Le travail est-il un droit ?
Publié le 09/03/2004
Extrait du document
Parler d'un droit au travail ne prend pas en compte les exigences économiques qui le rendent possible. Il s'agit en réalité du droit de disposer des moyens matériels nécessaires à l'existence et à l'épanouissement de l'individu. Il y aurait aussi le droit d'avoir un travail conçu de façon épanouissante.
- I) Le travail est un des droits de l'homme.
a) J'ai le droit de gagner ma vie. b) Le travail fait partie des droits fondamentaux. c) Vers un droit opposable au travail ?
- II) Le travail n'est qu'une obligation.
a) Le travail est maudit. b) Travailler c'est aliéner sa liberté. c) Le travail est la meilleure des polices.
.../...
«
A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils.
L'outil est une sorte deruse de la raison, qui se détourne provisoirement du but à atteindre, pour construire un moyen d'actionefficace : fabriquer un marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...
pour l'enfoncer plus facilement.
Marx arepris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animalfabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).
On dit souvent, dans le même sens, que l'homo sapiens estd'abord un homo faber.
«Le travail est de prime abord un actequi se passe entre l'homme et lanature.
L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'unepuissance naturelle.
Les forces dontson corps est doué, bras et jambes,tête et mains, il les met enmouvement, afin de s'assimiler desmatières en leur donnant une formeutile à sa vie.
En même temps qu'il agitpar ce mouvement sur la natureextérieure et la modifie, il modifie sapropre nature, et développe lesfacultés qui y sommeillent.
Nous nenous arrêterons pas à cet étatprimordial du travail, où il n'a pasencore dépouillé son mode purementinstinctif.
Notre point de départ c'estle travail sous une forme quiappartient exclusivement à l'homme.Une araignée fait des opérations quiressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'unarchitecte.
Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte del'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant dela construire dans sa ruche.
Le résultat auquel le travail aboutit, préexisteidéalement dans l'imagination du travailleur.
Ce n'est pas qu'il opèreseulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalisedu même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loison mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.
Et cettesubordination n'est pas momentanée.
L'oeuvre exige pendant toute sa durée,outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle nepeut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.
Ellel'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travailentraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeude ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moinsattrayant.
»
Marx , « Le Capital »,I, 3 ième section, chapitre 7.
Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travailpour l'humanité.
En produisant ses conditions de vie, l'homme se produit lui-même, il devient véritablement humain.
Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.
Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellules de l'abeilles sont parfaites) mais parla nature de l'activité elle-même.
Le travail est ne transformation consciente de la nature.Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.
Il en résultepremièrement que le produit du travail est l'extériorisation ou l'objectivation d'une intentionhumaine ; deuxièmement que c'est une intention qui impose au travailleur les gestes à accompliret les techniques à utiliser.
L'existence d'un projet contraint le travailleur.
Il n'agit pas au hasard maispour réaliser ce qu'il a dans la tête.
Ses forces intellectuelles et corporellesne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.
C'est ence sens que le travail n'est pas « attrayant ».
Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort dela volonté.
J'ai le droit de «gagner ma vie».
»
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