'est-à-dire son bonheur ou plutôt son bien-être matériel. Aussi, si la science offre une description de la réalité, elle semble tout à fait différente aux premiers abords de celle que peut fournir l’art. Si la science offre une description de la réalité objective, parfois à des fins utilitaires, l’art, au contraire, offre une vision tout à fait différente, à visée esthétique afin de satisfaire les sens et l’esprit. Aussi, se demander laquelle des deux visions offre une meilleure vision est peut être une fausse question.

« 4) L'art n'a pas à représenter la réalité.

Hegel, dans son Esthétique , pense que reproduire la nature est un travail superflu.

C'est un travail inutile et présomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'est qu'une caricature du réel.

Ce n'est pas une finpour l'art que de vouloir tromper un public naïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peintureparfaite de la réalité ne sera jamais un chef d'œuvre.

La vraie œuvre d'art engage la subjectivité de l'artiste et sapersonnalité.

La création comporte toujours des risques, en particulier celui de son échec.

Une simple imitation, lasimple copie d'une œuvre déjà connue, réussie ne comporte pas de risque.

La création implique un travail de la partdu créateur, une modification de ses vues sur le monde, elle engage tout son être.

Il n'y a donc pas de représentation fidèle, parce que le réel n'est pas adéquatement dénommable et cernable ; c'est un référent chaque fois redécoupé par le système d'approche qui le vise.

La peinture n'a pas de privilège particulier parmi les approches de la réalité ; bien plus, au lieu que l'imprimerie, la sérigraphie, l'aluchromie, la photographie, la mise en pages, l'image cinématographique et télévisuelle en soient les arts appliqués, c'est elle plutôt qui désormais dépendd'eux pour ses media, ses sujets, ses optiques, ses structures.

Et, enfin, puisque la peinture est délivrée de son rôlede modèle, il n'y a aucune raison d'en faire un art majeur par essence.

Assurément, il peut se faire que, dans salecture de l'environnement, elle déclenche parfois cette perception d'un genre spécial qu'est la culminationesthétique. Ceux qui ont aperçu la mutation l'expliquent d'ordinaire par la diffusion de la photographie qui a délivré le peintre de sa tâche d'imagier intime ou officiel ; par les nouvelles techniques d'impression et d'encrage reléguantl'huile et les pinceaux, et en général le fait à la main ; par le contact avec les arts étrangers où la peinture n'a pascette portée métaphysique, ou bien se relie à une métaphysique différente, comme en Chine ; par le souci critiquecontemporain, lequel, en nous incitant à réfléchir non seulement sur les choses mais sur nos actes, a suscité desquestions qui, plus que la non-figuration, ont défini la peinture dite abstraite : Qui peint quoi ? Qu'est-ce quepeindre ? Quels sont les présupposés du peintre ? Et c'est sous cet angle que les images photographiques,cinématographiques, télévisuelles, sont révolutionnaires.

Car, loin de décharger la peinture de la représentationfidèle, elles ont montré que cette dernière n'existait pas, qu'il n'y avait jamais, même pour leur « objectif », que deséclairages, des cadrages, des angles.

5) La peinture abstraite ou la mort de la représentation.

Donnons une définition de la peinture abstraite : La peinture abstraite est celle qui ne représente pas lesapparences visibles du monde extérieur, et qui n'est déterminée, ni dans ses fins, ni dans ses moyens, ni dans sonesprit, par cette représentation.

Ce qui caractérise donc, au départ, la peinture abstraite, c'est l'absence de lacaractéristique fondamentale de la peinture figurative, l'absence de rapport de transposition, à un degréquelconque, entre les apparences visibles du monde extérieur et l'expression picturale .

Désormais le travail dupeintre concerne la nature de la peinture : celle-ci est tout ensemble la forme et le contenu des tableaux.

Ils netirent plus leur sens que de la peinture, de son support, de l'histoire de son procès d'application.

Il s'agit de peindrela peinture.

Conscient d'un danger potentiel d'appauvrissement de son art, Kandinsky publie en 1912 un ouvrage autitre à cet égard significatif : Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier veut éveiller la capacité à « vivre le Spirituel dans les choses matérielles et abstraites ».

Afin d'éloigner le spectre d'une dégradation de lapeinture en simple objet ornemental, l'artiste projette de fixer dans la forme un contenu spirituel et émotionnel.

Lacouleur joue ici un rôle décisif.

Kandinsky l'étudie en détail, et il consacre un chapitre à son action : « En règlegénérale, la couleur est donc un moyen d'exercer une influence directe sur l'âme.

La couleur est la touche.

L'œil estle marteau.

L'âme est le piano aux cordes nombreuses.

L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle outelle touche, met l'âme humaine en vibration.

Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquementsur le principe de l'entrée en contact efficace avec l'âme humaine.

Cette base sera définie comme le principe de lanécessité intérieure.

» Conclusion.

Une division nette s'établit au XIXe siècle entre les arts et les sciences.

Les scientifiques élaborent alors uneméthode de connaissance exacte, universelle et vérifiable, aboutissant à la définition de lois.

Les artistes, eux onttotalement abandonné l'idée qu'ils pouvaient aboutir à une description exacte de la réalité, en arrêtant de créer unart purement figuratif.

L'art a désormais plus pour ambition de faire réfléchir, de provoquer.

Cette question a l'heurede l'art contemporain est même caduque.. »

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