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Le travail est il le contraire du jeu ?

Publié le 07/11/2005

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Le travail en effet est lutte contre la nature, et le caractère inégal de cette lutte oblige à l'invention, et à la ruse. En ce sens, en tant qu'activité technique, le travail est « formateur » : il développe les capacités intellectuelles et manuelles de l'homme. Si les produits du travail sont voués à la disparition par la consommation, si les outils même du travail s'usent et sont jetés, chaque génération ne repart pas de rien. Robinson apporte dans son île tout le savoir-faire d'où il vient. La culture « technique » est transmise et perfectionné. Par cette dimension technicienne, le travail s'inscrit dans la durée.Cette discussion sur le rapport entre travail et besoin nous montre que le travail est comme tiraillé entre deux directions, le labeur et la maîtrise. On peut insister soit sur l'aspect laborieux, la peine des hommes toujours recommencée, soit sur l'aspect « prométhéen », du nom de ce titan qui vola le feu et la connaissance des arts pour en faire cadeau aux hommes qui naissent démunis. La création artistique est à la fois un travail et un jeu Ce qui distingue le travail du jeu, c'est que le premier est une activité qui est constamment en prise avec le réel, tandis que le second obéit à des règles issues de l'imagination de l'artiste. Sans doute le peintre travaille-t-il, dans la mesure où il doit maîtriser une technique.

Le travail est une occupation sérieuse qui exige la soumission à des règles contraignantes (respect des horaires, apprentissage, effort, etc.). Il ne peut donc être considéré comme un jeu. Mais, n'existe-t-il pas un travail libre, au-delà des impératifs de la survie ? Ce travail voulu et réalisé dans la joie de la création peut s'apparenter à un jeu.

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« l'ouvrier tout leur caractère de « culture » humaine et sont rabaissées à l'animalité.

L'homme privé de son travail seretrouve exclusivement dans l'exercice de ses fonctions inférieures ; mais celles-ci, exercées comme des fins enelles-mêmes, sont proprement instinctives ou animales : la liberté, qui y cherchait un refuge, disparaît en réalité.A l'aliénation dans le produit et dans l'acte du travail, Marx ajoute ces deux autres caractères importants du travailaliéné : aliénation de l'homme par rapport à la nature et de l'homme par rapport à l'autre homme.• L'aliénation de l'homme par rapport à son produit implique l'aliénation par rapport à la nature.

Celle-ci prend pourl'homme figure d'ennemie.

C'est sur la nature que s'exerçait le travail ; l'homme s'objectivait en elle ; il produisait enquelque sorte la nature ou plutôt la reproduisait à travers chaque produit particulier de son activité.

Mais, lorsqueson produit lui est enlevé c'est la nature tout entière qui cesse d'être sienne.• L'aliénation de l'homme par rapport à l'homme, dernière caractéristique du travail aliéné pour l'ouvrir, est le signed'une réciprocité entre la condition de l'ouvrier non-propriétaire et celle du propriétaire, qui est un autre homme, sonopposé.C'est ainsi que l'aliénation du travail aboutit à une polarisation des caractères de l'humanité qui se répartissent surdeux groupes d'hommes, différents et directement opposés.

Les uns et les autres ont une humanité tronquée.L'aliénation caractéristique de l'ouvrier est certes transposée sur un autre registre chez le propriétaire capitaliste : «Tout ce qui apparaît chez l'ouvrier comme activité d'aliénation, de dépouillement, apparaît chez le non-ouvriercomme état d'aliénation, de dépouillement.

»C'est l'ouvrier qui travaille sur la nature et qui opère en même temps l'aliénation.

Le propriétaire, lui, ne fait rien demanière active, mais recevant passivement un produit qui n'est pas sien, il se trouve ainsi dans un état d'extérioritépar rapport au travail, au travailleur et même à l'objet du travail qui l'a produit.

Il est finalement frustré commel'ouvrier. Le travail s'oppose au jeuIl faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation» désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à unesituation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimensionéconomique.

La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter le travail pourl'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même.

La critique del'aliénation fait référence à une « essence » de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation.

Cettecritique suppose donc un point de vue « philosophique », en quoi elle se distingue de la problématique plus «économique » qui analyse l'exploitation du travail.Cette réflexion sur l'aliénation implique en effet que le travail, non seulement comme rapport à la nature, mais aussicomme rapport à autrui, met en jeu la définition et la réalisation de l'humanité.La production capitaliste entraîne d ‘abord l'appauvrissement continu de toute une partie de la population : «L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et envolume.

» Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en quelque sorte quantitatif, du phénomène.

Enréalité, l'ouvrier se perd lui-même dan le processus de production.

« Plus il crée de marchandises, plus l'ouvrierdevient lui-même une marchandise vile.

La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directedes objets.

Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l'ouvrier commedes marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général.

»L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de production.

Cette aliénation seprésente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit :« 1.

Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine.

Cerapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, mondesensible hostile à l'ouvrier.2.

Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail.

C'est la relation de l'ouvrier avec sonactivité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, une activité qui est souffrance, uneforce qui est impuissance, une procréation qui est castration.

» C'est donc à la fois le rapport du travailleur avec leproduit de son travail et son rapport avec ce travail lui-même qui portent la marque de l'aliénation.

Le premier ad'ailleurs pour corollaire un rapport aliéné à la nature.Précisons.

L'ouvrier est d'abord aliéné par rapport à son produit.

Celui-ci lui échappe.

Aussitôt qu'il est créé, l'ouvrieren est dépossédé : « L'objet que le travail produit, le produit du travail, vient s'opposer au travail comme s'ils'agissait d'un être étranger, comme si le produit était une puissance indépendante du producteur.

» L'ouvrier neperd pas seulement son produit, mais son produit se présente en face de lui comme une puissance hostile :transformé en capital, il devient l'instrument d'exploitation de sa force de travail.

Plus le capital s'accroît du fruit deson travail, et plus il se pose face à l'ouvrier en maître, plus l'ouvrier doit en passer par ses conditions, car, une foisque le capital domine le système économique tout entier ou presque tout entier, l'ouvrier ne peut plus vivre qu'en selouant à lui.

Le produit du travail devient ainsi, en face de l'ouvrier, objet, il se tient en face de lui comme une chosequi ne lui appartient pas et à laquelle il se trouve opposé comme sujet.Situation contradictoire tant du capital, qui ne peut subsister comme capital qu'en accroissant la misère de l'ouvrier,que de l'ouvrier, qui ne peut subsister comme ouvrier qu'en accroissant le capital.

Richesse et misère à la fois.

Et larichesse croît dans la même proportion que la misère : « Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, maispour le travailleur il produit le dépouillement.

Il produit la beauté, mais pour l'ouvrier c'est l'infirmité.

Il remplacel'ouvrier par les machines, mais il rejette une partie des ouvriers vers un travail barbare et transforme l'autre moitiéen machines.

Il produit l'esprit, mais pour l'ouvrier il produit l'absurdité, le crétinisme.

»L'ouvrier n'est pas moins aliéné, en un second lieu, dans l'acte même de la production.

C'est même là qu'est la cause. »

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