Le sport est-il moral ?

« pour le voir, ils agissent aussi sur le développement des facultés morales; parfois même, c'est sur les facultés morales que leur action est la plus puissante.

Le sport développe tout d'abord les qualités personnelles de 1 'individu et le rend plus homme.

Signalons en premier lieu une action indirecte du sport sur· la vie morale : en fortifiant 1 'organisme, le sport augmente la force morale elle­ même.

Nous le savons bien, mais nous 1 'oublions trop souvent dans la pratique, l'homme n'est pas un pur esprit; il est corps et esprit.

Jusque dans les fonctions les plus spirituelles, l'organisme jot1e son rôle, et la perfection de l'activité de 1 'esprit dépend de l'état du corps.

~ous avons tous expérimenté que l'épuisement physique rend impossible tout travail intellectuel ou toute détermination difficile; on sait que les abouliques sont des malades qu'il faut d'abord confier au médecin.

Ainsi le sport, pourvu qu'il soit pratiqué de manière à favoriser l 'équi­ libre des fonctions organiques, collabore indirectement it la vie psychique et morale.

Un sportif sera plus maître de lui qu ·un individu qui n'a jamais fait travailler ses muscles; il sèra plus capable de lutter contre les impres­ sions de lassitude et contre la douleur.

Mais le sport a une influence plus directe sur le développement moral.

S'il est affaire de muscle, il est aussi et encore p:us affaire de jugement et de volonté.

L'entraînement sportif exerce donc les facultés dont dépend la valeur morale de 1 'homme, et cet exercice les fortifie.

Le sport développe le coup d'œil, l'esprit de décision.

Les longues déli­ bérations ne sont pas permises : c'est dans une petite fraction de seconde que le joueur de football doit apprécier la situation et passer le ballon à celui de son équipe qui se trouve le mieux placé pour marquer un but; en un clin d'œil, le cycliste, et à plus forte raison le chauffeur d'auto ou le pilote cl 'avion, doivent, dans un moment critique, faire leur choix.

Au début, 1 'émotion trouble le jeu de 1 'esprit; mais le sportif entraîné conserve toute sa lucidité pour agir au moment opportun.

C'est surtout la volon té et l'énergie que le sport développe.

Il est des sports périlleux : voir les dangers et aller de 1 'avant malgré le frémisse­ ment de la carcasse, est un excellent exercice de maîtrise de soi.

La plu­ part des sports sont pénibles et demandent le sacrifice de bien des aises.

Tout sport fatigue et le sportif doit dominer cette impression de lassitude.

Il est même des sports - qu'on songe il la course - qui demandent de porter son effort au maximum.

Dans d'autres cas, c'est de tout le bien­ être de la vie civilisée qu'il faut faire Ie sacri'fice · ainsi l'alpiniste doit se contenter, pour refaire ses forces, de repas bien maigres et, pour se :-eposer de la marche é~uisante de la journée, d'une planche dans un abri.

Ce régime aguerrit.

L'existence devient plus facile, car surmonter les dif­ ficultés qui arrêtent le bourgeois habitué à ses aises n'est plus qu'un jeu; par lit même le devoir devient moins pénible, on l'accomplit presque naturellement.

Enfin, étant ordinairement collectif, le sport développe les vertus sociales, en particulier 1 'esprit de discipline et 1 'eEprit de solidarité.

Dans toute équipe, il faut se plier il la volonté d'un chef, à la décision d'un arbitre.

Le chef doit montrer une volonté ferme, prendre nettement ses responsabilités, soutenir le moral de ses hommes.

Les équipiers doivent. »