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Le silence est-il le signe de l'échec du langage ?

Publié le 06/11/2005

Extrait du document

langage
  • Analyse du sujet :

La question est formulée de façon totale : elle appelle soit une réponse affirmative « oui, le silence est le signe de l'échec du langage « ; soit « non, le silence n'est pas le signe de l'échec du langage «. Dans ce cas, la question qui se posera sera la suivante : quel rôle assigner au silence dans le cadre du langage ? Pour répondre à la question posée, il va s'agir dans un premier temps de considérer les notions du sujet : silence, signe, échec, langage.

Silence

  • Absence de bruit, d'agitation.
  • Fait de ne pas parler, de se taire.
  • Moment où l'on cesse de parler.
  • Fait de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir exprimer sa pensée, ses sentiments.
  • Fait de laisser entendre sa pensée, ses sentiments, sans les exprimer formellement.
  • Fait d'entrer en communion, en communication intime, sans le secours de la parole.

NB : Minute de silence. Minute de silence qu'une assistance recueillie observe à la mémoire d'un (des) mort(s)

Signe

            Du latin signum, « marque, signe «. On peut distinguer :             Les signes naturels : tout ce qui évoque un phénomène non perçu et permet de le reconnaître, tout ce qui dépend des seules lois de la nature, comme la fumée est signe du feu.             Les signes conventionnel ou artificiels : ils permettent d'évoquer un élément absent, une idée, tel le nombre pi signe du rapport de la circonférence du cercle à son diamètre.             Les signes linguistiques : éléments d'un système de communication purement conventionnel et ayant un sens.

Echec

Résultat négatif, et généralement d'une certaine gravité, d'une entreprise.

Langage

 

  • Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
  • Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
  • Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines.

 

Problématisation :

Le silence est-il le signe de l'échec du langage ? - une approche naïve nous fait opposer silence à langage dès lors que le langage serait articulation de sons. Cependant en approfondissant la notion de langage, on voit que cette opposition ne tient pas et que le silence est en lui-même et par lui-même constitutif du langage. Que serait un langage sans pause, sans silence ? Ceci est manifeste dans le langage musical où le silence est tout aussi important voire plus que les notes, ou le rythme. De plus – comme le langage courant le dit – il y a des silences parlants signifiants et significatifs : la minute de silence qui est hommage, le silence de l'ineffable. Rester silencieux devant certains événements est-ce dans ce cas une limite du langage, ou un moment même du langage ? Une limite du langage ou du sujet parlant ? La question du silence nous incite donc à poser la question de limites inhérentes au langage.

langage

« La verbalisation sonore s'opposerait donc au silence.

Cependant cette opposition ne tient pas dès lorsqu'entre les mots que nous utilisons il y a nécessairement silence au risque de ne pas se comprendre.

C'estainsi que pendant certains oraux, il est nécessaire de demander à l'orateur de faire des pauses entre lesmots, les phrases afin d'être compris.

Il semble donc que l'opposition entre silence et langage est arbitrairedès lors que le silence semble faire partie du langage.Question : le silence est-il dans le cadre d'un langage qui serait communication symptôme d'un échec qui luiserait propre.

2.

Le silence comme échec face au langage – échec du langage dans le sens du génitif objectif Ici il est possible de penser au silence comme la manifestation de l'impossibilité de s'exprimer – impossibilitéphysique voire biologique.On peut penser au silence de certains enfants autistes, au silence de certains sourds-muets avantl'acquisition d'une autre forme du langage – le langage des signes.Cf biographie d'Emmanuelle Laborit 3.

Le silence comme échec du langage – échec dans le sens du génitif subjectifIl y a de l'inexprimable, de l'indiscible.

Le langage en tant que processus d'abstraction ne peut faire part duparticulier, des émotions particulières.NIETZSCHE Vérité et mensonge au sens extramoral « Pensons encore en particulier à la formation des concepts.

Tout mot devient immédiatement concept parle fait qu'il ne doit pas servir justement pour l'expérience originale, unique, absolument individualisée, àlaquelle il doit sa naissance, c'est-à-dire comme souvenir, mais qu'il doit servir en même temps pour desexpériences innombrables, plus ou moins analogues, c'est-à-dire, à strictement parler, jamais identiques etne doit donc convenir qu'à des cas différents.

Tout concept naît de l'identification du non-identique.

Aussicertainement qu'une feuille n'est jamais tout à fait identique à une autre, aussi certainement le conceptfeuille a été formé grâce à l'abandon délibéré de ces différences individuelles, grâce à un oubli descaractéristiques, et il éveille alors la représentation, comme s'il y avait dans la nature, en dehors des feuilles,quelque chose qui serait « la feuille » »Il y a donc de l'indiscible qui serait inhérent au langage même – le silence aurait pour rôle de prendre le relaisdu langage quand il serait confronté à de l'inexprimable.

Le silence comme signifiant et parlant ? II. 1.

Le silence comme la manifestation du refus de parler Le silence peut être un refus de vouloir parler.

Ce refus en tant que tel est très significatif voire même quasiperformatif.On peut penser au silence du général de Gaule et à sa politique de la chaise vide.On peut penser à la colère froide, au silence qui suit parfois un conflit ou une discussion animée.

2.

Le silence comme la manifestation de l'horreur ou de l'ineffable Cf le débat post Shoah portant sur la possibilité ou l'impossibilité de parler après Ausschwitz.Ici le silence est signifiant de l'horreur et de la monstruosité propre au génocide juif du IIIè Reich.La question ici est double : est-ce le langage qui ne peut manifester cette horreur ? Ou bien sont-ce leshommes qui ne s'en sentent pas capables, qui refusent de parler.Il semble ici que le silence soit plus un refus qu'un échec propre au langage.

La poésie de Celan joue à la foisdu langage et du silence pour témoigner de ce qui pour d'autres est de l'ordre de l'ineffable.Cf La fugue de la mort de Celan Lait noir du petit jour nous te buvons la nuitnous te buvons à midi la mort est un maître d'Allemagnenous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvonsla mort est un maître d'Allemagne son oeil est bleuil te touche d'une balle de plomb il te touche justeun homme habite dans la maison tes cheveux d'or Margueriteil lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe au cielil joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d'Allemagne tes cheveux d'or Margueritetes cheveux de cendre Sulamith III. Le silence comme constitutif du langage 1.

Le langage comme essentiellement non verbal - langage des signes. »

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