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Le souci de soi recommande-t-il seulement d'être heureux ?

Publié le 17/01/2022

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            Le souci de soi doit donc aussi ménager un oubli de soi, c'est-à-dire que le sujet doit parfois savoir entrer de plain pied dans le réel et se heurter aux résistances qu'il rencontre : le réel est garantie par celle-ci, autrement dit faire l'épreuve du réel c'est aussi faire l'épreuve de l'échec. A chacun d'apprendre à faire quelque chose de son rapport, même manqué, à la réalité. Sans souscrire littéralement à la dialectique de la reconnaissance thématisée par Hegel on peut y lire un fonds de vérité : l'existence n'est censée que si le sujet c'est confronté à un minimum de risques (le risque de mort chez Hegel). Mais il est aussi pathologique de se garder à  tout prix du risque que de ne se sentir exister qu'à travers le risque, une telle attitude est tout autant complaisante et morbide que la première.             Le souci de soi est pur aveuglement s'il ne consiste qu'en la visée du bonheur ; exister comme le dit Heidegger c'est exister sur le mode de la séparation de soi à soi (ek-sister), c'est-à-dire que l'existence humaine est versée dans son autre, tournée vers le monde. Exister c'est non pas se complaire dans le bonheur mais être à soi même son propre projet, ne jamais finir de se réaliser. Le souci de soi doit donc être aussi la visée d'une existence telle qu'elle ne fasse pas l'économie des difficultés.             Autrui peut être une figure de mon propre souci : soit que par l'amour ou la sympathie (ou encore la pitié rousseauiste) le souci de l'autre devienne le mien, soit que à travers la figure de l'autre j'essaie de comprendre quelque chose de moi-même. Par exemple dans Signes Merleau-Ponty analyse l'attirance des hommes pour le fait divers : moins qu'une préoccupation morbide et voyeuriste (ce qu'elle est également) il y voit un thème du souci de l'existence. En effet, à travers la petite histoire d'autrui c'est un fantôme de la mienne qui se présente à moi.

► Le bonheur est envisagé ici comme ce que me recommande le souci de moi-même. Le problème naît d'abord de l'objet de ce souci : à quel titre me soucié-je de moi-même? Je ne peux pas me soucier de moi-même de la même façon selon que je me considère comme un être physique ou spirituel, sensible ou moral. Si le bonheur m'est recommandé en tant qu'être sensible, ma nature raisonnable ou morale ne peut le prendre pour fin. Afin de concilier les diverses dimensions de mon être, opposées les unes aux autres, il me faut ainsi penser le bonheur comme l'une des fins que me propose le souci de moi-même, et comprendre comment le bonheur peut être lié avec des fins plus hautes, comme le sont par exemple le salut ou la vertu.

« vrai être ne nous dure pas assez ; il faut que notre esprit les étende et allonge et qu'avant la main il les incorporeen soi et s'en entretienne, comme s'ils ne pesaient pas raisonnablement à nos sens.

« Ils pèseront assez quand ils yseront, dit un des maîtres, non de quelque tendre secte, mais de la plus dure [école épicurienne].

Cependant,favorise-toi ; crois ce que tu aimes le mieux.

Que te sert-il d'aller recueillant et prévenant ta mâle fortune, et deperdre le présent par la crainte du futur, et être à cette heure misérable parce que tu le dois être avec le temps ?[...] Il est certain qu'à la plupart, la préparation de la mort a donné plus de tourment que n'a fait la souffrance.

Ilfut jadis véritablement dit, et par un bien judicieux auteur : minus afficit sensus fatigatio quam cogitation * Le sentiment de la mort présente nous anime parfois de soi-même d'une prompte résolution de ne plus éviter chose dutout inévitable.

Plusieurs gladiateurs se sont vus, au temps passé, après avoir couardement combattu, avalercourageusement la mort, offrant leur gosier au fer de l'ennemi et le conviant.

La vue de la mort à venir a besoind'une fermeté lente, et difficile par conséquent à fournir.

Si vous ne savez pas mourir, ne vous chaille [ndé : nevous en souciez pas], nature vous en informera sur-le-champ, pleinement et suffisamment ; elle fera exactementcette besogne pour vous ; n'en empêchez votre soin [ne vous en embarrassez pas].

[...] Nous troublons la vie parle soin de la mort, et la mort par le soin de la vie.

L'une nous ennuie, l'autre nous effraie.

Ce n'est pas contre la mortque nous nous préparons ; c'est chose trop momentanée.

Un quart d'heure de passion sans conséquence, sansnuisance, ne mérite pas de préceptes particuliers.

A vrai dire, nous nous préparons contre les préparations de lamort. * La souffrance affecte moins les sens que l'imagination (Quintilien). Aristote Nous concevons d'abord le sage comme possédant la connaissance de toutes les choses, dans la mesure où celaest possible, c'est-à-dire sans avoir la science de chacune d'elles en particulier.

Ensuite, celui qui est capable deconnaître les choses difficiles et malaisément accessibles à la connaissance humaine, on admet que celui-là est unsage (car la connaissance sensible étant commune à tous les hommes, est facile, et n'a rien à voir avec laSagesse).

En outre, celui qui connaît les causes avec plus d'exactitude, et celui qui est plus capable de lesenseigner sont, dans toute espèce de science, plus sages.

De plus, parmi les sciences, celle que l'on choisit pourelle-même et à seule fin de savoir, est considérée comme étant plus vraiment Sagesse que celle qui est choisie envue de ses résultats.

Enfin une science dominatrice est, à nos yeux, plus une sagesse que la science qui lui estsubordonnée : ce n'est pas, en effet, au sage à recevoir des lois, c'est à lui d'en donner ; ce n'est pas lui qui doitobéir à autrui, c'est à lui, au contraire, que doit obéir celui qui est moins sage. Le souci de soi est-il rivé à la seule visée de l'extase pour soi ? Se soucier de soi est-ce seulement vouloir laplénitude ? Un tel lien n'est il pas trop exclusif ? Le souci de soi ne recommande t-il pas tout autant de sortir de soi,de s'ouvrir au monde et à autrui ? Le souci de soi devrait donc concilier à la fois la plénitude (être heureux) et aussile manque, en effet par l'épreuve du manque (du réel en tant qu'il me résiste), je fais l'épreuve de l'existence, c'est-à-dire de la vie telle me sépare de moi-même.

Le souci de soi ne saurait me recommander la seule extase, sauf àsacrifier le réel au profit du seul désir. I- Le souci de soi est d'abord en deçà du désir. L'étymologie latine de « souci » nous fournit une indication précieuse, « cura, ae » signifie à la fois le souciet le soin.

Se soucier de soi est donc inséparable de l'idée de prendre soin de soi.

D'ailleurs l'expression « se faire dusouci » montre bien que le souci surgit lorsque ce dont on se souci est dépourvu de soin.

Le souci serait donc à saracine en deçà du désir que le projet d'être heureux implique.

Le souci est d'abord une préoccupation avant d'êtreune visée. Le souci de soi recommande d'abord de prendre soin de soi ; dans l'œuvre de Nietzsche la santé est l'unedes plus grandes valeurs, en tant qu'elle nous ouvre à une existence authentique c'est-à-dire grosse de possibilités.Le recouvrement de la bonne santé est semblable à une renaissance, le sujet recouvre en même temps sespotentialités.

La vision nietzschéenne s'oppose aux philosophies qui méprisent le corps, n'y voyant que le signe de lafinitude humaine.. »

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